Test Blu-ray : Le bal de l’horreur

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Le bal de l’horreur

 
Canada : 1980
Titre original : Prom night
Réalisation : Paul Lynch
Scénario : William Gray, Robert Guza Jr.
Acteurs : Leslie Nielsen, Jamie Lee Curtis, Casey Stevens
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h32
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 19 décembre 1980
Date de sortie DVD/BR : 9 septembre 2019

 

Une petite fille meurt accidentellement au cours d’un jeu organisé par ses camarades. Devant l’horreur de la situation, ils décident de ne jamais révéler la vérité. Mais la scène a eu un mystérieux témoin. Quelques années plus tard, alors que les enfants sont devenus lycéens, ce témoin décide de se venger à l’occasion du bal de fin d’année du lycée…

 


 

Le film

[3,5/5]

Révélée par Halloween en 1978, Jamie Lee Curtis a durant quelques années poursuivi sur la voie de l’horreur, avec plusieurs expériences dans le genre qui lui vaudront son surnom de « scream queen » : après avoir retrouvé John Carpenter sur Fog (1980), elle tournera la même année Le bal de l’horreur – le film qui nous intéresse aujourd’hui – puis Le monstre du train, avant d’embrayer sur Déviation mortelle et Halloween II en 1981. Un début de carrière placé sous le signe du frisson donc, et dont le maillon que nous découvrons aujourd’hui grâce à Rimini Editions restait à ce jour malheureusement inédit en France en DVD – et à plus forte raison en Blu-ray.

On applaudit donc l’éditeur Rimini qui a su mettre les mains dans le cambouis afin d’exhumer Le bal de l’horreur. Ce sympathique long-métrage appartient au petit monde du slasher, et affiche un certain nombre d’originalités. Déjà, il s’agit d’un film canadien – ce qui n’est pas si courant. Sa mise en scène est assurée par Paul Lynch, cinéaste peu connu, ayant néanmoins réalisé un autre film d’horreur dans les années 80 : Humongous, tourné en 1982 mais sorti chez nous deux ans plus tard sous le titre – poétique s’il en est – de La malédiction de l’île aux chiens ; pour les curieux, il est disponible en DVD chez Uncut Movies. Aussi, si le déroulement du Bal de l’horreur est très balisé (voire même prévisible), le film met cependant en scène un tueur relativement original, muni d’une cagoule de ski noire à paillettes (?!), ce qui collera finalement parfaitement bien avec l’ambiance disco décomplexée – on sent que La fièvre du samedi soir est passé par là – développée lors du dernier acte du récit. Mais à partir de ce moment-là, c’est Murder on the dancefloor. Et si Paul Lynch prend étonnamment son temps pour commencer à enchaîner les meurtres (presque une heure), ceux-ci s’avèrent brutaux, sanglants et plutôt fun ; on ne peut pas dire non plus que l’on s’ennuie durant la première heure, tant le montage s’avère serré, bizarre et anxiogène (les plans du crayon contre le bloc-notes, ceux des couloirs de l’école, les flash-backs de l’accident…). Enfin, le film se permet une autre originalité : celle de mettre en scène un flic intuitif et opiniâtre, harcelant depuis des années un pédophile qu’il soupçonne de meurtre. Sa ténacité à la Columbo serait sans doute remarquable s’il ne s’avérait pas que son intuition est complètement à côté de la plaque…

Bien sûr, Le bal de l’horreur n’est pas non plus exempt de défauts. Ainsi, il sera difficile de ne pas bailler devant les looooongues scènes de danse, qui nous donnent juste à voir l’intégralité du casting gagné par la fièvre du disco. De même, la construction de l’intrigue semblera beaucoup trop familière aux habitués du genre ; l’identité du tueur ne sera par exemple pas l’objet d’énormément de conjectures, même si le film de Paul Lynch tente de nous mettre sur une fausse piste. Dans la peau de la brute de service, la prestation et le look de David Mucci font un peu trop penser à ceux de John Travolta période 1976/77 – impossible de ne pas penser à Carrie au bal du diable et à La fièvre du samedi soir. En ce qui concerne le casting en revanche, c’est étonnamment très correct : la plupart des jeunes acteurs livrent des performances louables, même si en dehors de Jamie Lee Curtis et bien sûr d’un étonnant Leslie Nielsen pré-ZAZ, aucun d’entre eux n’est réellement parvenu à percer par la suite.

Comme dans le cas de la plupart des autres slashers tournés immédiatement après Halloween, le principal attrait du Bal de l’horreur 40 ans plus tard est principalement la nostalgie. Pour certains, la période 1978-1983 apparaît vraiment comme une époque magique, où le cinéma d’horreur s’est transformé puis a explosé avec une série de trésors à petit budget, délices pop sucrés, criards et souvent de mauvais goût, mais uniques. Ainsi, si vous gardez ces années en or dans votre cœur, vos chances d’apprécier le film de Paul Lynch sont grandes…

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Le bal de l’horreur débarque donc dans une édition « Collector » sous les couleurs de Rimini Éditions. Cette édition Combo Blu-ray + DVD + Livret reprend le même habillage graphique que celle de Happy birthday to me, sorti le 9 mai chez l’éditeur. On espère sincèrement que cette collection de slashers 80’s s’enrichira encore prochainement de quelques titres !

Le master, stable et propre, a été restauré et s’affiche aujourd’hui débarrassé de la moindre trace de griffes ou autres poussières. La définition est accrue, contrastes et couleurs sont solides, et si le film manque certainement de piqué, cela est sans doute imputable au travail sur la photo « Hamiltonienne » de Robert C. New et à la granulation d’origine, qui ont été tous deux scrupuleusement respectés ; en revanche, Le bal de l’horreur s’offre une profondeur de champs inédite. Le transfert est indubitablement soigné, et la qualité du travail de l’éditeur ne se dément à nouveau pas du tout, même si, bien sûr, les plans en basse lumière accusent un peu du poids des années ; cela dit, le film est rare, sa conservation est déjà assez miraculeuse et la présentation dans son ensemble ne manquera pas de vous étonner. Côté son, on pourra savourer le film soit en version originale anglaise, soit en version française d’origine, toutes deux étant mixées en DTS-HD Master Audio 2.0 et proposant un confort d’écoute optimal, bien que toutes deux soient assez saturées. Clairs et équilibrés, les deux mixages nous vierges de tout parasite, larsen ou autre pétouille sonore. La VF est d’origine, et s’avère parfois assez amusante dans ses côtés désuets. Pour citer un exemple, à un moment durant le film, Wendy (Anne-Marie Martin) et Lou (David Mucci) se rendent dans un drive-in, Lou commande « a couple burgers and a large fries ». Les fast foods n’étant pas encore très populaires à l’époque chez nous – le premier McDonald’s à ouvrir ses portes dans l’hexagone date en effet de 1979, 40 ans plus tard, la France en dénombre 1464 – dans la VF, le personnage demande « deux sandwichs au pâté et un paquet de chip’s » ! On notera par ailleurs que le film est également proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, efficace même si le mixage ne dénature pas l’esprit du film.

Du côté des suppléments, rigueur, passion et générosité semblent être les maîtres mots de Rimini Éditions, qui nous propose de retrouver l’essentiel des suppléments de l’édition Synapse américaine, et qui leur rajoutera même un bonus exclusif. On commencera donc avec un making of rétrospectif (41 minutes) d’une belle richesse : si Jamie Lee Curtis n’est pas présente, les autres acteurs ainsi que Paul Lynch partagent leurs souvenirs de la préparation et du tournage du film en évitant la langue de bois. On continuera ensuite avec les scènes ajoutées pour la diffusion TV (11 minutes), introduites par le monteur Michael Maclaverty : un sujet anecdotique mais plutôt amusant, qui montre les nombreuses « vies » que peut avoir un seul et même film. Le supplément le plus original nous arriveront sous l’appellation « Images du tournage » : il s’agit d’un passionnant montage de 23 minutes et des brouettes de séquences abandonnées, alternatives ou ratées, présentées de façon brute de décoffrage, sans son – on entendra cependant de larges extraits de la bande originale du film signée Paul Zaza et Carl Zittrer. C’est passionnant, que dis-je, presque hypnotique, vraiment très sympathique, en plus de mettre en évidence le travail des auteurs du film sur la photo et les effets spéciaux. Enfin, l’éditeur nous proposera également un entretien inédit avec le scénariste William Gray (20 minutes), qui reviendra sur Le bal de l’horreur, mais également sur sa carrière en général, les dérives de celle-ci qui l’ont amené à prendre la grosse tête à un moment de sa vie, et même à devenir « un vrai con ». On terminera avec les éléments plus traditionnels : galerie de photos et éléments marketing, spots TV, bande-annonce… Ainsi qu’avec un sujet sur la restauration du film, sur le mode toujours payant du « avant / après ». Tous les supplément sont bien sûr en Haute-Définition et VOST.

On notera également la présence dans le boîtier d’un très intéressant livret de 28 pages signé Marc Toullec, qui reviendra sur la genèse, le tournage ainsi que le succès du film au box-office.

 

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