Police puissance 7 / The seven-ups
États-Unis : 1973
Titre original : The seven-ups
Réalisateur : Philip D’Antoni
Scénario : Albert Ruben, Alexander Jacobs, Sonny Grosso
Acteurs : Roy Scheider, Tony Lo Bianco, Victor Arnold
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h43
Genre : Policier, Action
Date de sortie cinéma : 24 avril 1974
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2018
Buddy Manucci est un flic de New York aux méthodes brutales mais efficaces. Pour coincer ses ennemis, il se bat avec leurs propres armes. Lorsqu’un de ses collègues est assassiné, il décide de monter une troupe d’élite et déclare la guerre à la Pègre. Très vite ces justiciers se retrouvent surnommés les Seven-Ups par les malfrats. Alors qu’ils parviennent à liquider un gangster, un des assassins jure de se venger. Il parvient à kidnapper un des flics de la troupe et exige un échange contre un de ses camarades enlevé peu de temps avant…
Le film
[5/5]
Après une décennie de « flottement » artistique, durant laquelle différents cinéastes s’étant essayé au genre policier tentaient de se débarrasser, bon gré mal gré, des oripeaux du « Film Noir » qui avait régné sur le genre jusqu’à la fin des années 50, le renouveau du film policier a été assuré par le succès de L’étrangleur de Boston (Richard Fleischer, 1968) et de Bullitt (Peter Yates, 1968), qui furent rapidement suivis par une série de « grands » polars mettant en scène des personnages réalistes, humains, évoluant dans un univers contemporain d’un naturalisme absolu.
Si Richard Fleischer régnait en maitre incontesté sur le genre à l’époque, certains cinéastes ne désirant pas céder à la mode des films de braquage sont cependant parvenus à s’insinuer subrepticement dans ce polar d’un nouveau genre, plus noir et pessimiste mais également volontiers plus réactionnaire, et à livrer des films qui sont aujourd’hui considérés comme des classiques : on pense notamment à French connection (William Friedkin, 1971), L’inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), Le flic ricanant (Stuart Rosenberg, 1972), Echec à l’organisation (John Flynn, 1973), Les pirates du métro (Joseph Sargent, 1974), Les casseurs de gang (Peter Hyams, 1974) ou encore Police puissance 7 (Philip D’Antoni, 1973), la petite « bombe » de polar qui nous intéresse aujourd’hui.
Se déroulant dans une ville de New York filmée comme une véritable jungle urbaine, Police puissance 7 met donc en scène des flics utilisant des méthodes nouvelles (infiltration, arrestations musclées) qui ne sont finalement pas si différentes de celles utilisées par les gangsters. Le film est d’ailleurs souvent considéré comme un prolongement ou une suite officieuse à French connection, pour la bonne et simple raison que son réalisateur Philip D’Antoni était en fait le producteur de Bullitt et du film de William Friedkin, et envisageait Police puissance 7 comme le troisième film d’une trilogie. Il s’entoure donc grosso modo de la même équipe technique que sur le film de Friedkin, et déroule une intrigue au cœur de laquelle la tension monte crescendo, lentement mais sûrement, en direction d’un final forcément aussi violent que nihiliste.
Beaucoup moins « visible » de notre côté de l’Atlantique que ses deux grands frères Bullitt et French connection (le film était, à ce jour, toujours étrangement inédit en DVD), Police puissance 7 n’en détenait pas moins une très solide réputation auprès des amateurs de polars énervés qui l’avaient découvert en salles ou en vidéo durant les années 70 ou 80. Cette renommée est en partie liée à l’extraordinaire poursuite en voiture qui débarque à peu près à mi-métrage, et qui s’avère sans aucune contestation possible l’une des courses-poursuites les plus impressionnantes jamais tournées, comparables à celles que Friedkin a orchestré sur French connection ou Police fédérale Los Angeles (1985) : quasiment dix minutes de pur plaisir cinématographique au cœur d’une intrigue par ailleurs passionnante, limpide malgré des ramifications en apparence complexes.
Devant la caméra, on retrouvera avec plaisir le toujours excellent Roy Scheider, mâchoires serrées et regard noir, mais également Tony Lo Bianco (Les tueurs de la lune de miel, Meurtres sous contrôle), sans oublier bien sûr les « tronches » incroyables de Richard Lynch et Joe Spinell, deux acteurs que les amateurs de bis et de bandes bien déviantes connaissent et admirent tout particulièrement.
En deux mots comme en cent, Police puissance 7 s’avère plus qu’une simple démarcation sur le mythique French connection, il s’impose au contraire comme un prolongement du film de Friedkin, une espèce de variation sur le même thème développant d’autres enjeux et d’autres thématiques, et fonctionnant parfaitement de façon indépendante. Et surtout, quarante-cinq ans après sa sortie, le film demeure toujours une véritable claque cinématographique aussi violente – un « vrai » polar à l’ancienne, tendu, crasseux et sentant le caniveau. Du vrai polar comme on l’aime en d’autres termes !
Le Blu-ray
[5/5]
Enchaînant les coffrets Combo Blu-ray + DVD avec une belle régularité depuis quelques années maintenant, Wild Side a plus que jamais confirmé son statut d’acteur majeur dans le petit monde de l’édition vidéo en France, que cela soit en termes de qualité et de contenu éditorial. Police puissance 7 / The seven-ups débarque donc dans un nouveau coffret exceptionnel venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de coffrets « luxe » dédiés à différents films et réalisateurs – peu à peu au fil de ses sorties, l’éditeur s’est véritablement créé une collection remarquable, que l’on pourrait comparer à la prestigieuse collection « CRITERION » aux États-Unis.
Ce nouveau Combo Blu-ray + DVD de Police puissance 7 / The seven-ups comportera donc comme son nom l’indique à la fois le film sur support DVD et Blu-ray, en version restaurée 4K. Comme on pouvait s’y attendre, le film en Haute Définition bénéficie d’un upgrade assez époustouflant : le master est d’une stabilité exemplaire, le grain d’origine est préservé, la définition est le piqué sont considérablement accrus… C’est du très beau travail technique. On rechignera peut-être un brin sur les contrastes, qui auraient peut-être pu occasionnellement bénéficier d’un poil plus de punch durant les séquences les plus sombres. Qu’à cela ne tienne, c’est vraiment histoire de couper les cheveux en quatre : si vous n’avez jamais vu ou pas vu Police puissance 7 / The seven-ups depuis longtemps, le fait est que cette édition vous permettra de (re)découvrir le film de Philip D’Antoni dans les meilleures conditions possibles : la compression s’avère parfaite pour un portage qui crève régulièrement l’écran. Le caractère précis de la HD, la haute fluidité de l’image et la palette de couleurs y sont tout bonnement impressionnantes. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une nette domination de la version originale, plus naturelle et plus ample, la version française étant par ailleurs mixée assez bas, et nécessitera probablement de jouer un peu avec la molette de volume de votre ampli pour un confort acoustique optimal.
En plus d’être un bel objet, le coffret édité par Wild Side n’est d’ailleurs pas avare en suppléments et autres contenus réjouissants : le coffret comprend tout d’abord un beau livret de 120 pages très richement illustré de photos d’archives et rédigé dans un style agréable par Philippe Garnier. Sur la galette proprement dite, l’éditeur nous gâte à nouveau, avec plus de deux heures de suppléments, faisant intervenir une partie de l’équipe technique du film, dans des entretiens se révélant le plus souvent passionnants. On commencera avec un entretien avec Philip D’Antoni (21 minutes), qui évoque ses débuts dans le cinéma avant d’embrayer avec ses relations professionnelles avec William Friedkin et l’histoire de la production de Police puissance 7 / The seven-ups. Il reviendra également sur la trame imaginée à l’origine par Sonny Grosso et sur les similitudes / différences notables entre son film et French connection. Il terminera son intervention avec quelques mots sur Cruising et sur la semaine de vacances qu’il a pris après le tournage du film, qui s’est prolongée, de fil en aiguille, pendant 45 ans. On continuera avec un entretien avec Tony Lo Bianco (18 minutes) : l’acteur commence avec une anecdote fort amusante, expliquant comment il est tombé sur une annonce de casting recherchant un acteur « genre Tony Lo Bianco ». Il poursuivra en évoquant ses souvenirs de tournage ainsi que sur les différences entre son personnage dans French connection et son personnage dans Police puissance 7 / The seven-ups. On embrayera directement avec un entretien avec Randy Jurgensen, conseiller technique (25 minutes), qui évoquera longuement ses vingts ans en tant que flic au NYPD, sa première rencontre avec Philip D’Antoni et de ses débuts au cinéma, sur le tournage de French connection. On aura ensuite droit à deux sujets consacrés au tournage de la fameuse scène de poursuite en voiture : une featurette d’époque blindée d’images du tournage (9 minutes) ainsi qu’une featurette rétrospective réunissant les propos des trois intervenants cités plus haut (14 minutes). On terminera enfin avec un entretien inédit avec Fathi Beddiar, scénariste, réalisateur et historien de cinéma (38 minutes), qui évoque la véritable histoire de l’unité spéciale appelée les « Seven-ups », et dresse des passerelles entre la réalité, le film de Philip D’Antoni et la carrière de William Friedkin.