The anniversary
Royaume-Uni : 1968
Titre original : –
Réalisation : Roy Ward Baker
Scénario : Jimmy Sangster
Acteurs : Bette Davis, Sheila Hancock, Jack Hedley
Éditeur : BQHL Éditions
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie DVD/BR : 9 septembre 2019
Veuve depuis dix ans, Mme Taggart règne sur sa famille tel un despote sur son peuple. Impossible pour ses trois fils d’échapper au rituel annuel de la célébration de son anniversaire de mariage avec un homme qu’elle haïssait pourtant. La mort dans l’âme, accompagnés par leur conjointe, Terry, Henry et Tom renouent avec leur mère, un sourire crispé au coin des lèvres. Et, à l’occasion de cette nouvelle commémoration, Mme Taggart se montre fidèle à elle-même, prête à tous les coups bas et stratagèmes tordus pour que ses descendants ne se soustraient pas à son implacable domination…
Le film
[3,5/5]
The anniversary marque les retrouvailles de la Hammer Films et de l’actrice Bette Davis, quelques années après Confession à un cadavre. Presque entièrement conçu autour de son personnage, le film de Roy Ward Baker permettait à l’actrice, alors âgée de 60 ans, de prêter ses traits à une mère pour le moins agressive et borderline – un personnage de harpie flamboyante dans la droite lignée de ceux qu’elle se plaisait à incarner dans les années 60.
« Mais pourquoi est-elle si méchante ? » Matriarche haute en couleurs, régnant d’une main de fer sur la vie de ses trois garçons et de ses belles-filles, qu’elle manipule, humilie et soumet selon son bon vouloir, Mrs Taggart est en effet l’attraction principale de The anniversary. Dans la peau de cette mégère non-apprivoisée, Bette Davis s’en donne littéralement à cœur joie, enchainant les vacheries et autres propos acerbes avec régularité. Bien avant Tatie Danielle (Étienne Chatiliez, 1990), Mrs Taggart s’impose comme la « méchante » par excellence, ses propos acérés et cruels faisant souvent mouche : de fait, le film de Roy Ward Baker tourne vite au jeu de massacre, au one-woman show cynique et réjouissant, d’autant que, libération des mœurs oblige, le scénario de Jimmy Sangster fait preuve d’une liberté de ton assez radicale (notamment concernant tout ce qui touche à la sexualité).
Mais The anniversary va indéniablement plus loin que son postulat de départ, en refusant de s’ancrer trop profondément dans la « simple » gaudriole. Comme dans d’autres films jonglant avec la méchanceté et l’humour très noir (C’est arrivé près de chez vous en étant l’exemple le plus frappant), il y a un moment où le rire se crispe un peu, et laisse place à un sentiment diffus de malaise. C’est également le cas avec The anniversary, la dernière bobine allant loin, très loin dans la noirceur et les sujets sensibles – même si le plan final atténue un peu la portée des paroles et des actes de Mrs Taggart, dans le sens où le film nous la montre bien telle qu’elle est : si odieuse et irresponsable soit-elle, elle reste avant tout une « enfant ».
Bien sûr, tout dans The anniversary n’est pas parfait pour autant : le film est l’adaptation d’une pièce de théâtre signée Bill MacIlwraith, et se déroule essentiellement en huis-clos. Malheureusement, Roy Ward Baker n’est pas Hitchcock et le rythme de son métrage s’en ressent un peu, multipliant les longueurs liées à la « théâtralité » de l’ensemble. Cela dit, The anniversary demeure une curiosité très intéressante, portée par la prestation incroyable de Bette Davis.
Le Blu-ray
[4/5]
Inédit en Haute Définition dans tous les autres pays du monde, The anniversary est, de façon assez inattendue, une exclusivité française : on salue donc bien bas BQHL Editions qui permet donc aujourd’hui aux cinéphiles du monde entier de voir et revoir le film de Roy Ward Baker. C’est d’autant plus appréciable que le Blu-ray proposé par l’éditeur nous permet de découvrir le long-métrage dans des conditions certes minimalistes, mais techniquement excellentes. Le master est en très bon état, le piqué, les couleurs et les contrastes retrouvent une nouvelle jeunesse, tout en respectant scrupuleusement le grain argentique d’origine. Certains plans sont plus doux que d’autres, on dénote toujours par ci par là un peu de bruit vidéo, mais l’ensemble est globalement très bien tenu et d’une stabilité remarquable : du beau travail. Côté son, le constat est également très bon, puisque le Blu-ray nous propose de découvrir le film en VO et mixé dans un Dolby Digital 2.0 mono parfaitement clair et propre. Pas de bonus.