L’acteur américain Peter Fonda est décédé le 16 août à Los Angeles des suites d’un cancer des poumons. Il était âgé de 79 ans. En tant que membre du clan Fonda, Peter avait du mal à atteindre sur la durée les mêmes sommets cinématographiques que son père Henry et sa sœur Jane. Après son rôle mythique de hippie motorisé dans Easy Rider de Dennis Hopper, l’une des pièces maîtresses du Nouvel Hollywood, il devait en effet attendre longtemps avant de décrocher un beau rôle de maturité dans L’Or de la vie de Victor Nunez à la fin des années 1990.
Peter Fonda avait suivi assez tôt son père dans le métier de comédien, puisqu’il avait décroché ses premiers rôles à la télévision et au cinéma au début des années 1960 dans des films aussi respectables que Tammy et le toubib de Harry Keller, Les Vainqueurs de Carl Foreman et Lilith de Robert Rossen. Il n’allait pourtant pas tarder à s’émanciper en adoptant l’état d’esprit contestataire de l’époque, par le biais de deux films produits et réalisés par Roger Corman, dont le plus emblématique reste Les Anges sauvages et son équipée de motards déchaînés, suivi par le psychédélique Le Voyage. Cette première immersion dans la contre-culture avait donné envie à Fonda de s’y investir davantage, en participant à l’écriture et à la production du premier film de Dennis Hopper, Easy Rider, dans lequel il allait interpréter Captain America, l’un des héros incontestables de la génération hippie. Prix de la première œuvre de la part du jury de Luchino Visconti au Festival de Cannes en 1969, le film allait devenir un véritable phénomène, aussi d’un point de vue commercial puisqu’il allait rapporter plus de cent fois son budget initial de 400 000 $.
Or, ce succès planétaire n’avait pas forcément des répercussions constructives pour Fonda. Il allait certes réaliser ensuite le premier de ses trois films, le western L’Homme sans frontière, et refaire équipe avec Hopper sur The Last Movie, en dépit du tournage houleux de Easy Rider. Mais les années 1970 et ’80 allaient sinon ressembler à une longue traversée du désert pour l’acteur. Il apparaissait alors dans des films à la qualité aussi variable que Brève rencontre à Paris de Robert Wise, Larry le dingue Mary la garce de John Hough, La Chasse est ouverte de Peter Collinson, Les Mercenaires de Val Guest, Colère froide de Jonathan Demme, Les Rescapés du futur de Richard T. Heffron, L’Équipée du Cannonball de Hal Needham, Split image L’Envoûtement de Ted Kotcheff, La Cavale impossible de Stephen Gyllenhaal et La Roseraie de Fons Rademakers. La carrière de Peter Fonda risquait alors sérieusement de s’éteindre doucement au début des années ’90. Mais après un second rôle dans Los Angeles 2013 de John Carpenter, il avait su s’imposer une dernière fois en 1997, grâce au rôle de l’apiculteur dans L’Or de la vie de Victor Nunez. Or, là encore, la dernière partie de sa filmographie était à nouveau assez mitigée, consistant en des collaborations avec des réalisateurs aussi divers que Steven Soderbergh (L’Anglais), Asia Argento (Le Livre de Jérémie), Mark Steven Johnson (Ghost Rider), Walt Becker (Bande de sauvages), James Mangold (3h10 pour Yuma) et Jared Moshe (La Balade de Lefty Brown).
Peter Fonda a été nommé à deux reprises à l’Oscar, pour le Meilleur scénario original de Easy Rider en 1970 et en tant que Meilleur acteur dans L’Or de la vie en 1998. Il est l’un de seulement dix acteurs et scénaristes occasionnels honorés de la sorte par l’Académie du cinéma américain, c’est-à-dire pour le scénario d’un film qu’ils n’ont pas réalisé et sans jamais avoir été nommés à l’Oscar du Meilleur réalisateur, aux côtés de Ruth Gordon (Madame porte la culotte & Rosemary’s Baby), Alec Guinness (De la bouche du cheval & Le Pont de la rivière Kwai), Peter Ustinov (Chauds les millions & Spartacus), Gene Wilder (Frankenstein junior & Les Producteurs), Sylvester Stallone (Rocky), Massimo Troisi (Le Facteur), Emma Thompson (Raison et sentiments & Retour à Howards End), Matt Damon (Will Hunting) et Ethan Hawke (Before Sunset & Training Day).
Fonda a gagné deux Golden Globes, dans la catégorie du Meilleur acteur dramatique dans L’Or de la vie en 1998 et dans celle du Meilleur acteur dans un second rôle dans un téléfilm pour « The Passion of Ayn Rand » en 2000. Son rôle dans le film de Victor Nunez lui avait également valu le prix des critiques de New York en 1997. Enfin, la Screen Actors Guild l’a nommé trois fois : pour L’Or de la vie, « The Passion of Ayn Rand » et en tant que membre du Meilleur ensemble dans 3h10 pour Yuma en 2008.
Peter Fonda est le fils de l’acteur Henry Fonda (Les Raisins de la colère), le frère cadet de l’actrice Jane Fonda (la série Netflix « Grace et Frankie ») et le père de l’actrice Bridget Fonda (Jackie Brown).