Il vous suffira de participer à un festival dédié au cinéma fantastique pour vous en convaincre : cinéma d’horreur et musique métal sont étroitement liés. Si on n’en fait pas une généralité, force est de constater que l’on croise davantage de métalleux arborant fièrement tatouages, barbes, poils et T-Shirts bariolés dans les allées du SXSW, du PIFFF, du NIFFF, du FEFFS ou du BIFFF (du-du-du BIFFF) que dans les allées du salon du mariage, de l’agriculture ou du camping-car. CQFD. D’ailleurs, les passerelles entre le rock énervé et le cinéma de genre sont littéralement innombrables : le Septième Art a, au fil des années, suivi de très nombreux groupes de hard ou de métal (Metallica : Some kind of monster, Lemmy, Anvil…), de grands noms du heavy metal apparaissent occasionnellement dans des films (Ozzy Osbourne, Lemmy Kilmister, Alice Cooper, Gene Simmons…), et des groupes métal divers et variés signent régulièrement les bandes originales de films d’horreur…
Enfin, il est impossible d’ignorer les groupes ou personnalités de la musique métal qui ont tenté de percer via le cinéma d’horreur : on pense à Kiss avec Kiss contre les fantômes (1978), à Dee Snider (Twisted sister) avec Strangeland (1998), à Cradle of filth avec Cradle of fear (2001), à Lordi avec Dark floors (2008) ou Monsterman (2014). Et bien sûr, il y a ceux qui – mais ils sont plus rares – ont décidé d’aborder le cinéma par sa facette la plus créative, par le biais de la production (Slash des Guns n’ roses pour Nothing left to fear – aka Les portes de l’enfer : La légende de Stull – en 2013) ou de la réalisation : on pense à Shawn Crahan de Slipknot (Officer Downe en 2017) et bien sûr à l’excellent Rob Zombie, réalisateur de huit longs-métrages depuis 2003 – le dernier en date étant 3 from hell (2019).
Groupe incontournable de la scène rock, Metallica ne s’est encore jamais essayé au cinéma d’horreur. Pourtant, le guitariste historique du groupe, Kirk Hammett, 57 ans, a toujours été un grand fan de cinéma fantastique, au point de posséder plusieurs guitares à l’effigie de Boris Karloff ou Bela Lugosi (La momie, Dracula ou La fiancée de Frankenstein…). Il s’est régulièrement exprimé sur sa passion au fil des années, s’avère un grand collectionneur d’objets liés à l’horreur vintage, dont les pièces ont été exposées dans le monde entier, et a même son propre Festival, le Kirk Von Hammett’s Fear FestEvil. Récemment interviewé par nos confrères de Louder Sound, Kirk Hammett a accepté de dresser un « Top 10 » des films d’horreur à (re)découvrir à l’occasion d’Halloween.
Repulsion (Roman Polanski, 1965)
« C’est un film que tous les fans d’horreur devraient voir, parce que s’il est souvent oublié et que l’on n’en parle pas beaucoup, il reste effrayant. (…) La tension sourde ne faiblit jamais de toute la durée du film, vous êtes plongé dans l’esprit de cette femme qui est complètement cinglée. »
L’antre de la folie (John Carpenter, 1994)
« C’est un film que j’adore, un film incroyable basé sur une vision très Lovecraftienne de l’horreur. (…) Le final du film est complètement fou, prenant place dans un manoir – je suis un dingue des maisons hantées, des manoirs sombres, des châteaux menaçants remplis de créatures fantasmagoriques… J’adore tout ça ! »
Le fantôme de Milburn (John Irvin, 1981)
« Je ne crois pas aux fantômes, mais je crois aux histoires de fantômes ! C’est un très bon film, basé sur un livre de Peter Straub, un de mes auteurs d’horreur préférés. Le livre est l’un des plus effrayants qu’il m’ait été donné de lire, au coude à coude avec Shining – L’enfant lumière de Stephen King. Le film est bon – avec Fred Astaire, pas moins ! – mais j’attends toujours que quelqu’un en réalise une adaptation fidèle. Il y a cette scène qui met en scène une vieille Ford T… Sans trop en révéler, c’est une des meilleures scènes du film ! »
Sans un bruit (John Krasinski, 2018)
« Un très bon film d’horreur, très original. (…) Ce film décrit un monde où il est dangereux de communiquer, d’émettre des sons. Honnêtement, c’est un super film. Ces créatures viennent chasser tout ce qui fait le moindre bruit, alors si vous murmurez, rotez ou quoi que ce soit, ces monstres volants vous tomberont dessus pour vous bouffer ! Vous devez le voir ! »
Tusk (Kevin Smith, 2014)
« En parlant de personnages bizarres, voici un autre très bon film que j’ai vu récemment et qui me reste dans la tête : un film de Kevin Smith sur un mec obsédé par les morses, qui transforme un autre mec en morse ! Hahaha ! Et vous savez, plus c’est incroyable, plus j’adore ce genre de choses. Tusk est un film fou que tout le monde devrait voir. »
The witch (Robert Eggers, 2015)
« Il s’agit pour moi de l’un des films d’horreur les plus importants depuis longtemps, car il nous donne à voir exactement ce que je veux voir dans un film d’horreur. Le film développe un constant sentiment d’appréhension, on ne peut jamais prédire ce qui va suivre. C’est sombre, la bande-son est vraiment géniale et beaucoup de dialogues viennent des véritables procès de sorcières de cette période. J’aime ce genre de choses, qui donnent l’impression que c’est encore plus vrai. J’aime aussi quand on trouve des personnages décalés dans les films d’horreur, et la chèvre nommée Black Phillip est, je pense, un des meilleurs personnages du cinéma d’horreur – j’adore ça, c’est une idée géniale et originale. »
Le rituel (David Bruckner, 2017)
« Un des meilleurs films d’horreur que j’ai vu cette année était sur Netflix. (…) Le rituel suit un groupe de gars qui partent en excursion dans les bois : super point de départ pour quelque-chose de terrifiant, et bien sûr, il va se passer quelque-chose de terrifiant ! Alerte [SPOILER] : il y a une créature dans le film qui est vraiment cool, et très originale dans la façon dont elle agit, se déplace, et surtout dans la manière dont elle nous est présentée. »
The evil within (Andrew Getty, 2017)
« Celui-ci est vraiment bizarre : c’est un récit surréaliste qui implique des rêves et des dimensions parallèles… Tellement barge ! Un des meilleurs films que j’ai vu cette année. Ca suit un gamin qui entre en contact avec un esprit maléfique, et qui entretient une étrange relation avec lui : il devra faire des choses pour profiter de ce que cet esprit a à lui offrir… »
Re-animator (Stuart Gordon, 1985)
« Je dois dire celui-ci est un de mes films préférés de tous les temps : je pense que tout le monde devrait le voir. Je le conseille à tous mes amis. Si on me demande la définition d’un bon film d’horreur : voilà la quintessence du bon film d’horreur. Je l’adore. J’ai hâte que mes enfants soient assez grands pour que je puisse le leur montrer… Je compte les jours, en fait. C’est horrible, c’est drôle, c’est H.P. Lovecraft… Vous ne pouvez pas vous tromper avec Re-animator. Je l’ai vu à sa sortie au cinéma, et tout le monde dans la salle réagissait : piaillements, cris, éclats de rire… C’est tout simplement le meilleur. »
The love witch (Anna Biller, 2016)
« Un film quasi-inconnu, qui s’avère une espèce de mélange d’horreur et de comédie potache. Ce film rappelle les films de la Hammer – il ressemble à un film de la Hammer, a toutes les vibrations d’un film de la Hammer, mais c’est plus psychologique qu’autre chose. Il y a cette fille, une sorcière, qui pense agir par amour, mais en fait, c’est autre chose… »
Voilà qui devrait vous donner des idées pour Halloween ! En attendant, si vous souhaitez découvrir l’interview originale de Kirk Hammett sur Louder Sound, cliquez sur la bannière ci-dessous !