Test Blu-ray : Le silence est d’or

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Le silence est d’or

 
France : 1947
Titre original : –
Réalisation : René Clair
Scénario : René Clair
Acteurs : Maurice Chevalier, François Périer, Marcelle Derrien
Éditeur : Pathé
Durée : 1h39
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie cinéma : 21 mai 1947
Date de sortie DVD/BR : 23 octobre 2019

 

Émile donne des conseils a Jacques en matière de séduction. Jacques comprend si bien qu’il met vite ces leçons à profit en séduisant la femme d’Émile…

 


 

Le film

[4/5]

Avant d’aborder le film en lui-même, il convient d’évacuer d’entrée de jeu les éventuelles craintes que vous aurez pu ressentir à la lecture du synopsis : Le silence est d’or met en scène un triangle amoureux qui, chez un autre cinéaste que René Clair, aurait pu donner naissance au mélo le plus sirupeux qui soit. Rassurez-vous : craindre les excès dans le pathos ou la guimauve reviendrait à oublier la fantaisie naturelle du cinéaste français, qui nous propose ici une brillante relecture de « L’école des femmes » de Molière, transposée à l’époque des débuts du cinéma.

Ainsi, le talent – ou l’un des talents – de René Clair est de ne jamais perdre de vue, au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue, la véritable nature de son film : celle d’une comédie, conçue afin de divertir et surtout de faire rire le public. Alors bien sûr, le rire n’empêchera ni la poésie, ni une certaine mélancolie, mais la tonalité générale reste toujours du côté de la comédie, subtile et pleine de finesse.

Le récit est léger, enchaîne les gags et les dialogues amusants. La reconstitution des débuts du cinéma est également tout particulièrement réjouissante, et s’avère même un des gros points forts du film, dans le sens où elle apporte beaucoup de poésie aux décors, autant qu’un effet de mise en abyme souvent très intéressant. Porté par la prestation de Maurice Chevalier et d’à peu-près tout ce que le cinéma français de l’époque comptait de « gueules », Le silence est d’or s’impose donc sans peine comme un spectacle certes un peu désuet, mais réglé comme du papier à musique.

Pas si naïf qu’il n’y paraît, le film de René Clair évoque de plus un Paris encore innocent, n’ayant pas encore été touché par les guerres et l’occupation. Ainsi, la nostalgie que l’on sent dans le regard du personnage de Maurice Chevalier ne porte probablement pas « que » sur sa jeunesse et sur les débuts du cinéma… N’oublions pas qu’il s’agit là du premier film tourné par René Clair depuis son retour en France en 1946, et le fait pour le cinéaste de tourner son regard vers un passé synonyme de pureté et d’innocence dénote probablement d’une volonté de (re)construire un avenir meilleur…

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Le 23 octobre, quatre films de René Clair rejoindront la prestigieuse collection de digipacks cartonnés des « versions restaurées par Pathé », que le cinéphile pourra ranger aux côtés des Enfants du Paradis de Marcel Carné, de Paradis perdu d’Abel Gance ou encore de Showgirls de Paul Verhoeven : il s’agit de Paris qui dort / Entr’acte (1924), Le dernier milliardaire (1934) et Le silence est d’or (1947).

Le silence est d’or arrive donc sur support Blu-ray sous les couleurs de Pathé, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail technique a été soigné par l’éditeur : le film a en effet été restauré en 4K avec le soutien du CNC au laboratoire L’Immagine Ritrovata, depuis le négatif original 35mm. Le résultat est sans appel : cette édition nous offre un master littéralement sublime, au grain scrupuleusement respecté et aux contrastes d’enfer, renforçant encore l’impact visuel des plans composés par René Clair et son directeur photo Armand Thirard. La restauration a vraiment fait des merveilles : la définition est irréprochable, le piqué d’une précision étonnante, bref, c’est un superbe boulot. Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont clairs et les ambiances bien restituées, sans souffle ni aucun parasite d’aucune sorte.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir une très intéressante analyse du film intitulée « Un sacre en trompe-l’œil » (36 minutes) : les historiens du cinéma Dimitri Vezyroglou et Noël Herpe reviendront en détail sur le tournage du film et son contexte historique. On terminera ensuite avec un portrait de René Clair d’une durée de 13 minutes ainsi qu’avec un court sujet consacré au retour de Maurice Chevalier au cinéma (actualités Pathé d’époque).

 

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