Critique : L’heure de la sortie

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L’heure de la sortie

France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Sébastien Marnier
Scénario : Elise Griffon, Sébastien Marnier d’après le roman de Christophe Dufossé
Interprètes : Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot, Pascal Greggory
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h43
Genre : thriller
Date de sortie : 9 janvier 2019

3.5/5

Présenté récemment à la Mostra de Venise dans une nouvelle section parallèle, appelée « Sconfini », L’heure de la sortie, deuxième long métrage de Sébastien Marnier, succède à Irréprochable, film sorti il y a 2 ans et demi et qui démontrait les qualités de ce réalisateur, par ailleurs auteur de deux romans.

Synopsis : Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret…

Une classe particulière

A 40 ans, Pierre est professeur de français suppléant. Un beau jour, l’administration lui fait intégrer le collège Saint-Joseph, en remplacement d’un collègue qui s’est défenestré lors d’un cours qu’il assurait auprès des élèves de 3ème1. Une classe dont il était le professeur principal, une classe à la population et au fonctionnement très élitiste, un certain nombre d’élèves étant considérés comme étant intellectuellement précoces. Une classe dont le Principal du collège est très fier car elle lui permet d’avoir les meilleurs résultats de l’académie.

Très vite, Pierre prend conscience que ces « surdoués » font tout pour le déstabiliser, n’hésitant pas, par exemple, à faire des remarques sur le fait qu’à son âge, il ne soit que suppléant. Piqué au vif, Pierre va se mettre à enquêter sur leurs activités extrascolaires.

Thriller proche du fantastique

S’agissant de L’heure de la sortie, si l’on tient à rapprocher Sébastien Marnier d’un autre réalisateur, le nom de Dominik Moll apparait comme une évidence. Comme Harry, un ami qui vous veut du bien, comme Lemming , L’heure de la sortie peut être qualifié de thriller tout en navigant très souvent à la lisière du fantastique : une atmosphère oppressante, une musique anxiogène, les coups de téléphone adressés à Pierre où il semble n’y avoir personne en ligne. Il y a aussi les références au Kafka de « La métamorphose », avec une invasion de cafards dans le lavabo de Pierre, lequel est justement en train de rédiger une thèse sur l’auteur pragois. Lorsqu’on se remémore l’acte commis par le professeur que Pierre a remplacé, on ne peut s’empêcher de penser que le comportement des élèves en a été la cause et que, à nouveau, ils cherchent à pousser Pierre dans ses derniers retranchements.

Quant à ce comportement des élèves de 3ème 1, le fait que 6 d’entre eux soient considérés comme étant intellectuellement précoces ne manque pas d’interroger les spectateurs : d’un côté, on n’est pas surpris de les retrouver sur un plan d’égalité avec Pierre en matière de savoir et de raisonnement, mais, par ailleurs, on se montre interloqué de les voir adopter en permanence des conduites dangereuses, voire même carrément suicidaires. A moins que ce soit justement leur grande intelligence qui, leur ayant permis de prendre pleinement conscience du fait que, de toute façon, pour des raisons liées à l’écologie, le monde court à sa perte, autant vivre le reste de leur vie avec un maximum d’intensité.

Des adultes, des adolescents

Le roman dont le film est l’adaptation était sorti en 2002 et Sébastien Marnier avait écrit un premier scénario avant même la réalisation de Irréprochable, son premier long métrage. 10 ans plus tard, il a procédé à une réécriture de ce scénario et, de façon à mieux s’approprier l’histoire, il a écrit ce nouveau scénario sans relire le roman auparavant.

La distribution comprend 2 familles bien distinctes de comédiens et de comédiennes : les adultes et les adolescents. Dans la première famille, Laurent Lafitte, l’interprète de Pierre, a bien sûr la vedette, tout en étant (bien) entouré de Pascal Greggory, d’Emmanuel Bercot, de Grégory Montel, de Gringe et de Thomas Scimeca. Quant aux adolescents, on remarque surtout Luàna Bajrami et Victor Bonnel, interprètes des deux leaders de la classe et qui, dans ce film, ne débutaient pas devant une caméra.

Conclusion

Ce thriller, souvent à la limite du fantastique, prend aussi l’allure d’un conte écologique. Sébastien Marnier conduit son récit avec un talent certain, ce qui, après Irréprochable, en fait un réalisateur dont on suivra les prochaines réalisations avec attention.

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