Test Blu-ray : Les deux sirènes

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Les deux sirènes

 
États-Unis : 1990
Titre original : Mermaids
Réalisation : Richard Benjamin
Scénario : June Roberts
Acteurs : Joe Spinell, Caroline Munro, Abigail Clayton
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h50
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 15 mai 1991
Date de sortie DVD/BR : 5 novembre 2019

 

1963. Rachel Flax, mère célibataire, élève seule ses deux filles, Charlotte et Kate. Libre et fantasque, refusant toute forme de routine, elle n’hésite pas à déménager régulièrement, en fonction de ses humeurs. La famille vient de s’installer dans le Massachusetts. Alors que sa jeune sœur est une passionnée de natation, Charlotte, 15 ans, se découvre une vocation religieuse, à la grande surprise de sa mère…

 


 

Le film

[4,5/5]

Une petite ville typiquement américaine quelque part au fin-fonds du Massachusetts, dans l’insouciance colorée des années 60 : Les deux sirènes s’offre le cadre idéal pour une comédie de mœurs gentiment décalée et pour esquisser le portrait subtil d’une femme libre, Mrs Flax, et de ses deux filles, aussi fantasques, complexes et libres que leur mère. Deux jeunes filles qui, malgré leur jeune âge – Charlotte, 15 ans et Kate, 9 ans – savent définitivement ce qu’elles veulent et ne semblent jamais dévier de leur objectif. Leur mère Rachel quant à elle, est d’avantage dans le flou quant à son existence, mais en femme libérée, elle a surtout une idée de ce qu’elle ne veut pas. Elle est persuadée d’aller de l’avant (« move on »), mais au moindre problème qu’elle rencontre, elle prend ses filles, ses clics et ses clacs et déménage (« move out »). Un vrai vent de liberté et de nostalgie souffle sur Les deux sirènes qui, sous couvert de tranche de vie familiale, nous offre un des récits de « coming of age » les plus authentiques et les plus bouleversants qui soient.

Sorti sur les écrans français en 1991, le film de Richard Benjamin avait déjà su, malgré ses nombreux problèmes de production (plusieurs cinéastes ainsi que la première actrice choisie pour incarner Charlotte ont abandonné le film en cours de route suite à des différends artistiques avec Cher, l’actrice principale), trouver le chemin de nos cœurs de guimauve. Peut-être bien sûr que les ados ou jeunes adultes de l’époque étaient secrètement amoureux de Winona Ryder, que l’on venait alors de découvrir dans les chefs d’œuvre de Tim Burton Beetlejuice et Edward aux mains d’argent. Peut-être les spectateurs plus âgés avaient-ils été touchés par l’évocation délicieusement rétro des années 60 telles qu’elles sont présentées dans le film, c’est-à-dire à la fois modernes et chaleureuses : une époque où il faisait bon vivre.

 

 

Et si tout simplement tout le monde était tombé sous le charme de ce film d’une simplicité et d’une authenticité désarmante, nous proposant le portrait de ces « vrais » gens se démenant avec les embuches de la vie et/ou les turpitudes de l’adolescence ? Qui n’a pas par exemple reconnu quelques-uns de ses proches dans ses personnages pleins de vie campés par Cher, Winona Ryder, mais également par la toute petite Christina Ricci ou par un Bob Hoskins plus impérial que jamais en homme simple menant une existence simple ? Le fait est qu’à travers le déroulement de son récit, raconté par une jeune fille de quinze ans observant le monde avec un regard encore relativement ingénu, Les deux sirènes développe une série de vérités universelles sur la manière dont les gens, de tous les âges et de tous les pays, recherchent le bonheur.

Double dose de nostalgie donc au programme des Deux sirènes, car à l’inverse de nombreux films tournés dans les années 90, le film de Richard Benjamin s’avère toujours aussi efficace presque trente ans plus tard : la force de la simplicité me direz-vous. Certes. Mais une simplicité alliée à un ton et à un sujet quasi-universels, à un savoir-faire indéniable quand il s’agit de doser le pathos et le recours au mélo, et surtout à une interprétation vraiment extraordinaire. Ce qui n’est pas si fréquent, même si l’exploit se réitérera quelques années plus tard avec le très beau Blessures secrètes (Michael Caton-Jones, 1993), qui pourra être vu comme le pendant « masculin » du film de Richard Benjamin. On notera par ailleurs que Patty Dann, auteure du roman Mermaids en 1986 (traduit en France en 1992 sous le titre « Les deux sirènes »), a signé en 2013 une suite aux aventures des femmes de la famille Flax, intitulée Starfish. On y voit forcément là une belle occasion de réunir à l’écran Cher, Winona Ryder et Christina Ricci : touchons du bois pour qu’un producteur ait la même idée que nous !

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc Rimini Éditions qui vient d’avoir l’excellente idée de sortir Les deux sirènes en Blu-ray. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat comble toutes nos attentes, surtout en comparaison avec le DVD édité par MGM en 2001 : le master est globalement assez propre (malgré les inévitables petites poussières et autres points blancs qui apparaissent de temps en temps), nous propose une belle stabilité, préserve la patine argentique et la granulation d’origine du film, et s’avère de plus encodé en 1080p. En deux mots, l’image est très belle et satisfaisante, le piqué d’une belle précision, et les couleurs sont fidèles à la photo du film signée Howard Atherton – c’est du très beau travail. Côté son, VO et VF d’époque nous sont offertes dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0, pas forcément très impressionnants d’un point de vue technique (vous l’aurez compris, le film n’invite de toute façon pas à la démonstration ostentatoire en termes de spectacle sonore), mais aux voix claires et intelligibles et respectant parfaitement le rendu acoustique d’origine.

Rayon bonus, on trouvera donc non seulement la traditionnelle bande-annonce, mais également et surtout une passionnante présentation du film par Olivier Cachin (17 minutes). Bien connu des amateurs de musique et de cinéma (il est notamment un des grands défenseurs du rap en France), le journaliste reviendra en détail sur les multiples problèmes de production du film de Richard Benjamin, ainsi que sur la carrière de Cher, sa réflexion étant largement articulée autour de son « refus de vieillir ».

 

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