La 44e cérémonie des César a eu lieu hier soir sur la scène de la Salle Pleyel, animée de façon un peu laborieuse par Kad Merad. Plusieurs longs-métrages obtiennent plus d’une récompense, à commencer par Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, avec quatre prix : meilleur film, scénario original, actrice et montage. En 2014, il recevait déjà le césar du court métrage pour Avant que de tout perdre, prequel de cette même histoire, avec le même duo d’acteurs : Léa Drucker et Denis Ménochet. Il s’agit du sixième premier film à recevoir ce trophée, après Camille Claudel, Les Nuits Fauves, La Vie rêvée des anges, Le Goût des autres et Les Garçons et Guillaume, à table. Guillaume Gallienne, d’ailleurs, a rappelé, avant de remettre le césar de la meilleure actrice, qu’il était un mâle hétéro. Oui, on avait compris que l’amour l’avait sauvé de ce terrible mal qu’est l’homosexualité. Ce type est épatant.
La Semaine de la Critique s’est particulièrement illustrée au palmarès avec les trois prix surprise attribués à Shéhérazade, en premier film et pour ses deux jeunes comédiens, préférés notamment à Lily-Rose Depp, William Lebghil et Karim Leklou, plus attendus. Guy d’Alex Lutz a été honoré à deux reprises, pour son acteur (et réalisateur) Alex Lutz et sa musique.
Contrairement aux années précédentes, la compétition officielle du Festival de Cannes a été oubliée, côté productions françaises. Aucun film n’était en lice pour le César du meilleur film. Ni Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, ni Les Filles du soleil d’Eva Husson, ni En guerre de Stéphane Brizé, ni Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, totalement absents des autres catégories, à l’exception du premier, cité via Denis Podalydès en second rôle. Heureusement la sélection des films étrangers était plus généreuse, avec trois films sur sept candidats dont Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu, premier film japonais palme d’or depuis Kagemusha d’Akira Kurosawa en 1981. D’autres palmes d’or ont reçu ce césar auparavant : L’Arbre aux sabots d’Ermanno Olmi (1979), La Leçon de piano de Jane Campion (1994) et Moi, Daniel Blake de Ken Loach (2017), auxquels on peut rajouter Le Pianiste de Roma Polanski, César du meilleur film français en 2003.
La sélection officielle n’est pas complètement oubliée, via Les Chatouilles et ses deux prix, présent dans la section Un Certain Regard et Le Grand Bain, présenté hors-compétition, via le succès mérité de l’iconoclaste Philippe Katherine. Venise est mieux représenté avec les deux derniers lauréats du prix de la mise en scène : Xavier Legrand, récompensé en 2017 et Jacques Audiard l’an dernier.
Certains lauréats ont déjà été primés avant ce soir : Jacques Audiard obtient son dixième trophée (le troisième comme réalisateur, soit un de moins que Roman Polanski) ; Karin Viard, l’ingénieur du son Cyril Holtz et le créateur de costumes Pierre-Jean Larroque leur troisième. Juliette Welfling, la monteuse attitrée d’Audiard sur tous ses films a été citée pour toutes leurs collaborations, en remportant quatre de leurs huit films en commun, mais moins de chances hier soir.
Des hommages ont été rendus à Charles Aznavour, Francis Lai, Michel Legrand et bizarrement à Karl Lagerfeld, couturier assez peu impliqué dans le cinéma. La magie des César, en somme… Dans la série des hommages aux disparus expédiés, citons les clips de Maria Pacôme et Stéphane Audran, qui ont donc officiellement moins marqué l’Histoire du cinéma qu’un couturier allemand. Voilà voilà…
Le palmarès, dans l’ordre inverse de l’ordre où ils ont été attribués :
Meilleur film : Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, produit par Alexandre Gavras
Meilleure actrice : Léa Drucker – Jusqu’à la garde
Meilleur réalisateur : Jacques Audiard – Les Frères Sisters
Meilleur acteur : Alex Lutz – Guy
Meilleur film étranger : Une affaire de famille d’Hirokazu Kore-eda (Japon)
Meilleure musique : Vincent Blanchard et Romain Greffe – Guy
Meilleur acteur dans un second rôle : Philippe Katerine – Le Grand Bain
César d’honneur : Roberd Redford, remis par Kristin Scott Thomas, présidente de la soirée et sa partenaire dans L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux
Meilleur court-métrage : Les Petites Mains de Rémi Allier, produit par Pauline Seigland
Meilleure actrice dans un second rôle : Karin Viard – Les Chatouilles
Meilleur scénario original : Xavier Legrand – Jusqu’à la garde
Meilleurs costumes : Pierre-Jean Larroque – Mademoiselle De Joncquières
Meilleurs décors : Michel Barthélémy – Les Frères Sisters
César du public : Les Tuche 3 d’Olivier Baroux
Meilleur long-métrage d’animation : Dilili à Paris de Michel Ocelot, produit par Christophe Rossignon et Philip Boëffard
Meilleur court-métrage d’animation : Vilaine fille de Ayçe Kartal, produit par Damien Megherbi et Justin Pechberty
Meilleure adaptation : Andréa Bescond et Eric Métayer – Les Chatouilles
Meilleur premier film : Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin, produit par Grégoire Debailly
Meilleur film documentaire : Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant, produit par Bertrand Faivre
Meilleur son : Brigitte Taillandier, Valérie De Loof et Cyril Holtz – Les Frères Sisters
Meilleur montage : Yorgos Lamprinos – Jusqu’à la garde
Meilleur espoir masculin : Dylan Robert – Shéhérazade
Meilleure photo : Benoît Debie – Les Frères Sisters
Meilleur espoir féminin : Kenza Fortas – Shéhérazade
Bonjour,
Super votre article. Une remarque sur la partie consacrée à la palme d’or et le cinéma japonais. Vous écrivez que « Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu, premier film japonais palme d’or depuis Kagemusha d’Akira Kurosawa en 1981 ». Ce n’est pas exact.
L’Anguille réalisé par Shōhei Imamura, a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes en 1997.
Bien à vous,
Benjamin