Searching – Portée disparue
États-Unis, Russie : 2018
Titre original : Searching
Réalisation : Aneesh Chaganty
Scénario : Aneesh Chaganty, Sev Ohanian
Acteurs : John Cho, Debra Messing, Michelle La
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h42
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 12 septembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 22 janvier 2019
Alors que Margot, 16 ans, a disparu, l’enquête ouverte ne donne rien et malgré les heures décisives qui s’écoulent, l’inspectrice chargée de l’affaire n’a pas le moindre indice. Le père, David, décide alors de mener ses propres recherches, en commençant par là où personne n’a encore regardé : l’ordinateur de sa fille…
Le film
[3,5/5]
Qu’on l’ait apprécié ou pas, le film d’horreur Unfriended avait au moins pour le lui le mérite de l’originalité. Et même si l’on n’aurait pas forcément parié un kopeck sur le concept, le film de 2015 a fait des petits en 2018 : Unfriended – Dark web, suite ou variation sur le même thème horrifique, et Searching – Portée disparue, qui fait le pari de présenter l’intégralité de son intrigue – policière cette fois – par le biais d’écrans d’ordinateurs, de téléphones, de télévision ou de vidéos de surveillance.
Si certains auront du mal dès lors à parler de « mise en scène », on notera qu’Aneesh Chaganty, le réalisateur du film, travaillait pour Google avant de devenir cinéaste, et connaît donc par conséquent parfaitement bien le médium qu’il utilise dans Searching – Portée disparue. Et il est manifeste que malgré d’évidentes tricheries ou astuces destinées à combler les « trous » narratifs au cœur du récit, cette maîtrise de l’outil informatique joue clairement en la faveur du film, qui propose ici ou là des idées soit très belles (telles que la façon dont la mort de la mère est amenée au spectateur), soit d’un cynisme désabusé (la récupération de la disparition de Margot par les réseaux sociaux). En tous les cas, la narration imaginée par Aneesh Chaganty et Sev Ohanian fonctionne au final parfaitement bien, même si sur la durée, le fait de toujours rester collé à des écrans d’ordinateur pourra développer une certaine lassitude chez le spectateur, ou un sentiment de redondance (cyclique), sentiment d’autant plus prégnant que le film, sans doute un peu trop didactique, n’hésite pas à remontrer les mêmes images plusieurs fois, histoire d’être sûr que même les deux cancres du fond ont bien compris.
Mais on le répète cependant : contre toute attente, les procédés techniques utilisés permettent à ce thriller high-tech de développer une montée en tension étonnamment efficace, même si cette dernière n’est relayée que par l’utilisation d’outils informatiques, telles que les messageries instantanées et/ou les différents réseaux sociaux. Searching – Portée disparue réussit donc son pari, en parvenant à maintenir l’intérêt du spectateur en alerte jusqu’aux dernières minutes du film.
Avant de terminer, on évoquera tout de même l’excellente prestation des acteurs, et notamment celle de John Cho, qui porte la quasi-totalité du film sur leurs épaules. Que ceux qui craignaient de ne pas réussir à prendre au sérieux le jeu de l’acteur, popularisé par son rôle dans la saga Harold et Kumar, se rassurent : Cho s’avère absolument convaincant, et même presque émouvant, dans cette composition de père obsédé par la disparition de sa fille.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc Sony Pictures qui prend le pari d’éditer Searching – Portée disparue sur disque Blu-ray. Une galette forcément irréprochable, reproduisant avec fidélité l’image d’un film où tout se passe sur l’écran d’un ordinateur : le piqué, la définition et les couleurs ont forcément des hauts et des bas, tributaires de formats de captation différents – mais malgré ces limites propres à la nature même de l’œuvre, l’ensemble est excellent. On notera également l’effort des traducteurs et de Sony afin de proposer au public français une « version française intégrale » du film, où toutes les mentions écrites apparaissent à l’écran en français. L’essentiel des informations étant amenées au spectateur par le biais de retranscriptions d’articles ou de discussions instantanées, cela paraissait indispensable, un sous-titrage classique eut été impossible à gérer. Côté son, comme d’habitude avec Sony Pictures, VF et VO sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1, et toutes deux sont dynamiques sans en faire des caisses, ce qui est absolument logique et cohérent vis à vis des partis pris esthétiques du film.
Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de nous plonger dans un commentaire audio du réalisateur Aneesh Chaganty et de son co-scénariste Sev Ohanian, qui nous permettra d’en apprendre beaucoup sur le film : par exemple, que l’animation et tous les cadres à l’écran ont été créés avant de tourner avec les acteurs, que la maison que l’on voit dans le film est fréquemment utilisée pour des tournages de films X, que les noms des personnages viennent des films de M. Night Shyamalan, etc. Les anecdotes fusent et c’est vraiment passionnant. On continuera ensuite avec deux featurettes dédiées au tournage du film : la première est consacrée à la volonté de ses auteurs de changer de « langage cinématographique » par le biais de ce récit amené au spectateur par les écrans d’ordinateur. S’ils semblent réellement convaincus qu’ils sont les premiers à utiliser ce type de récit, c’est un peu vite oublier l’existence d’Unfriended. Personne ne pourra affirmer que nul sur le tournage du film ne connaissait le film de 2015 : en effet, Timur Bekmambetov, qui produit Searching – Portée disparue, est également le producteur des deux films de la saga Unfriended… Le deuxième sujet est consacré aux personnages du film, et comprend de nombreuses interventions de John Cho et Debra Messing.