L’empereur de Paris
France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Jean-François Richet
Scénario : Éric Besnard, Jean-François Richet
Acteurs : Vincent Cassel, Olga Kurylenko, Freya Mavor
Éditeur : Gaumont
Durée : 2h00
Genre : Aventures, Historique
Date de sortie cinéma : 19 décembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 19 avril 2019
Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s’être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l’ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d’un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l’hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix…
Le film
[4/5]
Le personnage de Vidocq (1775-1857), qui fut, dans la réalité, successivement délinquant, bagnard, indicateur, policier puis détective privé, a déjà été porté de nombreuses fois à l’écran, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Si les prestations de Claude Brasseur dans la série TV des années 70 et de Gérard Depardieu dans le film de 2001 restent probablement celles qui auront le plus marqué les mémoires, le fait est que Vidocq occupe encore aujourd’hui une place assez importante dans l’imaginaire populaire français. Il n’était donc pas si étonnant finalement de voir débarquer l’année dernière au cinéma L’empereur de Paris, nouveau film consacré à ce personnage haut en couleurs, dont l’existence est propre à enflammer toutes les imaginations.
C’est donc Jean-François Richet qui réalise le film ; passionné d’histoire, il en cosigne également le scénario. Avec son personnage central créant une « milice » aux méthodes expéditives au sein même de la police, le récit imaginé par Richet et son coscénariste Eric Besnard est fortement influencé par Les incorruptibles, mais parvient sans trop de peine à se trouver une réelle identité, notamment grâce à l’incroyable rigueur historique dont fait preuve le film, absolument criant de vérité du point de vue de la reconstitution malgré, bien sûr, un attachement indéniable à évoluer au cœur d’une certaine tradition du cinéma populaire français.
Pour incarner Vidocq, Richet refait donc appel à son « Mesrine » de 2008, Vincent Cassel, qui laisse ici libre cours à son jeu sauvage, enfiévré, constamment sur le fil entre le lyrisme et le cabotinage absolu. A son image, de nombreux acteurs du film se laissent aller à une interprétation volontiers « outrée », en en rajoutant des caisses dans l’émotion et les sentiments forts : Denis Lavant, James Thierrée ou encore Fabrice Luchini y vont « à fond », n’en faisant visiblement qu’à leur tête et offrant au spectateur des prestations certes mémorables, mais pas forcément des plus sobres ou naturalistes. Les scènes de combat en revanche font preuve d’une sacrée énergie, on sent réellement la farouche volonté de Richet de proposer au public un vrai « grand spectacle », brutal et immersif. Du côté des éléments les plus intéressants du film, on notera également que le long-métrage de Richet fait également preuve d’une « conscience de classes » très accentuée, ce qui s’avère en fait une constante dans le cinéma de Richet depuis ses débuts, avec les passionnants État des lieux (1995) et Ma 6-T va crack-er (1997).
Cependant, c’est peut-être également dans cette dichotomie entre une rigueur historique absolue et la volonté de proposer un grand spectacle que L’empereur de Paris trouve ses limites. En effet, le film bénéficie d’un énorme budget, qui a permis à ses auteurs de proposer une reconstitution fidèle, sans lésiner sur les moyens. Parallèlement, l’intrigue multiplie les rebondissements et se voit finalement un peu « étriquée » par la durée du métrage – deux heures – qui limite forcément un peu l’ampleur qu’aurait pu – qu’aurait dû ! – avoir ce récit pour le moins ambitieux. On aurait par exemple aimé suivre d’avantage l’équipe de Vidocq dans sa volonté d’éradiquer le crime des bas-fonds parisiens, on aurait aimé d’avantage s’attacher aux différents personnages en découvrant leur passé et leurs personnalités… L’immersion et l’impact de la dernière partie n’en auraient été que plus forts, mais pour cela, le film aurait dû durer beaucoup plus longtemps. Dans l’absolu, on se dit que L’empereur de Paris aurait beaucoup gagné à se voir soit divisé en deux films, soit prendre la forme d’une série TV, qui en l’état aurait été tout simplement époustouflante. Mais on suppose que le budget qui aurait été alloué au projet s’il était destiné à la télévision aurait été bien moindre, et de ce fait, la reconstitution n’aurait pu avoir la même ampleur. C’est le serpent qui se mord la queue… Néanmoins, en l’état, le film de Jean-François Richet s’avère un joli morceau de péloche, que l’on aurait tort de bouder !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Côté Blu-ray, L’empereur de Paris, qui sort ces jours-ci sous les couleurs de Gaumont, s’avère vraiment la « Rolls » du format Haute Définition : l’éditeur s’est en effet fait un point d’honneur à nous fournir ici le meilleur rendu visuel et sonore possible. La galette HD du film de Jean-François Richet en remet donc un nouveau coup dans l’excellence technique et fera vraiment figure de disque de démonstration : l’image est d’une précision et d’une limpidité à toute épreuve, les couleurs en envoient plein les mirettes, et les contrastes sont d’une solidité remarquable : c’est tout simplement superbe. Côté son, la version française bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui fera clairement honneur à l’ampleur du film. Les scènes d’action en particulier, tout particulièrement impressionnantes, s’avèrent d’un dynamisme et d’une force acoustique tout simplement bluffantes, renforcées par des basses littéralement tonitruantes et des effets multicanaux épatants de finesse et de précision. On notera également que Gaumont n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez L’empereur de Paris sur un « simple » téléviseur.
Du côté de la section suppléments, on trouvera, outre la traditionnelle bande-annonce, un passionnant making of d’une durée de presque trois quarts d’heure, qui reviendra essentiellement sur la rigueur historique épatante de l’entreprise, et sur la volonté de produire et de tourner le film intégralement en France. Les interventions de l’équipe technique sont naturellement entrecoupées d’images de la préparation du film ainsi que de quelques moments volés sur le tournage. Complet et vraiment très intéressant !
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T’as pas intérêt à t’être gouré Tonton !
Ah moi j’ai kiffé. Il manque une heure à deux heures de film quand même je trouve, on aimerait vraiment en voir plus (notamment quand Vidocq créé sa bande d’incorruptibles, j’aurais vraiment aimé qu’on s’attarde sur toutes ces arrestations là plutôt que d’avoir le sempiternel « montage » de leurs exploits), mais bon, c’est chaud d’imposer une fresque à la « 1900 » à ses producteurs quand on navigue dans le pur cinoche de divertissement. En deux films de deux heures ça aurait peut-être été parfait. Mais ça reste quand même vachement bien !
Eh ben ouais, c’est vraiment pas mal. Ça fait plaisir un peu d’ambition en France une fois tous les dix ans.