Ton heure a sonné
États-Unis : 1948
Titre original : Coroner Creek
Réalisation : Ray Enright
Scénario : Kenneth Gamet
Acteurs : Randolph Scott, Marguerite Chapman, George Macready
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h30
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 4 janvier 1952
Date de sortie DVD/BR : 12 avril 2019
Une diligence est attaquée par un groupe d’Apaches qui semblent être commandés par un mystérieux homme blanc ; ses conducteurs et passagers sont abattus sauf une jeune femme qui est kidnappée. 18 mois plus tard, son fiancé Chris Denning qui sillonne l’Ouest des États-Unis, à sa recherche, a rendez-vous avec un Indien qui en sait beaucoup sur l’enlèvement. Il apprend que sa fiancée s’est suicidée avec un poignard trois jours après son enlèvement et que le chef des ravisseurs était un grand homme blond aux yeux bleus avec une cicatrice sur la joue droite ; il va apprendre qu’il est désormais propriétaire d’un relais de diligence. Cette piste le mènera jusqu’à Coroner Creek…
Le film
[3,5/5]
Avec son personnage principal en quête de vengeance, pour qui seules de sanglantes représailles permettront de retrouver enfin la paix, Ton heure a sonné semble, avec le recul, avoir permis à Randolph Scott de créer un nouvel « archétype » au sein du western : celui d’un personnage âpre, taciturne et impitoyable, uniquement mû par le désir d’appliquer la loi du talion, et n’hésitant pas à traquer son ennemi à travers l’Ouest tout entier. Ce personnage-là deviendra d’ailleurs par la suite un véritable cliché, non seulement au cœur de la carrière de Scott, mais également dans le western dans sa totalité.
Néanmoins, à l’époque, cette thématique archi-rebattue ne l’était pas encore tant que ça, et force est de constater que même si la mise en scène de Ray Enright ne brille certes pas par son originalité, Ton heure a sonné demeure un petit western parfaitement prenant et immersif. Comme dans le cas de La vallée maudite que nous avons chroniqué pas plus tard qu’hier (lire notre article), le film impose en effet une image soignée et en couleurs, des scènes d’action efficaces tournées dans des décors naturels, le tout étant saupoudré d’une certaine violence, assez sèche pour l’époque, même si bien sûr des années de violence décomplexée sur celluloïd donneront de nos jours au film de Ray Enright des allures plutôt gentillettes de ce strict point de vue-là.
L’autre point fort de Ton heure a sonné réside dans la noirceur de son personnage principal, incarné bien sûr par Randolph Scott. Ce dernier n’hésitera pas, pour arriver à ses fins, à se révéler parfaitement antipathique, et même un un vrai salopard, ne faisant pas de sentiment, et dont les actes ne sont guidés que par un désir jusqu’au-boutiste de vengeance. Droiture et morale sont donc pour une fois laissés de côté par Scott, qui révèle ici une facette beaucoup plus sombre de sa personnalité, qui a par ailleurs la particularité de parfaitement « coller » avec son jeu minimaliste, presque monolithique. Son face à face avec le bad guy blond du film vaudrait à elle-seule la vision du film, qui s’avère un très bon « petit » western !
Le Blu-ray
[4/5]
Après une sortie courant 2016 sur format DVD uniquement, Ton heure a sonné débarque aujourd’hui en Blu-ray, toujours sous les couleurs de Sidonis Calysta, et vient grossir les rangs de la très riche collection « Western de légende » de l’éditeur. Le master est proposé en 1080p, et la restauration est globalement réussie ; le tout est encodé avec soin, et le film de Ray Enright affiche un excellent niveau de détail et des contrastes solides, même si les couleurs – issues du procédé Cinecolor – pourront parfois paraître un peu étranges. Par ailleurs, l’image ne semble pas avoir subi de filtrage numérique : le grain argentique est parfaitement respecté. Côté son, la version originale proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine) imposera un rendu acoustique relativement ouvert et ample, d’une parfaite efficacité malgré un très léger souffle. Les dialogues sont intelligibles, et la piste est globalement très propre, sans effets de saturation intempestifs.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord deux présentations du film, assurées par Bertrand Tavernier et Patrick Brion. Comme bien souvent, on préférera la passionnante analyse de Bertrand Tavernier – durant un peu plus de vingt-cinq minutes – à l’évocation superficielle du film que nous propose Patrick Brion, mais les deux possèdent leur propre charme. On terminera avec la traditionnelle galerie photo, qui se verra accompagnée de la bande-annonce du film.