Critique : Nous les coyotes

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Nous les coyotes

Etats-Unis, France : 2018
Titre original : We the coyotes
Réalisation : Hanna Ladoul, Marco La Via
Scénario : Hanna Ladoul, Marco La Via
Interprètes : Morgan Saylor, McCaul Lombardi, Betsy Brandt
Distribution : New Story
Durée : 1h27
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 12 décembre 2018

3.5/5

Pour son premier long métrage, le duo franco-américain Hanna Ladoul et Marco La Via s’est beaucoup inspiré de ce qu’ils ont vécu en arrivant à Los Angeles : un couple qui est persuadé que la Cité des anges va leur ouvrir les bras, que tout sera facile, et qui va très vite déchanté. Nous les coyotes faisait partie de la sélection ACID lors du dernier Festival de Cannes.

Synopsis : Amanda et Jake ont la vingtaine et veulent commencer une nouvelle vie ensemble à Los Angeles. Rien ne se passe comme prévu pour le jeune couple. Leur première journée dans la Cité des Anges va les emmener de déconvenues en surprises d’un bout à l’autre de la ville.

La première journée à Los Angeles

Jeune couple originaire de l’Illinois, Amanda et Jake ont décidé d’aller tenter leur chance à Los Angeles. Amanda a au programme un rendez-vous pour un entretien d’embauche, une tante va pouvoir les héberger le temps de trouver un logement, a priori tout va bien, le moral est au beau fixe. Sauf que la tante s’avère très désagréable et puritaine à l’excès : pas question que Amanda et Jake, qui ne sont pas mariés, dorment ensemble alors qu’il y a de jeunes enfants dans la maison. Quant à l’entretien d’embauche, il tourne à la farce : certes, Amanda fait très forte impression aux deux recruteurs au point qu’ils lui proposent une embauche : comme stagiaire, non rémunérée, … mais avec le droit d’utiliser gratuitement le parking et la piscine. « Je vais devoir travailler gratuitement ! », s’étrangle Amanda. « Non, pas gratuitement, simplement vous ne serez pas payée », lui répond-on très sérieusement. Et c’est ainsi que, de rencontres en difficultés plus ou moins graves, va se passer la première journée de Amanda et Jake dans la ville qui les faisait rêver.

Ce couple auquel on s’attache très vite réunit deux personnes aux origines et aux caractères très différents. Amanda vient d’une famille de la petite bourgeoisie du Middle West, elle a fait des études, elle est énergique et déterminée, souvent stressée, elle veut prouver qu’il lui est possible de couper les ponts avec une famille conservatrice. Jake vient d’un milieu plus modeste, il n’a a pas fait d’études, sans doute par manque de moyens financiers, il est très mal considéré par la famille d’Amanda qui le considère comme un « loser », voire, peut-être, un délinquant et il a une conception beaucoup plus détendue de l’existence. En tout cas, cette journée pleine de surprises et d’embuches va contribuer à fortifier leur couple et les faire entrer dans l’âge adulte.

Un miroir aux alouettes ?

Pour beaucoup, les Etats-Unis font rêver, Los Angeles fait rêver, Hollywood fait rêver. Et si, après tout, ce n’était que des miroirs aux alouettes. C’est en tout cas ce que montrent Hanna Ladoul et Marco La Via, de façon parfois comique, parfois beaucoup plus sérieuse. La réalisatrice et le réalisateur savent de quoi ils parlent : ils ont eux-mêmes vécu cette arrivée pleine d’optimisme à Los Angeles et les désillusions qui ont suivi. Quant aux anecdotes que raconte le film, elles proviennent de leur propre expérience ou de celles vécues par des amis à eux : la tante puritaine, la voiture à la fourrière, l’employé escroc, le musicien que le manque de moyens financiers contraint à dormir dans sa voiture, les logements miteux proposés à la location.

Le titre du film, Hanna Ladoul et Marco La Via l’expliquent ainsi : « Les coyotes sont très présents dans la ville de Los Angeles. Ils ont la particularité d’être des animaux sauvages qui coexistent avec les humains, parce qu’on a envahi leur habitat naturel. Ils errent majestueusement dans une ville hostile, à la recherche d’un peu de nourriture et d’un endroit où passer la nuit. Il nous semble qu’Amanda, Jake, et plus largement la jeunesse de Los Angeles et d’ailleurs partagent cet état d’esprit résilient et courageux face à un monde qu’on ne comprend pas et qui ne nous comprend pas toujours ». Se revendiquant du cinéma de John Cassavetes, Hanna Ladoul et Marco La Via viennent se placer auprès de Sean Baker (« Tangerine« , « The Florida project« ) dans une forme de cinéma indépendant d’une grande liberté d’écriture et qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat face aux injustices sociales. Dommage que le  film ait un peu trop tendance à tourner en rond durant le dernier quart d’heure !

Un excellent duo

Il est indéniable que le film doit beaucoup à la prestation du duo de comédiens choisi pour interpréter les rôles de Amanda et de Jake : Morgan Saylor n’était connue chez nous que pour sa prestation dans Homeland, Being Charlie, de Bob Reiner, le seul film où, jusqu’alors, elle avait joué un premier rôle, n’ayant pas été distribué dans notre pays. Les réalisateurs recherchaient  une comédienne qui soit banale dans son apparence tout en étant charismatique et captivante, leur choix s’avère particulièrement judicieux. Concernant le rôle de Keith, leur recherche s’orientait vers un comédien qui soit tout sauf lisse : leur choix s’est porté vers McCaul Lombardi, un comédien en pleine ascension, découvert dans des rôles secondaires dans American Honey et Patti Cake$ et qui, récemment, se montrait magistral dans un premier rôle, celui de Keith dans Sollers Point – Baltimore de Matthew Porterfield. Il confirme son talent dans Nous les coyotes !

Conclusion

Grâce à un duo de comédiens très convaincant, grâce à un sujet intéressant et peu souvent abordé, grâce à une grande liberté de ton dans la réalisation, le couple Hanna Ladoul et Marco La Via a réussi un premier long métrage très prometteur, même si le dernier quart d’heure du film n’est pas à la hauteur de ce qui précède.

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