La grande combine
États-Unis : 1966
Titre original : The fortune cookie
Réalisation : Billy Wilder
Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond
Acteurs : Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Lou Jacobi
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 2h05
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 31 mai 1967
Date de sortie DVD/BR : 23 octobre 2018
Harry Hinkle, caméraman de télévision, est heurté par un arrière de 110 kilos alors qu’il filme un match de football américain. Il est transporté à l’hôpital où il apparait qu’il ne présente aucun traumatisme. Mais son beau-frère, avocat sans scrupule, lui conseille de jouer les paralysés afin d’obtenir des dommages et intérêts…
Le film
[4/5]
Développant un ton et un humour aussi vachards qu’indéniablement modernes, efficaces et bien sentis, La grande combine s’avère un des films les plus agressifs du duo Billy Wilder / I. A. L. Diamond. Charge puissante à l’encontre des valeurs de l’hypocrisie entourant la notion de « bonne morale » prônée par les nombreuses ligues de vertu américaines, le film s’avère en effet un réjouissant jeu de massacre, où le rire côtoie toujours cela dit un certain malaise. De fait, en s’acharnant à livrer le film le plus violemment vindicatif possible, les deux auteurs de Certains l’aiment chaud ou La garçonnière en oublient quelque peu de s’attarder sur l’indispensable empathie que pourrait ressentir le spectateur vis-à-vis des personnages du film.
Ainsi, les personnages de La grande combine manquent certainement un peu d’humanité, se limitant à de simples caricatures, la plu dominés par un seul et unique trait de caractère (machiavélisme, naïveté, faiblesse de caractère…), même si la fin du film tente, en vain, de prouver le contraire en se pliant à un retour fallacieux à un code de conduite plus « respectable ». De fait, La grande combine est probablement le film le plus mal-aimé de Billy Wilder : d’aucuns pourront en effet, à cause de cet aspect caricatural et sans concessions, trouver que le long-métrage puisse occasionnellement verser dans la misogynie, voire même le racisme.
Mais il serait vraiment dommage de bouder La grande combine : son cynisme et son acuité dans l’observation des travers des américains s’avèrent en réalité, encore aujourd’hui, tout à fait remarquable, au point que l’on en finisse par se dire qu’en cinquante ans, rien ne semble avoir réellement changé au pays de l’oncle Sam, gangrené par la course au profit et à l’argent facile. Et quelle alchimie, quelle finesse de jeu dans le duo Walter Matthau / Jack Lemmon ! Un film très très très méchant… à redécouvrir.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc sous les couleurs de Rimini Éditions que débarque La grande combine en Blu-ray : un nouveau film venant grossir les rangs de la vague de films de Billy Wilder restaurés sur support Blu-ray que nous propose l’éditeur français depuis quelques années maintenant (on vous invite également à lire nos tests de La garçonnière, Irma la douce et Embrasse-moi idiot). L’image s’avère de toute beauté, affichant un grain globalement plutôt préservé et un noir et blanc superbe : les contrastes sont fins et affirmés et le master semble avoir été débarrassé de tous les dégâts infligés par le temps (jaunissement, taches ou autres griffes…). Bref, la restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine évidemment, en VF comme en VO. Les dialogues sont clairs et bien découpés, sans souffle notable, et la musique est bien mise en avant.
Du côté des suppléments, on trouvera, outre un livret sur le tournage du film écrit par Marc Toullec, des bonus dans la plus parfaite cohérence avec les Blu-ray précédents de l’éditeur consacrés à Billy Wilder : on notera d’ailleurs qu’il s’agit de bonus inédits et produits en France par les équipes de Rimini Éditions. On commencera donc avec une conversation entre Mathieu Macheret et Fréderic Mercier, respectivement journalistes pour Le Monde et Transfuge, qui nous proposent au fil de leurs propos une intéressante analyse du film, tout en prenant bien soin de le replacer dans son contexte de tournage. Proposé en Haute-Définition, ce sujet riche et passionnant s’avère, comme toujours monté sur le style du débat d’idées, chacun des deux intervenants rebondissant avec talent sur les propos de l’autre. Enfin, on terminera avec la deuxième partie d’un entretien avec Paul Diamond, réalisé par Bertrand Tessier et entamé sur le Blu-ray d’Embrasse-moi idiot. Le fils du scénariste et collaborateur de Billy Wilder reviendra sur la deuxième partie de sa carrière, de La grande combine à Avanti ! en passant par La vie privée de Sherlock Holmes. Très intéressant !