Critique : La vie invisible d’Eurídice Gusmão

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La vie invisible d’Eurídice Gusmão

Brésil : 2019
Titre original :  A Vida Invisível de Eurídice Gusmão
Réalisation : Karim Aïnouz
Scénario : Murilo Hauser, Inés Bortagaray, Karim Aïnouz, d’après le roman « Les mille talents d’Eurídice Gusmão » de Martha Batalha
Interprètes : Carol Duarte, Julia Stockler, Gregório Duvivier
Distribution : ARP Sélection
Durée : 2h19
Genre : Drame
Date de sortie : 11 décembre 2019

3/5

Descendant d’une famille algérienne, Karim Aïnouz, né en 1966, a d’abord suivi des études d’architecture à Brasilia avant de commencer à se former en cinéma à l’Université de New-York. Après avoir été, en 1991, l’assistant de Todd Haynes sur son film Poison, il a réalisé son premier court métrage en 1993. Ensuite, Karim Aïnouz a réalisé son premier long métrage, Madame Satã, en 2002, et, après qu’il ait alterné documentaires et films de fiction, son dernier film, La vie invisible d’Eurídice Gusmão, a fait partie de la sélection Un Certain Regard de Cannes 2019  et il y a obtenu le Grand Prix Un Certain Regard.

Synopsis : Rio de Janeiro, 1950. Euridice, 18 ans, et Guida, 20 ans, sont deux sœurs inséparables. Elles vivent chez leurs parents et rêvent, l’une d’une carrière de pianiste, l’autre du grand amour. A cause de leur père, les deux sœurs vont devoir construire leurs vies l’une sans l’autre. Séparées, elles prendront en main leur destin, sans jamais renoncer à se retrouver.

Deux sœurs à la fois séparées et proches

Adaptation du roman « Les mille talents d’Eurídice Gusmão » de l’auteure brésilienne Martha Batalha, La vie invisible d’Eurídice Gusmão nous raconte l’histoire de deux sœurs dans le Brésil des années 50. Euridice, la plus jeune, 18 ans au début du film, rêve d’intégrer le conservatoire de Vienne et de devenir une grande pianiste. Guida, 20 ans, n’a pas d’ambition artistique, elle veut avant tout quitter le giron familial, avec un père particulièrement machiste. Pour elle, un marin grec fera l’affaire ! Son voyage à Athènes avec ce marin va tourner au fiasco, cet homme se révélant être avant tout un « homme à femmes ». Revenant enceinte au Brésil et donc future fille-mère, Guida est obligée de constater que son père refuse de lui pardonner et n’accepte pas son retour dans la maison familiale. Pire, on fait croire à Guida que sa sœur a réalisé son rêve et qu’elle fait carrière à l’étranger. Par la faute de l’étroitesse d’esprit de leur père, voilà donc nos deux sœurs qui vivent dorénavant dans la même ville, Euridice persuadée que Guida coule des jours heureux en Grèce, Guida tout aussi persuadée que sa sœur vit à Vienne.

Un film féministe

Il est probable que vous ayez entendu parler des telenovelas,  ces feuilletons télévisés mélodramatiques très populaires en Amérique du Sud. Peut-être même en avez vous déjà vus ! Le Brésil en est très friand et, par certains côtés, le film brésilien La vie invisible d’Eurídice Gusmão n’en est pas très éloigné. Sauf que l’intrigue est concentrée sur 139 minutes et non sur 200 épisodes de 40 minutes chacun. Sauf que, loin d’avoir une vision machiste de la femme comme c’est souvent le cas dans les telenovelas, le film, au contraire, s’affirme résolument féministe. Certes, les deux sœurs s’avèrent fort différentes, Eurídice, tout en étant du côté de la raison, ne se résignant jamais face à un mari qui, sans arrêt, cherche à entraver ses projets alors que Guida est une femme de pulsion qui cherche avant tout à être libre. Invisibles, tel était le sort de la plupart des femmes dans les années 50 dans un pays comme le Brésil. Invisibles, tel est le sort de beaucoup trop de femmes, encore à notre époque, un peu partout dans le monde. C’est ce que Martha Batalha a cherché à montrer dans son roman, ce que Karim Aïnouz montre dans son film.

Premiers grands rôles

Film très long, La vie invisible d’Eurídice Gusmão n’est pas sans comporter certaines longueurs. On doit reconnaître toutefois que la dernière demi-heure s’avère particulièrement émouvante sans avoir besoin de verser dans le pathos. Pour Carol Duarte qui joue Eurídice comme pour Julia Stockler, l’interprète de Guida, ce film représente leur premier rôle dans un long métrage de cinéma, toutes deux n’étant apparues jusqu’à présent que dans des court-métrages ou des séries de télévision. Une des surprises du film réside dans la courte apparition d’une des plus grandes comédiennes du Brésil, Fernanda Montenegro, qui, à la fin du film, interprète le rôle d’Eurídice devenue très âgée.

Concernant la photographie de ce film, il serait injuste de ne pas lancer un petit cocorico : esthétiquement très réussi, ce film doit beaucoup à sa Directrice de la photographie, la française Hélène Louvart.

Conclusion

Abritant un certain nombre de longueurs, souffrant parfois d’une mise en scène un peu trop paresseuse, La vie invisible d’Eurídice Gusmão n’est sûrement pas un film parfait. C’est toutefois un film plein d’intérêt dans la mesure où il montre, dans un pays, le Brésil, le début du combat des femmes pour sortir de la condition dans laquelle elles étaient enfermées, pour sortir de leur invisibilité. L’autre intérêt du film est de montrer combien le comportement obtus de certains parents peut être à l’origine du malheur de leurs enfants.

1 COMMENTAIRE

  1. J’ai détesté la brutalité des rapports sexuels le mari envers Euridice , pas plus que le rôle de pute donné à Guida , à croire qu’elle ne sait rien faire d’autre que l’amour . Le rôle du père est à faire vomir mais on sait que cela existe même aujourd’hui comme la soumission de la mère qui ne peut aider sa fille.Je suis partie du cinemé au moment où il y avait une scène de sexe (fellation) dans les toilettes du club de danse .Pourquoi avoir rajouté à la naissance du bébé non reconnu la couleur noire alors que le père Grec était blanc ? Je ne vois pas pourquoi ce film a eu un prix « un certain regard « , il nous renvoie à des années rétrogrades 70 ans en arrière et ne m’a rien apporté sinon du négatif sur la mentalité machiste,pourrie des hommes envers les femmes!

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