Test Blu-ray : Asylum + Histoires d’outre-tombe

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La firme Amicus, concurrente directe de Hammer Films dans les années 60/70 au Royaume-Uni, a produit une petite trentaine de films avant de s’éteindre en 1980, avec le film Le club des monstres. Si aucune des productions Amicus n’a jamais réussi à atteindre l’excellence des plus grands films de la Hammer dans les cœur des amateurs d’horreur classique, on comptera tout de même parmi ces films quelques petites réussites. Aussi bien devant que derrière la caméra, on retrouvait d’ailleurs au générique des productions Amicus plusieurs noms ayant contribué à donner ses lettres de noblesse à la Hammer : on pense au mythique duo composé par Peter Cushing et Christopher Lee, mais également aux réalisateurs Seth Holt, Freddie Francis et Roy Ward Baker, qui naviguaient d’un studio à l’autre.

Dans le but de se démarquer un peu des films de la Hammer, mais également peut-être pour des questions plus terre à terre liées aux budgets de production, les films produits par Amicus se déroulaient le plus souvent à l’époque contemporaine, contrairement à ceux de la firme concurrente, qui marquait un attachement très net au style « gothique ». De la même façon, la Amicus s’était plutôt fait une spécialité des films d’horreur « à sketches » ou anthologies. Tous deux réalisés en 1972, Asylum (Roy Ward Baker) et Histoires d’outre-tombe (Freddie Francis) s’imposent donc comme deux films à sketches typiques de la firme et de son savoir-faire dans le genre horrifique.

Asylum

Royaume-Uni : 1972
Titre original : –
Réalisation : Roy Ward Baker
Scénario : Robert Bloch
Acteurs : Barbara Parkins, Richard Todd, Sylvia Syms
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h28
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 8 mai 1974
Date de sortie DVD/BR : 18 septembre 2018

Afin d’obtenir un poste à responsabilité dans un asile psychiatrique réputé, Robert Martin se soumet à un examen de passage particulier : parmi les patients de l’établissement, il doit découvrir qui est le docteur Starr, l’un de ses deux directeurs. Un fou parmi les fous désormais. Et chacun des malades de lui raconter sa terrifiante histoire…

Histoires d’outre-tombe

Royaume-Uni, États-Unis : 1972
Titre original : Tales from the crypt
Réalisation : Freddie Francis
Scénario : Milton Subotsky
Acteurs : Joan Collins, Peter Cushing, Ralph Richardson
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h32
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 13 février 1974
Date de sortie DVD/BR : 5 septembre 2018

Dans les catacombes, cinq personnes entrent dans une pièce dont la porte se referme sur eux. Aux visiteurs, sachant que tous nourrissent de noirs desseins, le gardien de la crypte pose la question : « Quels sont vos projets d’avenir quand vous sortirez ? » Entre une meurtrière en prise avec un Père Noël psychopathe, le propriétaire puni par le fantôme du vieillard qu’il aura délogé, l’homme d’affaires piégés par trois voeux, un accidenté de la route appelé à revivre la même situation et le directeur d’un institut pour aveugles confronté à la colère de ses pensionnaires, chacun teste le monstre qui se cache en lui…

Les films

[4/5]

Comme son titre l’indique, Asylum se déroule dans un asile psychiatrique, et le film suivra un médecin de chambre en chambre, à l’écoute des récits morbides et fantastiques des patients de l’institut. Ces contes morbides sont issus de l’imagination de Robert Bloch, scénariste américain surtout connu pour avoir écrit le roman Psychose qui serait adapté au cinéma par Alfred Hitchcock. Par ailleurs, on ne pourra que soulignait que Robert Bloch connaissait extrêmement bien le genre du format court à tendance macabre, puisqu’il avait déjà signé au début des années 60 plusieurs histoires et scénarii pour les séries Thriller et Alfred Hitchcock présente. Ce savoir-faire se ressent au visionnage d’Asylum, qui nous propose des histoires dégraissées mais solides, allant directement à l’essentiel tout en proposant des caractérisations de personnages assez remarquables.

On ajoutera à cela le talent de metteur en scène de Roy Ward Baker, qui avait déjà en 1972 signé quelques grands classiques pour la Hammer (Les monstres de l’espace, The vampire lovers…), et qui parvient ici à tirer de véritables merveilles du budget étriqué alloué au film par l’imagination et une certaine ingéniosité dans les cadrages et le système D – comme en témoigne ce plan génial du bras empaqueté dans le congélateur saisissant à la gorge le personnage incarné par Richard Todd ! Bref, Asylum s’avère un film horrifique à sketches absolument réjouissant, ayant plutôt bien encaissé les années et s’appréciera aujourd’hui avec toujours autant de plaisir.

Histoires d’outre-tombe en revanche ne fut pas écrit par Robert Bloch : il s’agit de l’adaptation « officielle » de plusieurs histoires imaginées par Al Feldstein, Johnny Craig et William M. Gaines dans les années 50 pour les publications EC Comics Tales from the crypt, The haunt of fear et The vault of horror. Trois sketches présents dans le film seront d’ailleurs à nouveau adaptés, avec parfois quelques modifications, au cœur de la série Les contes de la crypte, diffusée sur HBO entre 1990 et 1996 (et de façon très désordonnée sur M6 à partir de 1993).

Le charme de ces récits surannés et macabres est bel et bien au rendez-vous, et nous aurons même droit à un « crypt keeper » en la personne de Ralph Richardson, assurant le lien entre les différentes histoires. L’ensemble est certes inégal, mais demeure une belle réussite de film fantastique, s’inscrivant parfaitement dans le rythme et le style formel très classique des productions horrifiques de l’époque. On notera bien sûr la présence au générique de Joan Collins, future star de la série Dynastie, et de l’incontournable Peter Cushing, qui incarnera dans Histoires d’outre-tombe, pour l’unique fois de sa longue carrière, un personnage qui finira sous la forme d’un mort-vivant…

Les Blu-ray

[5/5]

Disponibles chez ESC Éditions dans de superbes digibooks dénotant une fois de plus du soin apporté par l’éditeur français afin de fournir au consommateur des éditions Combo Blu-ray / DVD qui soient également de « beaux objets » de collection, Asylum et Histoires d’outre-tombe s’offrent donc un lifting Haute Définition sur galette Blu-ray, qui rendent ces deux films à redécouvrir à tout prix.

Du côté des masters, et aussi bien côté image que côté son, l’éditeur nous propose des éditions de très bonne tenue ; les deux films sont présentés dans leurs formats respectés et en 1080p. La restauration a certes laissé passer pas mal de scories dues au temps (taches et autres points blancs), mais l’ensemble est tout à fait recommandable. Les deux films affichent une belle stabilité, et l’encodage préserve globalement la granulation d’origine, avec une définition surprenante et de belles couleurs parfaitement retranscrites. On notera quelques petits « décrochages » épars, et quelques rares chutes brutales de définition, mais on redécouvre littéralement les deux films ; Histoires d’outre-tombe demeurait de plus à ce jour complètement inédit en France en DVD. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, dans les deux cas parfaitement clair, net et précis (et en VO uniquement dans le cas d’Asylum).

Côté suppléments, on retrouvera donc avec plaisir, pour chaque film, un livret de 16 pages par Marc Toullec intégré au boîtier (digibook). Les deux galettes nous proposent également la même présentation de la firme Amicus par Laurent Aknin, critique et historien du cinéma spécialisé dans le Bis ou « cinéma de quartier ». Laurent Aknin livrera également une présentation du film pour chacun des deux Combos Blu-ray / DVD. On notera que le critique semble émettre une nette préférence pour Asylum, sur lequel il reviendra assez longuement dans un sujet intitulé « Horreur psychiatrique ». Concernant Histoires d’outre-tombe, il évoquera les publications de chez EC Comics avant de de démontrer que les limites du film sont intrinsèquement liées aux limites de cinéaste de Freddie Francis. Bien sûr, ces assertions sont sujettes à débat, puisque bien des fans de la Hammer considèrent Francis, grand créateur de formes devant l’éternel (qu’il évolue au poste de metteur en scène ou à celui de directeur photo), comme l’un des réalisateurs ayant le plus marqué la firme britannique de son empreinte visuelle.

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