Test Blu-ray : Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald

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Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald

 
Royaume-Uni, États-Unis : 2018
Titre original : Fantastic beasts – The crimes of Grindelwald
Réalisateur : David Yates
Scénario : J.K. Rowling
Acteurs : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Johnny Depp
Éditeur : Warner bros.
Durée : 2h13
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 14 novembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 25 mars 2019

 

1927. Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais…

 


 

Le film

[3,5/5]

Longtemps avant l’arrivée de Harry Potter à Poudlard, les magiciens vivaient déjà parmi nous, à commencer par Norbert Dragonneau, défenseur de créatures mal aimées et marginal au sein de sa communauté.

Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald, suite du spin-off de l’univers de J.K. Rowling, est située des décennies avant la naissance du petit sorcier balafré. Elle est plus sombre et aboutie que le premier opus, avec une dimension politique assez radicale.

 

 

Métaphore sur le nazisme

Johnny Depp joue un gourou capable de manipuler les masses pour arriver à sa quête du pouvoir, via l’incitation à la haine de l’autre plutôt que dans un affrontement frontal. Il est terrifiant en leader charismatique évocateur de monstres réalistes tels qu’on en voit aujourd’hui dans certains pays ou hier dans d’autres. La métaphore avec le nazisme aurait pu être lourde mais est traitée avec une maturité impressionnante qui pourra attiser la curiosité des plus jeunes sur notre passé, voire notre présent. David Yates, réalisateur attitré de la franchise depuis L’ordre du phénix, impose une griffe esthétique grise qui se marie bien avec le registre peu ensoleillé du récit.

Eddie Redmayne donne vie à ce héros noble et curieux des autres mais très renfermé. Cet aspect est accentué et se mêle à des éléments plus légers dans sa relation avec ses amis. Son côté dégingandé lui donne un air un peu enfantin qui facilite ses relations avec les créatures placées sous sa responsabilité.

 

 

Suspense

Parmi les autres personnages, on retrouve ses compagnons à New York : Tina (qui fait vibrer son cœur) et sa sœur Queenie ainsi que le bonhomme Jacob Kowalski, moins présents mais heureusement plus complexes. On découvre pour la première fois Dumbledore, déjà affublé de certains traits de caractère, les positifs comme les négatifs. Quadragénaire fringant, n’arborant pas encore sa célèbre barbe blanche, il est interprété avec élégance par Jude Law. J.K. Rowling revendique depuis longtemps son homosexualité. Cet aspect est abordé plus directement, sans que cela soit appuyé.

Le suspense, souvent intense, laisse espérer des rebondissements au moins aussi forts dans les trois prochains épisodes. L’histoire aux ramifications ambitieuses dépasse la simple quête d’un homme malfaisant pour détruire le monde ou d’un autre plus bienveillant motivé strictement par son bon cœur. Pour ne rien gâcher, les scènes d’action sont spectaculaires !

Critique de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff.

 

 

En contrepoint de toutes les qualités de Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald, évoquées ci-dessus – et avec quel talent ! – par notre rédac’ chef Pascal le Duff, on soulignera cependant un aspect qui pourra s’avérer un peu gênant pour certains spectateurs. Attention aux [SPOILERS] : ne continuez la lecture que si vous avez vu le premier film (on fera attention de ne rien divulguer ici des secrets de cette suite). Il n’est donc un secret pour personne qu’une large partie du nouveau film de David Yates s’attarde sur la quête d’identité du personnage de « Croyance », interprété à l’écran par Ezra Miller. Soit en fait un personnage mort à la fin des Animaux fantastiques premier du nom. Ce n’est pas tellement que l’on soit à cheval sur ce genre de détails, mais en l’occurrence, la « résurrection » du personnage est annoncée au spectateur de façon laconique dans les dix premières minutes du film, un personnage s’adressant à Norbert Dragonneau lui apprenant tout simplement que ce dernier « a survécu ». Autant être honnête, cela tend vaguement à nous gêner aux entournures, dans le sens où si J.K. Rowling avait réellement en tête un « plan » concernant sa nouvelle franchise, on ose supposer que la survie de ce personnage – qui est réellement la clé narrative de ce deuxième épisode – aurait au moins été suggérée à la fin du premier film.

Or, ce n’est pas le cas. En l’état, cela donne même la fâcheuse impression que ni Rowling ni la Warner ne savent réellement dans quelle direction ils avancent avec Les animaux fantastiques. Le personnage d’Ezra Miller est populaire : on le ressuscite sans se poser de questions. La parenté entre la nouvelle saga et les aventures d’Harry Potter était un peu floue ? Vlan, voilà donc des séquences entières tournées à « Poudlard », et l’introduction du personnage de Dumbledore, dont on apprend qu’il tenait les ficelles dans l’ombre durant le premier film. Mouais. Autant dire donc que la franchise donne quelques signes non pas d’improvisation totale, mais du moins de « work in progress », malléable aux volontés de la production et aux supposées attentes du public.

 

 

De la même façon, Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald se termine sur une immense révélation, une annonce de fou qui a fait trembler dans leurs fauteuils tous les fans de la saga Harry Potter. Cette révélation, véritable onde de choc pour les uns, fera un peu l’effet d’un pétard mouillé pour les autres, qui, il faut bien l’avouer, la soupçonnaient vaguement depuis le début du film. Mais dans quelle mesure peut-on considérer que cette révélation ne sera pas balayée d’un revers de la main par J.K. Rowling et son équipe de coscénaristes dans le prochain film à venir ? Comme elle le déclare elle-même dans les bonus disponibles sur le Blu-ray, tout ce dont le spectateur est sûr à la fin des Crimes de Grindelwald pourra s’avérer caduque à la fin du prochain film. Cette impression de « flottement » narratif autour d’un récit qui se cherche constamment n’est donc pas la première des qualités de la nouvelle saga imaginée par Rowling et Warner. C’est là ce que l’on pourrait appeler le « syndrome George Lucas », et on imagine parfaitement que dans un avenir proche, des scènes pourraient être tournées et réintégrées aux différents épisodes afin de proposer un ensemble plus homogène et cohérent…

Cependant, on admettra sans peine que ces réserves ne gâchent en rien le vrai plaisir de gosse pris devant Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald, grand spectacle familial par excellence, parfaitement rythmé et interprété. On attend donc la suite avec une certaine impatience !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Autant être clair d’entrée de jeu : le Blu-ray des Animaux fantastiques – Les crimes de Grindelwald édité par Warner bros. représente la référence, le top du top en matière de rendu Haute-Définition : le piqué est précis, avec des couleurs somptueuses, des noirs profonds et des contrastes au top niveau. La définition et l’encodage sont irréprochables, tout est littéralement impeccable, il n’y a absolument rien à redire. Le tableau est donc idyllique, d’autant que la galette nous propose un encodage de haute volée qui ne faiblit littéralement jamais. Côté son, on tire notre chapeau à la branche française de Warner, qui nous propose des mixages Dolby Atmos à la fois en version originale mais également dans la langue de Molière. Faute de matériel adéquat, les deux pistes sonores seront décodées en Dolby TrueHD 7.1, et les deux mixages se révèlent vraiment exceptionnels. Dès la première séquence du film – l’évasion de Grindelwald – tout part littéralement dans tous les sens, dans un esprit très « J.K. Rowling », très immersif et vraiment 100% « fun » : que cela soit en VF ou VO, on sera régulièrement surpris par des effets fusant de toutes parts, qui de plus sont tous placés de façon fine et précise. Au final, tous les canaux acoustiques sont sollicités, les basses sont puissantes, bref, on en prend littéralement plein les tympans, et c’est un véritable régal, un spectacle sonore extraordinaire, d’un dynamisme littéralement époustouflant.

Dans la section bonus, on notera tout d’abord la présence d’une version longue du film sur un Blu-ray séparé, mais qu’au grand dam de tous les amoureux de la saga, cette dernière n’est disponible qu’en VO sous-titrée. Les amateurs de VF se rabattront donc sur l’autre Blu-ray, qui contient en bonus l’intégralité des scènes coupées, avec même une scène supplémentaire inédite mettant en scène la résurrection du personnage de « Croyance », qu’on aurait plutôt tendance à avoir envie d’intégrer à la fin du premier film. Etrangement, la plupart de ces scènes écartées du montage final concerne le personnage, ainsi que le traumatisme, de Leta Lestrange (Zoë Kravitz). La récurrence du motif que l’on nommera des « draps flottants » est très intéressante, au point que l’on se demande vraiment pour quelles raisons David Yates a fait le choix d’écarter ces séquences qui en révèlent beaucoup sur le passé du personnage.

Pour le reste, on trouvera les habituelles featurettes made in Warner, à la fois informatives et très orientées promo : de quoi s’occuper durant plus d’une heure et demie ! On commencera avec « J.K. Rowling : un monde révélé », qui donnera logiquement la parole à l’auteure de la saga, surnommée « Jo » par ses collaborateurs. Elle évoquera les liens entre la franchise Les animaux fantastiques et celle d’Harry Potter, reviendra sur sa façon d’écrire en collaboration étroite avec David Yates et les équipes de Warner (qui lui soufflent parfois carrément des idées) et affirmera haut et fort qu’elle a déjà couché sur papier les grandes lignes de la saga – ce dont, comme on l’a expliqué un peu plus haut, il est permis de douter. Plus anecdotique, le sujet intitulé « Sorciers à l’écran, fans dans la vie » donnera à voir la rencontre entre Ezra Miller et Evanna Lynch, qui incarnait le personnage de Luna Lovegood dans les films de la saga Harry Potter. Les deux acteurs révèlent des personnalités inattendues de geeks absolument fous de l’univers créé par Rowling ; la featurette nous permet de les voir réagir aux rebondissements du film et les commenter, mais on doute un peu des bienfaits que ce genre de sujet pourra avoir sur leur image publique, tant ils donnent au final l’impression d’être de parfaits teubés. Comme son titre l’indique, la featurette intitulée « Dumbledore » s’attardera sur l’appropriation du personnage par Jude Law, à qui J.K. Rowling a fait des confidences exclusives concernant son passé (et, on le suppose, son hypothétique homosexualité).

Last but not least, on terminera avec les « Secrets de scènes révélés », qui aborderont plus précisément le tournage de certaines séquences et s’attarderont plus particulièrement sur la conception et le design d’une poignée d’éléments visuels du film (Poudlard, les animaux magiques, le cirque, Paris et le ministère des affaires magiques). Mis bout à bout, ces modules nous proposeront un making of intéressant et assez complet, d’une durée de presque 50 minutes. Passionnant !

 

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