Test Blu-ray : Le dernier milliardaire

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Le dernier milliardaire

 
France : 1935
Titre original : –
Réalisation : René Clair
Scénario : René Clair
Acteurs : Max Dearly, Sinoël, Paul Ollivier
Éditeur : Pathé
Durée : 1h32
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 2 février 1935
Date de sortie DVD/BR : 23 octobre 2019

 

Lorsque la petite principauté de Casinario, au bord de la faillite, reçoit la visite de Monsieur Banco, l’homme le plus riche du monde, elle voit en lui un sauveur providentiel et en fait son dictateur…

 


 

Le film

[3,5/5]

Sorti sur les écrans français en 1935, Le dernier milliardaire ne s’impose pas, à proprement parler, tout à fait comme une « réponse française » à La soupe au canard des Marx Brothers tourné l’année précédente : malgré des similitudes que le cinéphile ne pourra certainement pas manquer, les deux films jouent dans des cours un peu différentes, l’humour de René Clair étant finalement très éloigné de l’absurde hystérique, de la frénésie non-sensique du film des frères Marx. Cela dit, avec son intrigue se déroulant dans un royaume imaginaire complètement farfelu, Le dernier milliardaire permet tout de même à René Clair de laisser libre cours à toute sa fantaisie, tout en tirant à boulets rouges sur les dérives du système capitaliste et sur la notion « d’impérialisme » économique, qui serait largement discutée et remise en question durant la deuxième moitié du vingtième siècle. Le monde de la politique et de ses fantoches abrutis toujours prêts à s’incliner devant le pouvoir financier est croqué avec férocité, jusqu’à un final en forme de pirouette inattendue.

Alors, bien sûr, 85 ans nous séparent de sa conception, et on ne pourra pas forcément affirmer qu’il s’impose aujourd’hui comme toujours extrêmement efficace d’un point de vue strictement humoristique : l’humour et les mœurs évoluent vite, ce qui faisait rire nos parents et nos grands-parents n’est pas forcément ce qui vous fera vous esclaffer aujourd’hui ; d’ailleurs, il se pourrait bien que vous ayez honte aujourd’hui de ce qui vous faisait marrer hier – il y a dix ou vingt ans – alors imaginez, 85 balais… Beaucoup de gags apparaîtront aujourd’hui comme beaucoup trop désuets, voire même éculés ou vaguement ridicules, pour le spectateur contemporain, mais que l’on se rassure, c’est également le cas du film de Leo McCarey et des frères Marx… Néanmoins, Le dernier milliardaire demeure par certains aspects encore extrêmement moderne, de même qu’il développe, comme toujours avec René Clair, une poésie naïve tout à fait charmante. A découvrir donc !

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Le 23 octobre, quatre films de René Clair rejoindront la prestigieuse collection de digipacks cartonnés des « versions restaurées par Pathé », que le cinéphile pourra ranger aux côtés des Enfants du Paradis de Marcel Carné, de Paradis perdu d’Abel Gance ou encore de Showgirls de Paul Verhoeven : il s’agit de Paris qui dort / Entr’acte (1924), Le dernier milliardaire (1934) et Le silence est d’or (1947).

Le dernier milliardaire rejoint donc ce prestigieux catalogue dans une version restaurée 4K à partir du négatif original par Pathé et la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, avec le soutien du CNC, au laboratoire L’Immagine Ritrovata. Côté image, c’est donc du grand Art : la préservation maniaque du grain argentique ne gâche en rien une définition exemplaire, riche d’un niveau de détail souvent surprenant, même si, époque oblige, le tout manque certes un peu de piqué. Néanmoins, le gain en termes de confort de visionnage est indéniable : on n’a jamais vu Le dernier milliardaire dans ces conditions, le noir et blanc est aussi solide que superbe, bref, c’est du tout bon. Côté son, Pathé nous offre un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine qui se révèle clair et précis, sans le moindre souci.

Dans la section suppléments, on trouvera une assez passionnante analyse du film intitulée « Le dernier baroud » (35 minutes), au cœur de laquelle Dimitri Vezyroglou et Noël Herpe, historiens du cinéma, remettront le film dans son contexte de tournage et en analyseront la portée. On terminera ensuite avec un portrait de René Clair d’une durée de 13 minutes (actualités Pathé d’époque).

 

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