Décès de l’acteur Jean-Pierre Marielle

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Charlie et ses deux nénettes © Albina Productions / Société Nouvelle Prodis
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L’acteur français Jean-Pierre Marielle est décédé le 24 avril à Saint-Cloud, près de Paris. Il était âgé de 87 ans. Un des derniers monstres sacrés du cinéma français depuis les débuts de sa carrière à la fin des années 1950 jusqu’à ses derniers rôles au milieu des années 2010, Marielle était un acteur populaire de premier ordre, capable de jouer tour à tour les grands seigneurs et les vicieux ridicules, toujours avec une classe inimitable, à l’image de sa voix grave au timbre sophistiqué. Après de nombreux rôles comiques entre autres chez Philippe De Broca, Joël Séria et Bertrand Blier, il avait également donné chair filmique à des personnages plus tragiques chez Bertrand Tavernier et Patrice Leconte.

Les Galettes de Pont-Aven © Coquelicot Films Tous droits réservés

Un élève du Conservatoire national supérieur d’art dramatique au début des années ’50, au même titre que Jean Rochefort et Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle s’était initialement imposé au théâtre. En effet, le cinéma ne lui réservait que des seconds rôles assez anecdotiques jusqu’aux années ’70, par exemple dans Tous peuvent me tuer et Charmants garçons de Henri Decoin, Dragées au poivre de Jacques Baratier, Peau de banane de Marcel Ophüls, Faites sauter la banque de Jean Girault, Relaxe-toi chérie de Jean Boyer, Échappement libre et Tendre voyou de Jean Becker, Un monsieur de compagnie, Le Diable par la queue et Les Caprices de Marie de Philippe De Broca, Week-end à Zuydcoote de Henri Verneuil, Monnaie de singe de Yves Robert, Roger la Honte de Riccardo Freda, L’Homme à la Buick de Gilles Grangier, Le Pistonné de Claude Berri, Sans mobile apparent de Philippe Labro et Quatre mouches de velours gris de Dario Argento. Ce n’est qu’à partir des années ’70 que Marielle se voit proposer des rôles plus importants, à la mesure de son talent, toujours chez Claude Berri avec Sex-shop et Un moment d’égarement et chez Georges Lautner avec La Valise et On aura tout vu, mais surtout grâce à sa rencontre déterminante avec le réalisateur Joël Séria, qui le fera tourner dans trois films : Charlie et ses deux nénettes, Les Galettes de Pont-Aven et Comme la lune.

Calmos © Les Films Christian Fechner / Renn Productions Tous droits réservés

A la même époque, Jean-Pierre Marielle fréquente aussi l’univers joliment vulgaire de Michel Audiard (Comment réussir quand on est con et pleurnichard) et de Bertrand Blier (Calmos), ainsi que les mondes plus sombres imaginés par Jean-Pierre Mocky (Un linceul n’a pas de poches), Yves Boisset (Dupont Lajoie) et Bertrand Tavernier (Que la fête commence). Les années ’80 ont beau s’apparenter pour lui, comme pour tant d’autres acteurs de sa génération, à une traversée du désert, il retrouve quand même d’un côté certains de ses réalisateurs habituels, tels que les deux Bertrands, Tavernier (Coup de torchon) et Blier (Tenue de soirée), ainsi que Joël Séria (Les Deux crocodiles), et crée de l’autre de nouvelles affinités avec Édouard Molinaro (Cause toujours tu m’intéresse et L’Amour en douce), Gérard Pirès (L’Entourloupe), Alexandre Arcady (Hold-up), Laurent Heynemann (Les Mois d’avril sont meurtriers) et Claude Sautet (Quelques jours avec moi).

Coup de torchon © Studiocanal France Tous droits réservés

Les grands rôles de vieillesse se succèdent pour lui à partir des années ’90, à travers Uranus de Claude Berri, Tous les matins du monde de Alain Corneau, Max & Jérémie de Claire Devers, Un deux trois soleil et Les Acteurs de Bertrand Blier, Le Parfum d’Yvonne, Les Grands ducs et Une heure de tranquillité de Patrice Leconte, Le Sourire et La Petite Lili de Claude Miller, Les Milles de Sébastien Grall, Une pour toutes de Claude Lelouch, Demain on déménage de Chantal Akerman, Les Âmes grises de Yves Angelo, une mini-parenthèse américaine, histoire d’expirer en plein Louvre dans Da Vinci Code de Ron Howard, Faut que ça danse de Noémie Lvovsky, Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet, Pièce montée de Denys Granier-Deferre, Les Seigneurs de Olivier Dahan, Max de Stéphanie Murat, La Fleur de l’âge de Nick Quinn et Tu veux ou tu veux pas ? de Tonie Marshall.

Uranus © Pathé Films Tous droits réservés

Jean-Pierre Marielle a été nommé à sept reprises aux César, trois fois en tant que Meilleur acteur pour Les Galettes de Pont-Aven, Tous les matins du monde et Faut que ça danse et quatre fois dans la catégorie du Meilleur acteur dans un second rôle pour Coup de torchon, Quelques jours avec moi, Max & Jérémie et La Petite Lili. Le fait qu’il n’en avait jamais gagné, même pas un César d’honneur, attribué pourtant depuis des lustres à des vedettes américaines par hasard de passage à Paris, nous fait complètement rejoindre notre cher rédacteur en chef Pascal dans son indignation à ce sujet !

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