Berlinale 2020 : rétrospective King Vidor

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Halleluyah © 1929 Warner Bros. / Turner Entertainment Co. Tous droits réservés

On l’avait presque oublié, après huit éditions d’affilé de rétrospectives thématiques, mais le Festival de Berlin a une longue tradition d’hommages rendus à des légendes du cinéma. Pour sa 70ème édition, qui se déroulera du 20 février au 1er mars 2020 dans la capitale allemande, la Berlinale déroulera le tapis rouge nostalgique au réalisateur américain King Vidor. C’est ce que le directeur artistique du festival Carlo Chatrian et celui de la Deutschen Kinemathek Rainer Rother ont annoncé ce jour. La rétrospective comprendra environ trente-cinq films réalisés par Vidor, projetés pour la plupart dans les meilleures copies argentiques disponibles. Chez l’éditeur Bertz + Fischer Verlag paraîtra une monographie bilingue, en allemand et en anglais, composée de huit essais sur les thèmes centraux de la filmographie du réalisateur. Enfin, la Deutsche Kinemathek, l’équivalent germanique de la Cinémathèque Française, organisera de nombreux événements en parallèle du festival.

Le Grand passage © 1940 Turner Entertainment Co. Tous droits réservés

King Vidor (1894-1982) a souverainement traversé une majeure partie de l’Histoire du cinéma hollywoodien du siècle dernier. Après avoir tourné de nombreux courts-métrages muets pendant la première moitié des années 1920, il réussit son premier grand succès à la fois critique et commercial en 1925 grâce à La Grande parade avec John Gilbert, l’un des premiers films à traiter ouvertement des horreurs de la Première Guerre mondiale. Trois ans plus tard, il récidive avec le socialement engagé La Foule sur un couple anéanti par la vie dans une métropole moderne. Son premier film parlant, Halleluyah en 1929, est également l’une des premières productions d’un grand studio avec une distribution exclusivement afro-américaine. Après un autre monument du cinéma social, Notre pain quotidien, ressorti en France il y a deux ans chez Théâtre du Temple, Vidor continue de jongler entre des films aux sujets forts, comme Stella Dallas avec Barbara Stanwyck et une forme de cinéma plus spectaculaire, notamment avec Le Grand passage avec Spencer Tracy.

Duel au soleil © Carlotta Films / Les Acacias Tous droits réservés

Après la guerre, il se tourne vers la couleur avec le western mythique Duel au soleil et son triangle sulfureux composé de Jennifer Jones, Gregory Peck et Joseph Cotten. Bien qu’il continue de tourner avec les plus grandes vedettes de l’époque – Gary Cooper dans Le Rebelle, Bette Davis dans La Garce et sa réplique « What a dump ! » rendue immortelle grâce à la pièce de Edward Albee « Qui a peur de Virginia Woolf ? », Charlton Heston dans La Furie du désir, Kirk Douglas dans L’Homme qui n’a pas d’étoile, Audrey Hepburn dans l’adaptation épique de Guerre et paix de Léon Tolstoï et Yul Brynner dans le péplum Salomon et la reine de Saba – , ses films d’après-guerre rencontrent moins le succès. Par conséquent, il prend sa retraite à la fin des années ’50, enseignant ensuite à l’université de la Californie du Sud et acceptant même d’être le président du jury de la 12ème édition de la Berlinale, qui avait attribué son Ours d’or à Un amour pas comme les autres de John Schlesinger. Curieusement, il n’est fait mention nulle part de ce lien direct entre Vidor et le festival dans le communiqué annonçant la rétrospective !

Guerre et paix © Paramount Pictures Tous droits réservés

King Vidor a été nommé à cinq reprises à l’Oscar du Meilleur réalisateur entre 1929 et 1957, pour La Foule, Halleluyah, Le Champion, La Citadelle et Guerre et paix. Il a reçu un Oscar honorifique à la cérémonie de 1979 des mains de Audrey Hepburn. Plusieurs institutions étaient plus rapides en termes de prix honorifiques, comme ses confrères de la Directors Guild en 1957 et l’association des critiques de Los Angeles en 1977. Sur le vieux continent, il avait reçu un Lion d’or d’honneur au Festival de Venise en 1982, quelques mois seulement avant sa mort le jour de la Toussaint. La Cinémathèque Française avait déjà organisé une rétrospective de ses films entre les mois de janvier et de mars 2007. Enfin, Vidor n’est que le cinquième réalisateur à bénéficier depuis le début du siècle d’une rétrospective à Berlin, après Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau, Luis Buñuel et Ingmar Bergman.

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