Test DVD : Ricordi?

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Ricordi?


Italie : 2018
Titre original : –
Réalisation : Valerio Mieli
Scénario : Valerio Mieli
Interprètes : Luca Marinelli, Linda Caridi, Giovanni Anzaldo
Editeur : Le Pacte
Durée : 1h46
Genre : Drame, romance
Date de sortie cinéma : 31 juillet 2019
Date de sortie DVD : 12 novembre 2019

Ils se sont rencontrés à une fête et se sont aimés tout de suite. C’est une belle et grande histoire d’amour, racontée à travers les souvenirs du jeune couple – des souvenirs altérés par le temps, leurs états d’âme, leurs différents points de vue. Des souvenirs qui finiront par influer sur leur relation…

Le film

[4/5]

Beaucoup d’histoires racontées au cinéma peuvent se résumer en 3 mots. C’est ainsi que lorsque Truffaut a demandé à Hitchcock quel était pour lui le scénario parfait, ce dernier lui répondit que, chaque nuit, il rêvait à des scénarios formidables dont il n’avait aucun souvenir à son réveil et que, le matin qui suivit la nuit où, enfin, il réussit à interrompre brièvement son sommeil pour coucher sur le papier l’histoire à laquelle il venait de rêver, il trouva ces 3 mots « Boy meets girl ».  Autant dire que nombreux sont les films qui entrent dans le cadre de ce scénario formidable, les films qu’on pourrait résumer avec ces 3 mots, « Boy meets girl » ou, tout aussi bien, avec « Girl meets boy ». Ricordi? fait partie de ces films.

Ricordi? raconte l’histoire d’un couple, d’une jeune fille et d’un jeune homme qui se sont rencontrés au cours d’une fête alors qu’ils étaient étudiants et dont nous, spectateurs, ne connaîtrons jamais les prénoms : ils se les chuchotent à l’oreille au début du film mais on ne les entend pas. Une histoire de coup de foudre et de lente désintégration du couple, déjà vue des centaines de fois pensez vous  !?  Sauf qu’ici, cette histoire est racontée, ainsi que ce qui la précédait dans la vie de chacun, au travers des souvenirs qu’en ont cette jeune femme et ce jeune homme. Une jeune femme et un jeune homme très différents l’un de l’autre : « elle » est lumineuse, joyeuse souriante et, face à une question posée à brûle pourpoint, elle est incapable de trouver un mauvais souvenir dans sa mémoire ; « lui » est sombre, ténébreux, il n’a pas vraiment connu le bonheur dans sa jeunesse et  il n’est pas nécessaire d’attendre longtemps pour que son premier mauvais souvenir lui revienne en mémoire. Pour « lui », de toute façon, « les souvenirs mentent, ils rendent belles des choses qui ne l’étaient pas, autrement la vie serait insoutenable », alors que, pour « elle », « les souvenirs n’embellissent pas les choses, elles étaient déjà belles mais on ne le comprend qu’avec le recul parce qu’avant, on n’y prêtait pas attention ». Dès les premières images du film, nous sommes fixés : des images floues, comme peuvent l’être les souvenirs, suivies de ce que la mémoire de l’un et de l’autre a gardé de la fête où ils se sont rencontrés, des images cafardeuses, d’un bleu sombre, pour lui, des images joyeuses, très colorées, dans le rouge et dans le jaune, pour elle. Des jeux de lumière et de couleur qu’on va retrouver tout au long de la vie du couple.

Il y aura bientôt 8 ans, l’écrivain et réalisateur Valerio Mieli avait déjà narré l’histoire d’un couple dans son premier long métrage, Dix hivers à Venise, un film dans lequel il racontait comment un amour peut se construire sur plusieurs années, par une succession de rencontres, d’attirances et de rejets. Un film inégal dont l’intérêt principal résidait dans la prestation des deux interprètes principaux, Isabella Ragonese et Michele Riondino. Ricordi?, film beaucoup plus ambitieux par sa forme, marque cette fois ci l’émergence d’un excellent réalisateur dans le cinéma européen. Il faut en effet beaucoup de talent pour ne pas perdre le spectateur dans les perpétuels sauts d’une époque à l’autre ainsi que dans les jeux de couleur et de lumière qui accompagnent les états d’âme des protagonistes. Des couleurs et des lumières qui deviennent progressivement plus vives pour « lui » et plus sombres pour « elle ». Car Ricordi? n’est pas seulement un film sur l’importance des souvenirs dans notre existence mais c’est aussi un film sur la façon dont les humeurs des deux protagonistes d’un couple peuvent déteindre de l’un.e vers l’autre au fil du temps. « Lui » qui avait dit au début de leur relation : « arrêtons avant que la poésie ne tombe en lambeaux, comme ça il ne restera que le merveilleux », dirait-il la même chose au début d’une nouvelle relation ? « Elle » n’aurait-elle pas très vite à la bouche un premier mauvais souvenir ?

Si le talent de son réalisateur est à coup sûr pour beaucoup dans la réussite de Ricordi?, il ne faut pas oublier que le cinéma est un travail d’équipe et il serait donc injuste de ne pas parler de Daria D’Antonio, le directeur de la photographie, à qui l’on doit des images très poétiques tout en étant très travaillées, et de Desideria Rayner dont le travail au montage s’avère d’une grande virtuosité tout en étant parfaitement lisible. Quant aux interprètes de « lui » et de « elle », ils recevront les mêmes louanges que les deux interprètes du couple de Dix hivers à Venise : Luca Marinelli, l’étoile montante du cinéma italien qu’on vient d’admirer dans Martin Eden, est superbe dans le rôle de « Lui » et Linda Caridi, déjà remarquée dans Lea il y a 3 ans, est exceptionnelle dans le rôle de « Elle ». De là à affirmer que Valerio Mieli est un grand directeur d’acteurs, et, surtout, d’actrices, il n’y a qu’un pas que nous n’hésiterons pas à franchir.

Le DVD

[4/5]

La note d’un DVD se faisant sur 2 critères, nous nous devons de préciser que cette bonne note est surtout dûe aux qualités techniques de ce DVD. En effet, l’importance des lumières et des couleurs était telle dans ce film qu’il ne fallait surtout pas se louper dans le processus de transfert sur le support DVD. Il faut féliciter Le Pacte pour le résultat obtenu : on retrouve bien les nuances de bleu suivant l’humeur du personnage masculin et les nuances de rouge et de jaune concernant le personnage féminin, tout comme la chaleur ou la froideur qu’elles nous font ressentir. Seule la VO sous-titrée en français est disponible, que ce soit en 5.1 ou en 2.0.

Si l’on met de côté une anecdotique galerie de projets d’affiche et la bande annonce du film, le DVD ne nous apporte qu’un seul supplément digne d’intérêt : un making-of de 8 minutes au cours duquel s’expriment le réalisateur et les deux interprètes principaux. On regrette un peu que ces 8 minutes n’aient pas été prolongées par une explication donnée par Daria D’Antonio, le Directeur de la photographie, sur son travail sur les couleurs et sur la lumière.

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