Cold ground
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Fabien Delage
Scénario : Fabien Delage
Acteurs : Doug Rand, Philip Schurer, Gala Besson
Éditeur : Ciné2genre
Durée : 1h26
Genre : Horreur
Date de sortie DVD : 18 décembre 2018
En 1976, un couple de journalistes se rend à la frontière franco-suisse pour tourner son premier reportage : une enquête sur d’étranges cas de mutilations de bétail. Une fois sur place, l’équipe de chercheurs qui devait les accueillir manque à l’appel. Accompagnés d’un secouriste, d’une biologiste britannique et d’un enquêteur de police américain, Melissa et David vont partir à la recherche du groupe de disparus, au cœur de la montagne…
Le film
[3/5]
Depuis le carton au box-office de Blair witch project en 1999, le procédé stylistique d’un cinéma « à la première personne », avec le recours à une caméra [très faussement] subjective, a été utilisé des dizaines, et même probablement, sans exagération aucune, des centaines de fois dans le genre très populaire du cinéma fantastique ou d’épouvante. C’est un artifice très en vogue dans l’horreur contemporaine, au point que beaucoup de cinéphiles considèrent ce type de mise en scène, couramment appelé « found footage », comme la plaie du genre horrifique. Depuis 2010, le succès jamais vraiment démenti de la saga Paranormal activity a contribué à pérenniser ce style, et à priori, il semble que le genre du found footage ait encore de beaux jours devant lui. Si certains réalisateurs établis ont certes parfois réussi à niveler le procédé par le haut et à nous livrer quelques bandes efficaces, voire carrément indispensables (on pense par exemple à l’épatant Cloverfield), la grande majorité des films tournés en utilisant ce procédé ne parviennent pas réellement à créer le climat d’angoisse suffisant pour réellement convaincre le cinéphile exigeant.
Mais contre toute attente, il existe plusieurs bonnes raisons de découvrir Cold ground. Tout d’abord, il s’agit d’un film « français », une micro-production développée par Fabien Delage. Son nom vous dira peut-être quelque chose : journaliste, photographe, graphiste pour le cinéma et la TV, créateur de logos, de typographies et de polices de caractère, cet artiste multi-supports s’était en effet fait remarquer en 2012 avec la web-série Dead crossroads, qui avait même eu les honneurs d’une sortie en DVD. Cold ground constitue donc pour lui une nouvelle incursion dans le domaine du found footage, qu’il connaît et maîtrise parfaitement. La deuxième raison de se pencher sur le film de Fabien Delage est esthétique : le film est présenté comme datant de 1976, et nous propose un rendu étonnant, donnant l’impression que le film a été tourné en 8mm – ne serait-ce que pour cette raison, le film mérite le coup d’œil, nous proposant une reconstitution des années 70 certes modeste, mais assez efficace. De plus, pour coller à l’époque qu’il a choisi, Fabien Delage jongle avec des thématiques en vogue à l’époque (sectes, cryptozoologie…) et mélange le found footage au survival et au film de « yéti », popularisé en 1972 avec The legend of Boggy Creek, puis tout au long des années 70 avec des films tels que Sasquatch, the legend of Bigfoot (Ed Ragozzino, 1976) ou Creature from black lake (Joy N. Houck Jr, 1976).
Et s’il comporte encore quelques tics agaçants propres au genre en lui-même (on a ainsi un peu de mal à saisir la raison pour laquelle le personnage principal filme son voyage à travers la forêt), Cold ground fait montre d’une belle maitrise du médium. De plus, si le récit en lui-même n’a rien d’original, le film reste plaisant de bout en bout, et s’avère étonnamment bien rythmé, ne laissant pas le temps au spectateur de s’ennuyer. Budget oblige, la créature ne sera montrée que dans les dernières minutes du film (et n’est pas cheap comme on aurait pu s’y attendre), mais sa présence se manifestera par une série de sons étranges qui renforcent la tension de façon efficace : au final, le film de Fabien Delage s’avère intéressant, une bonne surprise, à découvrir.
Le DVD
[4,5/5]
Le DVD de Cold ground débarque sous les couleurs d’un tout nouvel éditeur indépendant, appelé Ciné2genre. Comme son nom l’indique, ce nouveau venu dans le petit monde de l’édition vidéo est plutôt spécialisé dans le film de genre, et compte également déjà à son catalogue Les diablesses d’Antonio Margheriti : autant dire qu’il s’agit ici d’un nouvel éditeur dont on suivra les sorties avec le plus grand intérêt ! Ciné2genre nous propose donc aujourd’hui de découvrir le film de Fabien Delage dans des conditions très satisfaisantes : l’image est sans fausse note, parfaitement saturée, et l’encodage compose adroitement avec les limites du support. Bien entendu, le film est proposé au format respecté et l’ensemble répond parfaitement à nos attentes, avec un solide grain qui renforce l’aspect « vintage » du film. Côté son, le film est proposé en Dolby Digital 2.0 et propose un rendu acoustique clair, net, sans bavures. On notera par ailleurs le soin apporté au packaging, un superbe digipack avec l’affiche du film en mode 70’s.
Niveau suppléments, on se régalera de la présence d’un making of d’une quinzaine de minutes, qui traduira toute la modestie de cette production et du cinéaste. Les images du tournage seront donc entrecoupées d’entretiens avec l’équipe : Fabien Delage bien-sûr, ainsi que les acteurs, mais également David Scherer, responsable des effets spéciaux, qui s’exprime assez longuement sur son travail. On trouvera aussi deux bandes-annonces internationales du film.
Mais ce n’est pas tout ! Cette édition contient carrément un deuxième DVD – rien que ça ! – avec le film The legend of Boggy Creek (Charles B. Pierce, 1972). Le film, qui a fortement influencé Cold ground, est proposé en 4/3, VOST et Dolby Digital 2.0. Si le master n’est certes pas à la hauteur (le site de référence IMDb indique par ailleurs qu’il a été originellement tourné en 2.35), il s’agit là d’une véritable curiosité à découvrir, à mi-chemin entre le documentaire et le fantastique. The legend of Boggy Creek bénéficie par ailleurs d’une présentation par Fabien Delage, courte, synthétique et intéressante.