Test Blu-ray : L’espion qui m’a larguée

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L’espion qui m’a larguée

 
États-Unis : 2018
Titre original : The spy who dumped me
Réalisation : Susanna Fogel
Scénario : Susanna Fogel, David Iserson
Acteurs : Mila Kunis, Kate McKinnon, Justin Theroux
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h57
Genre : Comédie, Action
Date de sortie cinéma : 8 août 2018
Date de sortie DVD/BR : 15 décembre 2018

 

 

Audrey et Morgan, deux trentenaires vivant à Los Angeles, se retrouvent embarquées malgré elles dans une conspiration internationale lorsque l’ex-petit ami d’Audrey débarque à son appartement poursuivi par une équipe d’assassins. Les deux jeunes femmes sont contraintes d’échapper à leurs poursuivants à travers toute l’Europe, tout en tentant de sauver le monde avec l’aide d’un agent au charme « so british »…

 

 

Le film

[4/5]

Dans la section vidéo de critique-film.fr, on n’a jamais caché notre admiration sans bornes pour Kate McKinnon, qui en l’espace de quelques années est devenue une valeur sûre et incontournable de la comédie américaine. En effet, le moins que l’on puisse dire est que dans chacun des films où elle apparait, elle affiche un talent, une bizarrerie et une présence décalée absolument extraordinaires et uniques. Et puisqu’aucun producteur n’a encore eu le courage de miser sur elle en tant que tête d’affiche (ou peut-être tout simplement s’y refuse-t-elle encore), elle enchaine les comédies en piquant la vedette à ses petits camarades de jeu, masculins ou féminins, avec des personnages complétement barrés et déployant une énergie qui en font une véritable « tornade comique », emportant littéralement tout sur son passage.

L’espion qui m’a larguée mettra donc au centre des débats deux personnages féminins, interprétés par Mila Kunis et Kate McKinnon, les deux copines se retrouvant bien malgré elles au cœur d’une chasse à l’homme internationale, tueurs, mafias diverses et services secrets étant tous à la recherche d’une clé USB qu’elles ont en leur possession. Bien sûr, l’énergie comique déployée par Kate McKinnon s’imposera d’autant plus facilement que Mila Kunis ne force pas réellement son talent, reprenant le même genre de rôle qu’à son habitude, soit celui du « clown blanc » au tempérament diamétralement opposé à celui de sa copine, qui n’a aucun filtre social et dont les frasques et le comportement bizarre rythment le récit et son évolution. Néanmoins, si les zygomatiques du spectateur seront dominés par la performance de Kate McKinnon, Mila Kunis s’offre également d’excellentes répliques de façon assez régulière, de la même façon que les personnages secondaires (Hasan Minhaj, Sam Heughan, Gillian Anderson) ; les caméos de Kev Adams et Paul Reiser feront également leur petit effet – l’ensemble est équilibré et le quota de rires est parfaitement respecté.

On notera également que L’espion qui m’a larguée appartient au sous-genre de la « comédie d’action », et que cet état de fait pourra quasi-automatiquement générer un certain nombre de craintes du côté du spectateur amateur d’action. En effet, si l’on excepte quelques miracles aussi rares qu’inattendus (tels que le récent Hitman & Bodyguard), la comédie d’action est un sous-genre généralement assez déséquilibré, privilégiant avant tout la comédie et les échanges humoristiques entre les protagonistes, et traitant les scènes d’action un peu par-dessus la jambe, d’une façon expéditive et pas forcément toujours très convaincante (et c’est un euphémisme). Dans le cas du film de Susanna Fogel, la donne est différente : consciente des carences habituelles du genre en termes d’action, la cinéaste est allée chercher Gary Powell, cascadeur et coordinateur de scènes d’action chevronné (Casino Royale, 47 Ronin, Ready player one…) pour chorégraphier les affrontements qui rythment le film et tenir le poste de réalisateur de seconde équipe. Le résultat à l’image est impressionnant : les scènes d’action sont intenses, extrêmement violentes, fluides, la topographie des lieux est bien déterminée et l’ensemble s’avère le plus souvent absolument jouissif et réellement impressionnant, à l’image de ce gunfight dans le restaurant à Vienne, spectaculaire, drôle et vraiment bien exécuté. On ne pourra pas non plus passer sous silence la force iconique des images quand il s’agit de faire du personnage d’Ivanna Sakhno un « bad guy » (ou une « bad girl » en l’occurrence) réellement formidable, inquiétante machine à tuer digne d’un comic book signé Garth Ennis ou Mark Millar, ou échappée d’un film d’action décomplexé à la John Wick.

Au final, L’espion qui m’a larguée réussit donc son pari sur les deux tableaux, provoquant à la fois régulièrement le rire en jouant habilement du déséquilibre entre les deux personnages principaux, mais aussi en proposant une série de scènes d’action efficaces et assez superbement torchées, qui ne détoneraient pas au cœur d’un « vrai » film d’action orienté espionnage, à la Jason Bourne ou Atomic Blonde. C’était loin d’être gagné d’avance, et on note de ce fait illico Susanna Fogel sur notre petite liste mentale des cinéastes dont on suivra avec le plus grand intérêt l’évolution de carrière : malgré le petit score du film au box-office français (156.000 entrées sur 341 copies en plein cœur de l’été), L’espion qui m’a larguée a tout de même engrangé 72 millions de dollars de recettes à l’international, ce qui devrait permettre à la réalisatrice d’envisager un retour derrière la caméra dans un avenir proche, même si une suite parait à priori exclue.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Côté Blu-ray, la galette de L’espion qui m’a larguée éditée par Metropolitan Vidéo envoie du lourd : l’éditeur français semble en effet se faire un point d’honneur à nous fournir en vidéo le meilleur rendu Haute-Définition possible, et en remet pour l’occasion un nouveau coup dans l’excellence technique. Le Blu-ray du film est tout simplement irréprochable côté image : le spectateur aura de quoi s’extasier, d’autant que la photo de Barry Peterson (21 Jump Street, Game night), sublimée par un encodage haute définition sans faille, est vraiment superbe – on notera d’ailleurs que le piqué ne souffre jamais de la basse lumière. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : les effets multicanaux vous feront à coup sûr sauter au plafond durant les scènes d’action. Les deux mixages audio, proposant la VO et la VF en DTS-HD Master Audio 5.1, passent tous deux d’ambiances discrètes et très finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants. La grande classe !

Dans la section suppléments, et outre les habituelles bandes-annonces de plusieurs comédies disponibles ou à venir sous la bannière de Metropolitan, on découvrira tout d’abord les coulisses du tournage dans un classique mais instructif making of contenant des images du tournage et des entretiens avec l’équipe. On continuera avec une featurette d’un peu moins de dix minutes consacrée à Gary Powell et à la mise en place des cascades et séquences d’action du film. Le reste des bonus sera placé sous le signe de la franche rigolade : on suivra d’abord une espèce de carnet de bord d’Hasan Minhaj, au cœur duquel il essaie de se lier d’amitié avec différents membres de l’équipe technique à Budapest ; l’ensemble est très amusant et on remarquera des apparitions de Sam Heughan et Ivanna Sakhno. On embrayera ensuite avec une dizaine de minutes de scènes coupées, pour la plupart très courtes, et dans l’ensemble assez amusantes. Pour terminer, on aura également droit au traditionnel bêtisier (plutôt marrant également) ainsi qu’à une poignée de scènes alternatives contenant beaucoup d’improvisations de Mila Kunis et Kate McKinnon – un module à la croisée des chemins entre les deux précédents dans le sens où les deux actrices semblent être leur premier public, et que leurs dérives comiques provoquent bien souvent l’hilarité générale. Du beau boulot.

 

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