Alexandre le grand
États-Unis, Espagne : 1956
Titre original : Alexander the Great
Réalisation : Robert Rossen
Scénario : Robert Rossen
Acteurs : Richard Burton, Fredric March, Claire Bloom
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 2h16
Genre : Drame, Historique, Péplum
Date de sortie cinéma : 31 août 1956
Date de sortie DVD/BR : 16 avril 2019
Né en 356 avant Jésus Christ, sur fond d’intense agitation politique, Alexandre suivit l’enseignement d’Aristote avant d’être désigné pour prendre la suite de son père à la tête de son peuple, et de partir à la conquête du monde…
Le film
[3,5/5]
La vie d’Alexandre le Grand ne cesse d’enflammer les imaginations. Si le roi de Macédoine avait, de son vivant, fait en sorte de perpétuer le souvenir de ses hauts faits en s’entourant d’historiographes « officiels », les récits de son existence tenus par Callisthène ou, plus tard, par Clitarque, contenaient de nombreux éléments romancés, tenant de la propagande, de l’affabulation, voire même du surnaturel pur et simple. Encore aujourd’hui, son règne et sa personnalité sont sujets à de nombreux débats, au point qu’Alexandre, le dernier film en date lui ayant été consacré, a déjà connu quatre montages et différents, Oliver Stone étant revenu plusieurs fois sur sa « copie » entre 2004 et 2012.
Sorti sur les écrans en 1956, Alexandre le Grand version Robert Rossen n’a quant à lui connu qu’un seul et unique montage. « La honte ! » nous souffle Oliver Stone, hilare. Evidemment, tournés à presque 50 ans d’écart, les deux films n’ont absolument rien à voir l’un avec l’autre. Richard Burton y incarne Alexandre, et révélera rapidement un parfait mélange de force et de vulnérabilité, qui s’exprimera surtout à l’écran lorsque les intrigues entreront en jeu. La première moitié du film abordera la vie de famille – pour le moins dysfonctionnelle ! – d’Alexandre, tandis que la seconde moitié se décidera – enfin ! – à nous dépeindre ses exploits en tant que « Conquérant », tout en continuant bien sûr à approfondir ses relations avec ses parents, Olympias (Danielle Darrieux) et Philippe (Frederic March), du moins jusqu’à ce que les stratagèmes d’Olympias retirent Philippe du tableau – au sens propre comme au figuré.
Même s’il n’est pas extrêmement long (2h16), Alexandre le Grand manque en revanche un peu de rythme, ce qui est sans doute dû en partie au fait que Robert Rossen se montre un peu avare sur les scènes de batailles : la plupart sont en effet expédiées sous la forme de montages, trop rapides pour provoquer l’immersion, et le film manque au final un peu du souffle épique qui aurait été nécessaire. On aura aussi quelques réserves concernant le personnage de Philippe, incarné par le pourtant excellent Frederic March, qui tend à s’avérer régulièrement un peu ridicule avec sa fausse barbe noire, et contribuera malheureusement un peu trop à « sortir » le spectateur du film.
En deux mots comme en cent, cet Alexandre le Grand cuvée 1956 s’avère intéressant – et même régulièrement assez passionnant ; malheureusement, le film manque en revanche un peu de « liant » entre les séquences, et souffre assurément du manque de tonalité épique qui aurait été nécessaire afin de dresser le portrait de l’une des personnalités les plus marquantes et les plus controversées de l’Histoire.
Le Blu-ray
[4/5]
Débarquant en Blu-ray sous les couleurs de Sidonis Calysta, Alexandre le Grand a bénéficié d’une petite cure de jouvence : si le rendu Haute Définition est certes encore perfectible, la galette affiche une définition précise, un piqué et un niveau de détail très précis, tout en conservant un grain argentique d’origine assez accentué. Les couleurs sont naturelles et assez belles, même si on pourra peut-être les trouver un peu froides. La gestion des noirs et des contrastes est globalement satisfaisante, même si les noirs manquent un peu de tranchant sur certains passages. Globalement, ce master semble en tous coins comparables avec celui utilisé par les américains de Twilight Time pour leur édition Blu-ray de 2016. Côté son, l’éditeur nous gratifie à la fois de la version française et de la version originale sous-titrée, en DTS-HD Master Audio 2.0, les deux mixages s’avérant clairs et tout à fait satisfaisants. On privilégiera cependant la VO à la VF qui, si elle est bien la version d’origine (avec ce que cela sous-entend de charme suranné), s’avère tout de même un brin nasillarde.
Côté suppléments, on retrouvera comme d’habitude, en plus de la traditionnelle bande-annonce, la présentation du film par le vétéran Patrick Brion (17 minutes), qui reviendra sur la carrière de Robert Rossen, puis un peu précisément sur le film, le casting et le tournage en Espagne. Durant les cinq dernières minutes de son intervention, Patrick Brion évoquera un « mystère » tournant autour du premier assistant réalisateur Piero Mussetta, qui se trouverait être en réalité le cinéaste Bernard Vorhaus, obligé de tourner sous une fausse identité dans les années 50 car il était présent sur la liste noire à Hollywood. Cela dit, Brion précise tout de même que Vorhaus n’évoque pas avoir tourné sous pseudo dans son autobiographie signée en 2000.