Test Blu-ray 4K Ultra HD : Christine – Édition « Ultra Collector »

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Christine

 
 
États-Unis : 1983
Titre original : –
Réalisation : John Carpenter
Scénario : Bill Phillips
Acteurs : Keith Gordon, John Stockwell, Alexandra Paul
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h50
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 25 janvier 1984
Date de sortie DVD/BR : 18 septembre 2019

 

Arnie est un adolescent timide et complexée. Un jour, il fait la rencontre de Christine, une Plymouth Fury de 1958 en piteux état, et décide de l’acheter. Lorsque la voiture retrouve une seconde jeunesse, le comportement d’Arnie se met à changer. Désormais sûr de lui, en couple avec la plus belle fille du lycée, il reste néanmoins obsédé par Christine. Quiconque osera se mettre en travers de leur chemin devra en payer le prix fort…

 


 

Le film

[5/5]

Tourné en pleine période faste pour John Carpenter, en plein milieu de la période 1978-1988 au cœur de laquelle il ne tournerait quasiment QUE des chefs d’œuvre que ses admirateurs pourront se repasser sans lassitude tant que le cinéma existera, Christine fait cependant figure, pour certains, de vilain petit canard. Peut-être cette méfiance est-elle liée au fait qu’il s’agisse ici non pas d’un scénario « original » mais d’une adaptation du maestro de l’horreur littéraire Stephen King ? Peut-être tout bêtement aussi parce qu’il s’agissait d’un film de commande de la part de la Columbia ? Et pourtant… Si Christine ne vaut certes pas les monuments de l’horreur que sont Halloween ou The thing, cette excellente et fidèle adaptation de King n’en demeure pas moins un sacré classique du cinéma fantastique, transcendant quasiment le roman d’origine et s’imposant comme un pur et bel objet cinématographique, intense, vénéneux, généreux et trouble.

Commençant à la façon de nombreux teen movies de l’époque (American college, Porky’s, Ça chauffe au lycée Ridgemont…), reprenant les codes et la vulgarité intrinsèque du genre, Christine joue dans ses premières minutes la carte de l’évocation salace, de la masculinité décomplexée, menée par le très à l’aise Dennis (John Stockwell), et son protégé / ami d’enfance Arnie (Keith Gordon). Mais au bout de quelques instants seulement, avec la découverte de la fameuse Plymouth Fury 1958, le personnage de George LeBay (incarné par un épatant Roberts Blossom) viendra corrompre et pervertir l’ambiance jusque là décontractée du film, notamment par la fameuse réplique – empruntée à King « That’s just about the finest smell in the world… Except maybe for pussy ». Les obsessions sexuelles délivrées dans la bonne humeur durant le premier acte du film prendront dés lors des atours malsains, teintés de frustrations, de refoulement et de douleur, qui s’exprimeront chez Arnie à travers une passion violente et destructrice.

Les tourments du personnage principal, John Carpenter les traduit à l’écran par une mise en scène tendue, enchaînant les scènes de plus en plus dures de conflits, de brimades et d’humiliations entre Arnie et sa famille / Arnie et le reste du monde – on peut d’ailleurs affirmer sans trop de risques, 35 ans après la sortie du film, que Keith Gordon tenait là le rôle de sa vie. Parallèlement bien sûr, le personnage développe une fascination de plus en plus malsaine pour Christine, la fameuse voiture du titre, et le spectateur d’assister à la transformation d’Arnie en LeBay, bien réelle dans le film même si elle se fait de façon beaucoup moins explicite que dans le roman.

 

 

Christine est d’ailleurs fidèle au roman de King jusqu’à son dernier acte, moment charnière où les deux récits prennent des directions un peu différentes. Non content de proposer une nouvelle variation sur la notion de « mal » absolu, omniprésente au cœur de sa carrière de cinéaste, John Carpenter choisissait d’emmener le film jusqu’au bout de la logique entamée dans son introduction : alors que dans la première séquence les mettant en scène, Dennis incitait Arnie à perdre son pucelage au cours de cette année scolaire, Carpenter les exaucera symboliquement, avec la scène de destruction de Christine, qui s’affiche ouvertement comme une scène charnelle, avec les dents de la chargeuse de chantier pénétrant la carrosserie de la voiture à de nombreuses reprises. Ce fétichisme autour de la voiture et sa représentation « féminine » était d’ailleurs déjà présent dans de nombreuses scènes avant ce point culminant : astucieux et connaissant sur le bout des doigts les codes du cinéma, Big John Carpenter filmait par exemple la première scène d’auto-réparation de Christine – une des plus belles et mémorables scènes du film – sur le fameux titre « Harlem Nocturne » interprété par The Viscounts, morceau jazzy et voluptueux qui a servi de générique à la série Mike Hammer mais également à nombre de scènes de séduction ou de strip-tease au fil des années…

Absente du roman original, cette symbolique sexuelle autour de la voiture est créée de toute pièce par John Carpenter, qui crée ici un point de convergence entre l’univers de Stephen King et celui de J.G. Ballard, l’auteur-culte du roman Crash. Mais il ne s’agit là qu’une des multiples raisons qui font de Christine un petit classique. On notera par ailleurs que les effets spéciaux du film ont intégralement été réalisés sur le plateau par les équipes de Roy Arbogast, et que par conséquent – à l’image des effets réalisés par Rob Bottin sur The thing – ils n’ont, presque quarante ans après, pas pris la moindre ride. Tout comme le film d’ailleurs, qui reste malgré les années qui passent un époustouflant petit chef d’œuvre, toujours aussi hypnotique et fascinant. Avec qui plus est une VF absolument mythique, si comme beaucoup de quarantenaires vous l’avez découvert enfant et en version française.

 

 

Le Coffret Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + DVD + Livre

[5/5]

Treizième film à intégrer les rangs des prestigieuses « Éditions ULTRA COLLECTOR » de Carlotta Films, Christine crée l’événement : il s’agit du tout premier titre de la collection (initiée en 2015 avec Body double) à disposer d’un Blu-ray 4K Ultra HD – issu d’une nouvelle restauration 4K – en plus du Blu-ray et du DVD. Le film de John Carpenter arrivera donc d’ici quelques jours dans votre salon dans ses plus beaux atours : ceux d’une édition limitée, numérotée à 3 000 exemplaires, dont le visuel a été créé exclusivement pour cette édition par le talentueux Germain Mainger.

On ne pourra donc que s’incliner devant la classe absolue de cet imposant et majestueux coffret « à l’italienne », contenant un gros livre inédit de 200 pages intitulé « Plus furieuse que l’Enfer : Le tournage de Christine », écrit par l’historien du cinéma et auteur australien Lee Gambin, qui contient de nombreux entretiens (John Carpenter, Bill Phillips, Keith Gordon, Alexandra Paul), des analyses de ses thématiques ainsi que de sa musique, le tout étant agrémenté de 50 photos d’archive exclusives. Le livre est présenté comme un vrai livre de cinéma, avec une belle couverture cartonnée, glissé dans un solide sur-étui. Le top du top en matière d’édition Blu-ray et d’objet de collection en somme…

 

 

Mais repassons un instant au film, le temps de le « redécouvrir » totalement grâce à un transfert 4K sublime : restaurée avec un soin maniaque, l’image de ce Blu-ray 4K Ultra HD de Christine semble avoir bénéficié d’un nouvel étalonnage, aux contrastes plus naturels, sans doute moins « agressifs » que sur le Blu-ray édité par Sony Pictures en 2014. Et boudiou de boudiou, le résultat à l’écran est vraiment extraordinaire : le niveau de détail est tout simplement hallucinant, et même si le film se déroule le plus souvent dans le noir ou dans l’obscurité, la palette colorimétrique est d’une richesse époustouflante, la tenue des noirs ne faiblissant jamais. Bien sûr, le grain cinéma a été préservé, bref l’ensemble est à tomber à la renverse. L’upgrade – même par rapport à l’excellente édition Blu-ray disponible dans le coffret – est net et spectaculaire. On dressera exactement le même constat d’excellence du côté du son : immersive, puissante, en un mot grandiose, la VO mixée en Dolby Atmos fait honneur à l’ambition et à la modernité du film de Big John, qui n’a décidément pas pris une ride. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes. Pour les puristes, on notera bien sur la présence de la version originale ainsi que de la cultissime version française en DTS-HD Master Audio 2.0.

Côté suppléments, Carlotta a réuni, en plus du bouquin de 200 pages évoqué un peu plus haut, l’essentiel de l’interactivité passionnante tournant autour du film : outre le commentaire audio de John Carpenter et Keith Gordon (proposé avec les sous-titres français de rigueur), on retrouvera les 20 scènes coupées déjà disponibles sur le Blu-ray de 2014, ainsi que le formidable making of rétrospectif signé Laurent Bouzereau, contenant de riches et passionnantes interventions de John Carpenter, Richard Kobritz (producteur), Bill Phillips (scénariste), Terry Leonard (coordinateur des cascades) et du trio d’acteurs principaux, Keith Gordon, John Stockwell et Alexandra Paul.

Mais l’éditeur français ne s’arrête pas là, puisqu’il nous propose un supplément inédit de taille : un entretien avec John Carpenter et Sandy King – d’une durée de quasiment 1h15 ! – enregistré lors de la remise du Prix du Carrosse d’Or 2019 lors de l’ouverture de la 51e Quinzaine des réalisateurs à Cannes. La conversation, détendue et souvent très amusante, est tenue par deux cinéastes de la Société des Réalisateurs de Films, Katell Quillévéré et Yann Gonzalez, et fut en réalité tenue après une projection spéciale du chef d’œuvre absolu de Carpenter, The thing. De fait, les questions porteront beaucoup sur ce film en particulier, mais on y abordera également d’autres films de la carrière du maître de l’horreur. Pour le fan, ça se boit littéralement comme du petit lait, même si beaucoup d’anecdotes sont connues ; ce sujet est également l’occasion de constater qu’à 71 ans, le cinéaste tient encore une bonne forme physique, et a toujours l’esprit très affuté…

On terminera enfin le tour de cette édition par la traditionnelle bande-annonce, accompagnée d’un sympathique teaser.

 

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