Test Blu-ray : Il miracolo

0
1307

Il miracolo

 
 
Italie, France : 2018
Titre original : –
Créateur : Niccolò Ammaniti
Acteurs : Guido Caprino, Elena Lietti,
Éditeur : Arte Éditions
Durée : 7h00 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 30 janvier 2019

 

Rome aujourd’hui. Une madone qui pleure du sang découverte dans le repère d’un parrain mafieux. Une enquête métaphysique qui va bouleverser la vie de très nombreuses personnes…

 


 

La série

[4/5]

Si les romans de Niccolò Ammaniti avaient régulièrement été adaptés au cinéma, Il miracolo constitue pour l’écrivain une expérience inédite : il s’agit en effet de son premier scénario original, la première fois qu’il envisage un récit non pas sous une forme purement littéraire, mais d’avantage « audio-visuelle ». Au centre de son récit, il fait donc le choix de placer une « image choc » : celle d’une madone pleurant des larmes de sang. Autour de ce phénomène inexplicable et mystique, la vie d’un petit groupe de personnages va basculer définitivement : aussi différents soient-ils les uns des autres (politique, religion, armée, science…), quelles que soient leurs fêlures et leurs faiblesses, la douzaine de personnalités au cœur de l’intrigue d’Il miracolo, toutes présentées au spectateur de façon complexe et attachante, remettront en cause leurs convictions les plus intimes suite à la découverte de cette vérité inattendue.

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un romancier, Niccolò Ammaniti a vraiment déployé un soin tout particulier à présenter au spectateur des personnages authentiques, à la psychologie fouillée, dépassant de loin la simple « fonction » dans le récit. Qu’il s’agisse de personnages principaux ou secondaires, tous parviennent sans le moindre problème à réellement « exister », aucun n’est manichéen, et tous nous réserveront assurément quelques surprises : on pense par exemple aux personnages de Sole (Elena Lietti), femme perdue à la personnalité complexe, à Clélia (Lorenza Indovina), dont le spectateur découvrira l’histoire dans les deux derniers épisodes, ou encore au général Votta (Sergio Albelli), dont la rigidité et le mutisme cachent en réalité une foi profonde dans l’être humain. Ce sont finalement ces personnages secondaires remarquables qui renforcent le récit, et permettent au spectateur de se plonger dans le destin de Fabrizio, le premier ministre, de Marcello, le prêtre ayant perdu la foi (Tommaso Ragno) et de Sandra, la scientifique exaltée (Alba Rohrwacher, que l’on retrouve avec plaisir quelques années après La solitude des nombres premiers).

Le générique annonce le ton ainsi qu’une des thématiques de la série : la confrontation entre les certitudes et la rationalité que nous ont amené des siècles d’évolution scientifique et le « miracle » qui donne son titre au show, mystique, inexplicable. En huit épisodes de plus en plus tendus, et au fur et à mesure que s’installe une ambiance de plus en plus fantastique, Niccolò Ammaniti questionne le spectateur, met au centre des débats la question de la foi autant que des valeurs morales, au cœur d’une Italie présenté comme un pays à la dérive, à la fois superbe, lumineux et peuplé de gens chaleureux, mais également profondément gangrené, non seulement par des années de mauvais choix politiques et la manipulation du peuple par les médias, mais aussi par l’omniprésence de l’église et de la mafia au cœur même de la vie de tous les citoyens.

Mais Il miracolo va plus loin qu’un simple tableau sombre de la société italienne ; à travers les questions soulevées par la présence de la madone aux larmes de sang, la série explore différents niveaux, multipliant au fil des épisodes les visions fantastiques abstraites, et explorant toute l’ambivalence et la complexité de l’âme humaine, ici mise en évidence par la confrontation au « miracle », à l’inexplicable. Cette figure de la vierge, qui donnera d’ailleurs l’occasion à Monica Bellucci de signer une apparition « clin d’œil » très remarquée, restera d’ailleurs tout au long des épisodes le véritable cœur de l’intrigue, ou plutôt des différentes intrigues et arcs temporels qui finiront par se croiser et se réunir. La photo de la série, superbe en Cinemascope, et la mise en scène, assurée par Lucio Pellegrini et Francesco Munzi, accentuent d’ailleurs le sentiment d’angoisse existentielle liée à la statuette : prenant autant d’importance que les autres personnages dans les nombreux plans larges, elle s’affiche comme une présence à la fois impressionnante et menaçante sur les plans rapprochés, qui proposent qui plus est des effets spéciaux saisissants.

Œuvre originale, addictive et puissante, Il miracolo met à profit son format étalé sur plusieurs épisodes et plusieurs heures pour faire évoluer son intrigue et ses personnages sur son propre rythme, posé, raisonné, chaque sous-intrigue nous proposant son lot de rebondissements passionnants. Et si à la fin, quelques ellipses demeurent et laissent une série de questions en suspens (notamment sur la relation entre Olga et Alma, ou sur l’avenir d’Eugenio), on se console en se disant que celles-ci seront peut-être évoquées dans une deuxième saison, envisageable si l’on considère le succès de la série en Italie et en France !

 

 

Le coffret Blu-ray

[4,5/5]

A l’occasion de la sortie de cette intégrale de la série Il miracolo sur support Blu-ray, nos amis de chez ARTE Éditions ont vraiment bien soigné leur copie, puisque l’image affiche une belle précision, un beau piqué et une belle palette de couleurs, même si l’on pourra remarquer de légers fourmillements sur les arrière-plans les plus sombres. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1, proposant toutes deux une spatialisation multicanal parfaitement immersive et très efficace dans les séquences de suspense. Cela dit, et malgré le soin indéniable apporté à la version française, on privilégiera tout de même globalement le mixage italien, plus ample et dynamique, mais surtout beaucoup plus convaincant d’un point de vue artistique.

Du côté des suppléments, on se plongera avec plaisir dans la découverte de trois featurettes, courtes mais sympathiques : elles nous proposeront un portrait de Niccolò Ammaniti, un retour sur les personnages principaux du show, décrits par leurs interprètes, ainsi qu’un focus sur les effets spéciaux de la série : on y découvrira qu’un certain nombre de madones ont été nécessaires au tournage, de même que plusieurs types de « sang », différent en fonction des plans. Intéressant ! On terminera avec un peu moins de 15 minutes de moments volés sur le tournage, qui permettront de se rendre compte de l’ambiance qui régnait sur le plateau.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici