De retour en salles au mois d’octobre 2019

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La Piscine © Avco / Unzéro Films Tous droits réservés

Pour les vrais fans de cinéma de répertoire, il n’y a qu’un seul rendez-vous qui compte au mois d’octobre : le Festival Lumière à Lyon, dont la onzième édition aura lieu cette année du 12 au 20 octobre. Pour tous les autres, ce mois automnal réserve tout de même un programme plutôt intéressant, même si une vingtaine de films repartis sur cinq mercredis vous laissent le temps d’aller voir autre chose, si tant est que, comme nous, vous courrez pathétiquement derrière l’ambition de tout regarder. Les morceaux de choix sont les deux rétrospectives dédiées à la réalisatrice soviétique Kira Mouratova et au maître de l’horreur efficace George A. Romero, tandis que celle, très partielle, consacrée au récemment disparu Jean-Pierre Mocky nous paraît davantage dispensable. Sinon, de manière plus ponctuelle, vous pourriez redécouvrir des comédiens de légende comme Simone Signoret, James Stewart, Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo et Buster Keaton au sommet de leur art, ainsi que des films globalement confidentiels de Luis Buñuel, André Téchiné, Philippe De Broca, Jacques Deray, Anthony Mann et Mikhaïl Kalatozov. Bref, c’est un mois placé sous le signe de la découverte, plus française et exotique que soumise à la monotonie hollywoodienne !

© Baba Yaga Films Tous droits réservés

Si le nom de Kira Mouratova (1934-2018) ne vous dit rien, ne vous inquiétez pas trop, puisque cette réalisatrice soviétique – née dans une région de Moldavie, qui faisait à l’époque partie de la Roumanie, et décédée en Ukraine en juin de l’année dernière – est mal connue en Europe de l’Ouest. Et même dans son pays d’origine, elle a visiblement dû se battre pour tourner des films à l’écart de la doctrine communiste, véhiculée par la propagande du cinéma officiel. A partir de mercredi prochain, vous aurez l’occasion de remédier à cet oubli collectif, grâce à cinq de ses films qui sortiront chez Baba Yaga Films en copies numériques restaurées : par ordre chronologique, Brèves rencontres, Les Longs adieux, Parmi les pierres grises, Changement de destinée et Le Syndrome asthénique – Ours d’argent au Festival de Berlin en 1990. Et si ce cycle partiel, comprenant des films réalisés entre 1967 et ’89, vous a donné envie d’en savoir plus sur le travail de la réalisatrice, la Cinémathèque Française à Paris organise en parallèle, depuis le 25 septembre et encore jusqu’au 20 octobre, une rétrospective plus complète de quinze longs-métrages en tout.

© Solaris Distribution Tous droits réservés

Si le nom de George A. Romero (1940-2017) ne vous dit pas non plus grand-chose, vous feriez par contre mieux de réviser de toute urgence votre culture cinématographique ! Même si vous n’êtes pas des adeptes inconditionnels du cinéma d’horreur, il nous paraît inconcevable de passer à côté du travail d’un maître du genre, qui a su l’élever au niveau du commentaire social cinglant. Certes, le réalisateur avait tendance à se répéter au fil des ans avec ses épopées de zombies sanguinaires. Mais les trois films qui ressortiront chez Solaris Distribution vers la fin du mois, le 23 octobre, comptent parmi ses œuvres les plus réussies. Aucune excuse donc, de ne pas se laisser effrayer d’une façon sublimement divertissante par la trilogie magistrale qui va de La Nuit des morts-vivants – le film par lequel tout, à la fois la carrière de Romero et l’essor économique du cinéma indépendant américain, avait commencé en 1968 – jusqu’à Le Jour des morts-vivants, sorti près de vingt ans plus tard, en passant par l’un des meilleurs films de zombies qui soient, Zombie Le Crépuscule des morts-vivants !

Les Chemins de la haute ville © Les Films du Camélia Tous droits réservés

Faute de savoir comment regrouper les autres films bénéficiant d’une cure de jouvence ce mois-ci, nous avons opté pour un critère aussi arbitraire que les films aux héros soit féminins, soit masculins. Priorité aux dames avec une double actualité qui a tout d’une coïncidence pour l’actrice française mythique Simone Signoret, à l’affiche dès demain dans La Mort en ce jardin, distribué par Théâtre du Temple, puis deux semaines plus tard dans le film qui lui avait valu l’Oscar de la Meilleure actrice en 1960, Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton chez Les Films du Camélia. Deux actrices françaises qui n’ont jamais vraiment su s’imposer outre-Atlantique, Jeanne Moreau et Marie-France Pisier, auront l’exclusivité, côté reprises en salles, le 9 octobre, grâce à la programmation pointue de Carlotta Films et Souvenirs d’en France, le deuxième long-métrage de André Téchiné, six ans après l’encore plus obscur Paulina s’en va. Enfin, que dire de Romy Schneider, la seule et l’unique, que l’on aura le plaisir de retrouver dans l’un de ses rôles les plus emblématiques dans La Piscine de Jacques Deray aux côtés de Alain Delon, dès le 23 octobre, pratiquement en même temps que le public privilégié du Festival Lumière.

© Mary X Distribution Tous droits réservés

L’aspect le plus saisissant des trois comédiens à l’honneur en octobre est qu’ils ne sont guère des symboles indiscutables d’une virilité excessive. Pour commencer, l’Américain James Stewart avait beau incarner des personnages plus ténébreux que chez Frank Capra, lorsqu’il partait tourner des westerns avec le réalisateur Anthony Mann dans les années 1950, dont deux ressortiront à partir du 30 octobre, Winchester ’73 et Je suis un aventurier, il n’en demeure pas moins un homme en proie au doute, comme le démontrent sa posture et sa façon si singulière de parler. L’une des dernières légendes vivantes du cinéma français, Jean-Paul Belmondo, s’était également fait connaître par son charme espiègle et par ses acrobaties rocambolesques, à l’œuvre de la façon la plus ingénieuse possible dans Cartouche de Philippe De Broca, de retour en salles le 23 octobre. Enfin, il existe un lien ténu de filiation filmique entre Bébel et Buster Keaton, le génie de la comédie burlesque, dont le troisième film à ressortir cette année, après Les Lois de l’hospitalité en mai et La Croisière du Navigator en août, sera Le Dernier round et ses quiproquos sportifs à l’humour impayable, dès le 30 octobre également.

Quand passent les cigognes © Potemkine Distribution Tous droits réservés

Dans la rubrique fourre-tout, il nous reste ce mois-ci des genres pas si souvent représentés parmi les reprises, à savoir le film d’animation à travers Gwen et le livre de sable de Jean-François Laguionie qui sera accompagné d’un programme de sept courts-métrages du réalisateur, couvrant la période de 1964 à 1978, le 2 octobre, ainsi que le documentaire Le Temps du ghetto de Frédéric Rossif deux semaines plus tard, sur le ghetto juif de Varsovie et les horreurs qui y ont été commises par l’armée allemande. Nous avons déjà évoqué plus haut la mini-rétrospective de Jean-Pierre Mocky, qui ne consiste en fait qu’en trois films de l’année 2013 – pourquoi cette année-là, pourquoi seulement ces films-là ? Mystère ! – qui n’ont pas vraiment marqué la filmographie du trublion du cinéma français : Le Mentor, Le Renard jaune et Dors mon lapin. Et pour finir sur une note plus exotique, l’Australie dans ce qu’elle a de plus sauvagement jouissive sera à l’honneur dès le premier mercredi du mois avec Long week-end de Colin Eggleston, tout comme la Russie lors du dernier, qui nous donnera l’occasion d’admirer à nouveau sur grand écran la Palme d’or du Festival de Cannes en 1958, Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov.

Le Dernier round © Splendor Films Tous droits réservés

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