Nicky Larson et le parfum de Cupidon
France : 2019
Réalisation : Philippe Lacheau
Scénario : Julien Arruti, Pierre Dudan, Philippe Lacheau, Pierre Lacheau
Acteurs : Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h31
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 février 2019
Date de sortie DVD/BR : 3 juillet 2019
Nicky Larson est le meilleur des gardes du corps, un détective privé hors-pair. Il est appelé pour une mission à hauts risques : récupérer le parfum de Cupidon, un parfum qui rendrait irrésistible celui qui l’utilise…
Le film
[3,5/5]
Projet porté par la nostalgie, développé autour du désir d’une bande de presque-quarantenaires de porter à l’écran une adaptation « live » de leur dessin animé d’enfance, Nicky Larson et le parfum de Cupidon semblait l’occasion idéale afin de reformer à l’écran la fameuse « Bande à Fifi », troupe de comiques créée en 2005 par Philippe Lacheau (Fifi), Tarek Boudali, Reem Kherici, Julien Arruti (Juju), Pascal Boisson (Paco) et Patrick Mbeutcha (Patou). Si Patou avait quitté l’aventure bien avant Babysitting, le premier film officiel de la bande, aucun projet de cinéma n’était pour le moment parvenu à réunir les cinq membres « historiques » de la troupe – ceux qui tenaient l’affiche de « Qui a tué le mort ? » au Splendid en 2008.
C’est donc chose faite avec cette adaptation du manga de Tsukasa Hōjō, qui si elle semble avoir obtenu l’aval de l’auteur, risque bien de surprendre les cinéphiles ne connaissant de Nicky Larson que la série animée diffusée en France dans les années 90, et dont les dialogues, la violence et la nudité avaient été édulcorés, voire même purement et simplement censurés. Par bien des aspects, Nicky Larson et le parfum de Cupidon renouera avec le côté « shōnen » (ou manga pour jeunes garçons) très prononcé de l’œuvre de Tsukasa Hōjō : Nicky Larson y retrouve sa nature de véritable obsédé sexuel, et l’ensemble s’avère volontiers aussi orienté « cul » qu’un adolescent priapique, ce qui sera d’autant plus clair que depuis leurs débuts au cinéma, Philippe Lacheau et sa « Bande à Fifi » n’ont jamais eu peur de se vautrer dans l’humour trash. Femmes-objets, ralentis pervers et poses suggestives en pagaille, sans compter les nichons aguicheurs de Chantal Ladesou (!!!) ou encore un zguègue en gros plan, Lacheau et sa bande font ici preuve d’une conception de l’humour encore plus adolescente qu’à l’accoutumée.
Nicky Larson et le parfum de Cupidon est d’ailleurs à ce niveau là particulièrement schizophrène, avec d’un côté des références sexuelles et des blagues de cul toutes les vingt secondes, et d’une façon assez étonnante, également beaucoup de clins d’yeux au monde de l’enfance destinés aux natifs des années 80 qui passaient leur temps devant TF1 – on trouve en effet des caméos de Dorothée, de Pamela Anderson, mais également de Jean-Paul Césari, chanteur du générique français de la série, ou de Vincent Ropion, voix française du personnage de Nicky Larson. Parallèlement à ces apparitions, on aura également droit à des références à Rémi sans famille, aux Chevaliers du Zodiaque, à l’Inspecteur Gadget, etc.
On n’est d’ailleurs pas à un paradoxe près avec ce nouveau film de Philippe Lacheau, puisqu’en réalité, le domaine au cœur duquel Nicky Larson et le parfum de Cupidon se révélera le plus convaincant – et même pour tout dire le plus impressionnant – est celui de… l’action pure. Parce que si la drôlerie de l’ensemble ne fonctionnera que de façon très relative sur certains spectateurs, les scènes d’action en revanche envoient sacrément le bois. Les chorégraphies de combats créées et développées par Kefi Abrikh et les passionnés de chez « AC Stunts » sont étonnantes, de même que l’ambition affichée par Philippe Lacheau dans le domaine des effets spéciaux, avec quelques effets visuels et séquences vraiment très spectaculaires : une réussite technique indéniable. Le ralenti sur la balle siglée « City Hunter », l’impressionnant fight en vue suvjective hérité de Hardcore Henry, la course poursuite bagnoles / lit, l’affrontement final… On se souviendra probablement bien d’avantage du film pour ses qualités de mise en scène et ses scènes d’action redoutables que pour ses gags qui, s’ils fonctionnent occasionnellement, ne sont ni de la plus parfaite efficacité, ni de la dernière fraîcheur.
Au final, Nicky Larson et le parfum de Cupidon demeure tout de même un film très sympathique et attachant ; et si la prose mal assurée de l’auteur de ces lignes ne vous convainc pas encore totalement, on vous renvoie vers les propos de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff :
« Philippe Lacheau s’approprie les travers de son personnage misogyne, montré comme tel à travers les réactions de Laura, son assistante secrètement amoureuse. Le regard exaspéré de la pimpante Élodie Fontan souligne bien les travers de son patron. L’attachement entre ce couple dans la vie se ressent notamment dans une scène d’émotion inattendue où l’actrice fait preuve d’une belle sensibilité. (…)
La réalisation assume son côté BD, avec des mouvements de caméra exagérés permettant à des gags graphiques imaginatifs d’exister en toute liberté. Le côté manga se retrouve aussi dans le soin accordé aux coiffures et tenues, en particulier celle du héros reconnaissable à sa veste bleue, son tee-shirt rouge et son pantalon noir. Visuellement, Philippe Lacheau mêle harmonieusement ses diverses influences, japonaises, françaises et américaines avec un sens du cartoon burlesque. Malgré quelques lourdeurs dans certains dialogues, pari réussi. Et ce n’était pas gagné d’avance… »
Le Blu-ray
[4,5/5]
D’un point de vue purement technique, le Blu-ray de Nicky Larson et le parfum de Cupidon, c’est la Rolls du support. Le transfert est de toute beauté, il n’y a vraiment rien à redire, les équipes françaises de Sony Pictures connaissent indubitablement leur travail. Le piqué est d’une précision extraordinaire, les couleurs pètent la forme, les noirs sont abyssaux, et aucun souci de compression ne vient jamais gâcher la fête. Le master proposé par l’éditeur s’avère donc en tous points parfait, tout est littéralement impeccable, c’est du grand Art. Côté son, la version encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 vous vaudra sans doute des plaintes du voisinage à 800 mètres à la ronde tant elle se révèle tonitruante et dynamique. La spatialisation des effets est tout simplement redoutable, il y en a partout, le caisson de basse ne chôme pas, bref, c’est du lourd. L’éditeur propose également un mixage en DTS-HD Master Audio 2.0, qui s’avérera plus équilibré et cohérent si vous regardez le film sans utiliser de Home Cinéma.
Du côté des suppléments, c’est très complet : on commencera avec un amusant commentaire audio par Philippe Lacheau, Élodie Fontan et Julien Arruti, qui permettra aux trois compères d’alterner entre les moments de sérieux et les blagues. Grâce à Lacheau, l’ensemble reste sur des rails relativement informatifs, et globalement très sympathique. On continuera ensuite avec un making of qui permettra au public d’en découvrir un peu plus sur l’attachement de Philippe Lacheau à l’œuvre de Tsukasa Hōjō, l’ambiance détendue sur le tournage, les retrouvailles de toute la Bande à Fifi ou encore la préparation et le tournage des scènes d’action… Cela reste superficiel, mais c’est très intéressant. On terminera ensuite avec la traditionnelle bande-annonce.