Critique : Amanda

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Amanda

France : 2018
Titre original :
Réalisation : Mikhaël Hers
Scénario : Mikhaël Hers, Maud Ameline
Interprètes : Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h47
Genre : drame
Date de sortie : 21 novembre 2018

3/5

Un peu moins de deux après Ce sentiment de l’été, Mikhaël Hers continue son travail sur le deuil avec Amanda, son troisième long métrage. Ce deuil est ici très particulier, Amanda étant le premier film français à traiter le sujet des traumatismes post-attentat chez celles et ceux qui ont survécu ou qui y ont perdu un ou plusieurs êtres chers.

Synopsis : Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda.

 

Cueilli par un drame

A 24 ans, David n’est plus vraiment un adolescent, mais ce n’est pas encore vraiment un adulte. Immature et nonchalant, à tous points de vue, il se cherche ! C’est ainsi que, question boulot, il n’a pas encore vraiment choisi sa voie, étant élagueur pour la ville de Paris quand il ne fait pas visiter des logements à des touristes. Très proche de sa sœur Sandrine, mère célibataire de la petite Amanda, il lui arrive souvent de s’occuper de cette dernière lorsque la classe est finie mais c’est presque aussi souvent qu’il se présente en retard à la sortie de l’école. Quant à sa vie sentimentale, elle commence à prendre forme avec Lena, une de ses voisines.

L’été arrive et le bois de Vincennes accueille les parisiens qui souhaitent pique-niquer dans la nature. C’est ce qu’ont choisi de faire Sandrine et Lena, alors que le travail retient David à la gare de Lyon. D’une certaine façon, une chance pour lui car des terroristes islamiques frappent les pique-niqueurs du Bois de Vincennes. Si Lena fait partie des survivants, il n’en est pas de même pour Sandrine. Et voilà David, cet être immature, qui va se retrouver père de substitution d’une gamine de 7 ans, tout en gérant son propre deuil et en s’efforçant de fortifier sa relation avec Lena, très traumatisée par ce qu’elle a vécu. S’il a toujours entretenu de bons rapports avec Amanda, il va falloir franchir une étape, il va falloir, entre autre, se supporter sur la durée. Et, dans un premier temps, il va falloir apprendre le décès de sa mère à la gamine !

Les choix du réalisateur

Choisissant de parler des attentats qui ont endeuillé la France en 2015 et 2016, Mikhaël Hers a très heureusement choisi d’en « inventer » un plutôt que d’essayer de reconstituer ceux du 13 novembre 2015 et du 14 juillet 2016. Il a fait un autre choix, plus discutable : celui de montrer en pointillé un Paris post-attentat très lisse, trop lisse. En fait, ce qui, manifestement, l’intéressait avant tout, c’était la relation entre David et sa nièce ainsi que le microcosme familial et amical autour de David et d’Amanda : Axel, le copain fidèle ; Maud, la tante bienveillante ; Alison, la mère de David et de Sandrine, une mère qui est de retour alors que, des années auparavant, elle avait préféré partir vagabonder plutôt que de s’occuper de sa progéniture ; et, bien sûr, Lena, devenue si fragile.

Tout cela, le réalisateur le filme avec un talent certain. De même en ce qui concerne les moments où David parcourt  Paris sur son vélo. Cela n’empêche pas, toutefois de trouver dans ce film, comme dans le précédent, Ce sentiment de l’été,  un certain nombre de longueurs à la fois inutiles et nuisibles dans la mesure où elles font provisoirement chuter la tension qu’on ressent par ailleurs.

Une distribution féminine au top

Les personnages féminins sont très bien interprétés : Isaure Multrier, l’interprète d’Amanda, est parfaite, tout comme Stancy Martin, Lena dans le film, et Orphelia Kolb, dans le rôle de Sandrine. On a par ailleurs beaucoup de plaisir à retrouver Marianne Basler, l’interprète de Maud et, surtout, Greta Scacchi, devenue si rare au cinéma et qui joue ici le rôle d’une mère qui a préféré vagabonder plutôt que de s’occuper de sa progéniture. Bonne interprétation aussi de la ville de Paris et du moyen de transport qu’est le vélo. On sera un peu plus réservé en ce qui concerne Vincent Lacoste qui alterne ici le bon et le moins bon, apparaissant souvent à contre-emploi dans le rôle de David.

Conclusion

Presque 3 ans après un très ennuyeux Ce sentiment de l’été, Mikhaël Hers fait montre d’un progrès notable avec Amanda, film sur un sujet grave qui s’avère plutôt bien traité même s’il n’est pas exempt de certaines longueurs inutiles. La distribution est un des points forts du film, surtout côté féminin, Vincent Lacoste alternant le bon et le moins bon, dans la mesure où il apparaît parfois (souvent ?) à contre-emploi.

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