Blood Drive – L’intégrale
États-Unis : 2017
Titre original : –
Créateur : James Roland
Acteurs : Alan Ritchson, Christina Ochoa, Colin Cunningham
Éditeur : Elephant Films
Durée : 10h environ
Genre : Série TV, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 22 mai 2019
Dans un futur dystopique, la population est confrontée à la pauvreté et à la sècheresse. Le prix du pétrole a flambé et les voitures fonctionnent avec du sang humain en guise de carburant. La possibilité de reporter 10 millions de dollars à l’issue d’une course mortelle est donc tentante ! Le bon flic Arthur Bailey se retrouve embarqué dans la course aux côtés de la pulpeuse Grace, prête à tout pour remporter la mise. Le tout est savamment orchestré par le déjanté maitre de cérémonie, qui tue la dernière équipe de chaque étape grâce à un implant injecté dans la nuque des participants…
La série
[4/5]
En l’espace d’une dizaine d’années environ, le petit monde des séries TV s’est vu profondément métamorphosé. Si avant 2010, des séries telles que Heroes ou Lost avaient déchainé les passions du public à travers le monde, ces dernières restaient avant tout des séries « familiales », destinées au plus grand nombre et donc encore relativement consensuelles dans leur ton, leur sujet ou leur public cible. L’engouement généralisé des téléspectateurs autour de ces séries ambitieuses a néanmoins créé un véritable « déclic » du côté des producteurs et des chaines de télé, qui mènerait à peine quelques années plus tard à la création des « grandes » séries TV contemporaines, les Game of thrones, Walking dead et autres Breaking bad que tout le monde a vu et adoré, et qui sont en seulement quelques saisons devenus des classiques incontournables de la culture populaire, et qui ont contribué à prouver que le fait de s’adresser à un public adulte n’était pas forcément incompatible avec celui de générer des profits importants. Inévitablement, on a peu à peu commencé à voir émerger des séries orientées vers le fantastique et l’horreur, plus ambitieuses d’un point de vue narratif, mais bénéficiant également de budgets et d’effets spéciaux nettement plus impressionnants. Et puisqu’il convient d’aller de plus en plus loin, et d’oser de plus en plus de choses, Syfy s’est engouffré dans le giron de HBO en injectant des fonds dans Z Nation, une série horrifique absolument folle et décalée s’amusant de ses propres outrances, et qui présentait la particularité de repousser les limites de la connivence entre showrunners et spectateurs.
Ce côté provoc’ à fond les ballons, donnant l’impression que les auteurs et acteurs du show adressaient à longueur d’épisodes de bons gros clins d’yeux complices au spectateur, on le retrouvera également dans Blood Drive, autre série branquasse produite par Syfy comme pour trouver un successeur aux délires déviants de Z Nation. D’ailleurs, la connivence avec le spectateur est annoncée d’entrée de jeu par la voix off :
« The executives assigned to this show decided to test it in Jersey. As a result, they think you mouthbreathers are too stupid to understand my masterpiece. So listen up, dum-dums, and let me set the stage : The world is broken, no one has any food, oil costs 2,000 a barrel, and the only way out of this shitty life is a secret road race with a $10 million cash prize. But there’s a twist : all the cars run on human blood. Welcome to Blood Drive ! »
En l’espace de quelques secondes, le ton est donné, de même que le contexte – premier coup de génie pour une série qui en comptera d’autres, fleurant bon l’esprit « Grindhouse » popularisé par les films de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez en 2007. Tout ici sera en effet mis en œuvre pour livrer treize épisodes remplis de gore, de violence, de grosses cylindrées, de jupes courtes et de plans équivoques, de « fuck » et de « shit » en pagaille, et de sexe bien sûr, même si la série pratique l’auto-censure à base de gros carrés noirs destinés à cacher les parties intimes des protagonistes. Bien sûr, l’ensemble est à réserver à un public averti, même si l’esprit est à l’humour potache et à la gaudriole, les effets gore pouvant être rapprochés d’une série telle qu’Happy tree friends par exemple : de l’ultra-violence gratuite, exagérée et pour de rire.
Au fil des épisodes, de nombreux lieux communs du cinéma d’exploitation des années 70 seront exploités afin d’enrichir une intrigue dont le cheminement est d’une simplicité extrême : cannibales, savants fous pratiquant des expériences scientifiques interdites, conglomérat industriel dominant le monde, etc. La série créée et développée par James Roland affiche une malice et un second degré rafraichissants ; l’ambiance est à la série B décomplexée, aux gags gras – mais souvent efficaces – ainsi qu’aux personnages badass, caricaturaux et ouvertement sexualisés, dont le rôle est tantôt réduit à une simple fonction dans le récit, tantôt beaucoup plus fouillé et attachant. Et au final, qu’est-ce que c’est bon ! Le duo de personnages principaux (incarnés par Christina Ochoa et Alan Ritchson) s’avère excellent et fonctionne à merveille, même si leurs interactions mettront 2/3 épisodes avant de trouver leur rythme de croisière. Bien sûr, on pourra toujours trouver que les courses-poursuites qui rythment les treize épisodes du show manquent un peu de variété et sont parfois mises en scène à la va-comme-je-te-pousse – il est vrai que c’est dans cet aspect précis que l’on perçoit clairement les limites du budget de Blood Drive, qui demeure néanmoins une expérience nerveuse, explosive, hilarante, bref en un mot absolument jouissive. D’autant qu’au niveau du « production design », l’ensemble affiche une tenue solide, avec des décors post-apocalyptiques convaincants, même si bien sûr on navigue dans le pur bis, le décor de série B volontairement fauché, dans le plus pur style des productions ritales 70’s, avec les traditionnels filtres à la Grindhouse.
Au terme des treize épisodes qui composent la première saison de Blood Drive, Syfy a en revanche décidé de mettre un terme à l’expérimentation, et n’a pas commandé de deuxième saison à James Roland et ses équipes. Néanmoins, ces derniers devaient se douter qu’une annulation du show leur pendait au nez, et ont choisi de boucler la plupart des intrigues de façon tout à fait satisfaisante, même si bien sûr quelques voies restaient ouvertes en vue d’une hypothétique deuxième saison.
Le coffret Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, Elephant Films nous livre un coffret Blu-ray Blood Drive – L’intégrale de bien belle tenue : les treize épisodes sont répartis sur trois galettes, l’encodage est en 1080p et impose un piqué de folie, des couleurs pimpantes, des noirs très profonds et une profondeur de champ très satisfaisante, rendant pleine justice à la photo du show qui diffère de façon singulière de toutes les séries que vous aurez pu voir jusqu’ici, et renforce l’ambiance absolument unique développée par le show. Côté son, VF et VO sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1, et proposent une excellente dynamique qui assurera à coup sûr une immersion parfaite pour le spectateur : une présentation acoustique soignée, efficace, spectaculaire et immersive.
Rayon suppléments, on ne trouvera que deux petites bandes-annonces made in Elephant Films, consacrées aux indispensables The car – Enfer mécanique et La sentinelles des maudits.