Les sorties du 15 mai 2019

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Permanent Green Light © Local Films Distribution Tous droits réservés

La profusion de films à consommer pendant onze jours du côté de la Croisette rime traditionnellement avec une certaine disette en termes de sorties pour le cinéphile français commun, qui n’est pas en mesure de fouler le tapis rouge, ni d’effectuer la mythique montée des marches. Pour une semaine placée sous le signe du Festival de Cannes, ce mercredi nous réserve pourtant quelques bonnes surprises potentielles, à commencer par le nouveau film de Pedro Almodovar, Douleur et gloire, son sixième long-métrage sélectionné en compétition, qui ne sortira en fait que dans deux jours, privilège d’emploi du temps festivalier oblige. Face aux tourments créatifs et personnels du monstre sacré du cinéma ibérique, la contre-programmation hollywoodienne est plutôt bluffante, puisque le plaisant Séduis-moi si tu peux de Jonathan Levine arrive à associer des délires romantiques un peu trash au monde politique américain, si peu séduisant depuis plus de deux ans ! Puis, pour notre troisième coup de cœur de la semaine, on ose s’aventurer du côté d’un cinéma français hors des sentiers battus – ce qui disqualifie d’emblée le retour de Jean Reno à l’emploi de tueur professionnel solitaire, un quart de siècle après Léon de Luc Besson – avec le poétique Permanent Green Light de Dennis Cooper et Zac Farley.

Meurs monstre meurs © Ufo Distribution Tous droits réservés

L’étrangeté sous toutes ses formes est encore davantage de mise dans un trio de films de genre plus ou moins recommandables. L’argentin Meurs monstre meurs de Alejandro Fadel fait figure de retardataire in extremis du précédent Festival de Cannes, où il a été projeté dans le cadre de Un certain regard. L’autre représentant du cinéma latino-américain, décidément très en forme ces derniers mois, nous vient du Brésil avec le lauréat du Teddy Award du Meilleur Film gay du Festival de Berlin en 2018 Hard paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher. Enfin, pour les fans inconditionnels de Thierry Frémont, vous aurez l’occasion de le revoir dans le conte futuriste bizarre Tous les dieux du ciel de Quarxx, le genre de film auquel l’acteur était autrefois abonné et qui était montré, année après année, au Festival de Gérardmer. Trois propositions documentaires vous convient à un dépaysement a priori moins périlleux cette semaine : au cœur du tournage d’une série à succès chinoise du côté de Marseille dans Les Chinois et moi de Renaud Cohen, dans le grand nord de la Russie à Norilsk et son étreinte de glace par François-Xavier Destors et enfin avec ce que le jazz américain avait de mieux à apporter à la France d’après-guerre dans Swing Time in Limousin de Dilip et Dominique Varma.

Passion © Art House Films Tous droits réservés

Parmi les reprises de la semaine, au nombre de quatre, c’est surtout un inédit japonais qui nous intrigue. Passion de Ryusuke Hamaguchi profite en effet d’une pratique de découverte tardive dans les salles françaises de films de réalisateurs étrangers, produits avant l’engouement présent suscité par leurs créateurs. Après ce privilège accordé auparavant à l’iranien Asghar Farhadi et au japonais Hayao Miyazaki, voici donc le premier long-métrage professionnel de Ryusuke Hamaguchi, révélé il y a un an grâce aux cinq épisodes de Senses, puis en début d’année à travers Asako. Les trois autres films peuvent valoir le détour pour le génie comique de Buster Keaton dans Les Lois de l’hospitalité, le génie de Marcello Mastroianni dans l’interprétation de la filouterie sentimentale typiquement italienne dans Divorce à l’italienne de Pietro Germi, ainsi que, à la limite puisque nous n’aimons vraiment pas ce film, pour la singularité du regard sur notre civilisation à bout de course dans Fight Club de David Fincher.


Les Chinois et moi de Renaud Cohen (France, Documentaire, 1h10)

Cold Blood Legacy La Mémoire du sang de Frédéric Petitjean (France, Thriller, 1h31, distribué sur 180 copies) avec Jean Reno, Sarah Lind et Joe Anderson

Douleur et gloire de Pedro Almodovar (Espagne, Drame, 1h54, distribué sur 324 copies) avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia et Leonardo Sbaraglia – sortie le vendredi 17 mai

Hard paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher (Brésil, Drame, 1h58) avec Shico Menegat, Bruno Fernandes et Guega Peixoto

Just Charlie de Rebekah Fortune (Royaume-Uni, Drame, 1h39, distribué sur 50 copies) avec Harry Gilby, Scot Williams et Mark Carter

Meurs monstre meurs de Alejandro Fadel (Argentine, Thriller, 1h49, distribué sur 30 copies) avec Victor Lopez, Esteban Bigliardi et Tania Casciani

Norilsk L’Étreinte de glace de François-Xavier Destors (France, Documentaire, 1h27)

Permanent Green Light de Dennis Cooper et Zac Farley (France, Drame, 1h32, distribué sur 10 copies) avec Benjamin Sulpice, Théo Cholbi et Julien Fayeulle

Séduis-moi si tu peux de Jonathan Levine (États-Unis, Comédie romantique, 2h05, distribué sur 294 copies) avec Charlize Theron, Seth Rogen et Alexander Skarsgard

Swing Time in Limousin de Dilip et Dominique Varma (France, Documentaire, 1h05, distribué sur 1 copie)

Tous les dieux du ciel de Quarxx (France, Drame, 1h42, distribué sur 6 copies) avec Jean-Luc Couchard, Mélanie Gaydos et Zelie Rixhon

Reprises

Divorce à l’italienne (1961) de Pietro Germi (Italie, Comédie dramatique, 1h45) avec Marcello Mastroianni, Daniela Rocca et Stefania Sandrelli

Fight Club (1999) de David Fincher (États-Unis, Drame, 2h19) avec Brad Pitt, Edward Norton et Helena Bonham Carter

Les Lois de l’hospitalité (1923) de Buster Keaton et John G. Blystone (États-Unis, Comédie burlesque, 1h15) avec Buster Keaton, Natalie Talmadge et Joe Roberts

Passion (2008) de Ryusuke Hamaguchi (Japon, Drame, 1h55) avec Aoba Kawai, Ryuta Okamoto et Fusako Urabe

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