Vengeance à quatre mains
Allemagne : 2017
Titre original : Die Vierhändige
Réalisation : Oliver Kienle
Scénario : Oliver Kienle
Acteurs : Frida-Lovisa Hamann, Friederike Becht, Christoph Letkowski
Éditeur : ARP Sélection
Durée : 1h31
Genre : Thriller
Date de sortie DVD : 4 septembre 2018
Enfant, Jessica a promis à sa petite sœur de la protéger quoiqu’il arrive, après qu’elles aient été témoins d’un crime brutal. Mais cette promesse a viré à l’obsession, et Jessica est devenue paranoïaque, au point d’étouffer Sophie, qui désire vivre sa vie normalement. À la mort de Jessica, Sophie croit être libérée de l’emprise de sa sœur mais elle découvre qu’elle est encore là, en elle…
Le film
[4/5]
Pour celles et ceux qui n’auraient pas vu un seul film fantastique depuis une vingtaine d’années, le « twist » est une structure narrative selon laquelle un élément inattendu, le plus souvent en fin de métrage, amène le spectateur à voir l’histoire sous un angle différent et le pousse vers une nouvelle interprétation de l’ensemble. Popularisée au cinéma tout au long des années 90 avec des films tels que Usual suspects (1995) et surtout Sixième sens (1999), cette coquetterie stylistique est ensuite devenu une espèce de « passage obligé » dans le genre fantastique, et tout particulièrement en ce qui concerne les rares films fantastiques en provenance d’Europe.
Les autres (2001), À la folie pas du tout (2002), Haute tension (2003), Saint-Ange (2003), Fragile (2005), Shrooms (2007), L’orphelinat (2007), Eden Lake (2008), Dorothy (2008), Ne te retourne pas (2009), Les yeux de Julia (2010), Insensibles (2012), Goodnight Mommy (2014), Night fare (2015)… Cette petite liste des films européens comportant un « twist » en leur sein est loin d’être exhaustive. Si ce procédé narratif peut certes agacer dans le sens où il est quasiment devenu un automatisme (au point même qu’il tend parfois à biaiser notre perception du film), on admettra tout de même qu’il sous-entend presque toujours un travail tout particulier sur le scénario, de façon à ce que le film ne manque pas de cohérence une fois le pot aux roses dévoilé.
Film allemand navigant à mi-chemin entre le thriller et le fantastique pur, Vengeance à quatre mains comporte évidemment et inévitablement un « twist » dans sa narration ; cependant, on ne pourra que saluer le scénariste / réalisateur Oliver Kienle qui parvient à nous livrer un retournement narratif assez inattendu – ou du moins assez éloigné de celui auquel on aurait pu s’attendre. Développant un récit tendu et extrêmement violent autour de la schizophrénie de son héroïne, changeant alternativement entre sa personnalité et celle de sa sœur décédée, Vengeance à quatre mains s’impose sans peine grâce à une mise en scène maîtrisée et un sens du cadre et de l’image tout à fait remarquables. Si la photo du film signée Yoshi Heimrath (un nom à retenir !) y est probablement pour beaucoup, on ne pourra que s’incliner devant la beauté de certains plans, notamment ceux présentant la maison des deux sœurs, majestueuse et inquiétante demeure plantée au milieu d’une zone industrielle, évoquant autant les tableaux d’Edward Hopper que l’étrange maison imaginée par Sylvain Chomet dans Les triplettes de Belleville (2002).
Habile et parfaitement conscient des attentes du spectateur (et notamment donc en ce qui concerne un éventuel « twist » dans le récit), Oliver Kienle choisit de le manipuler, de l’emmener dans des directions qui se révéleront autant d’impasses que de fausses pistes, et multipliant les possibilités d’interprétation. Inconnues chez nous, les actrices choisies pour incarner les deux sœurs, Frida-Lovisa Hamann et Friederike Becht, portent littéralement le film sur leurs épaules. Le rythme est soutenu, les ellipses de la première partie du récit apportent à Vengeance à quatre mains une intensité inattendue, et l’ensemble s’avère par conséquent absolument et définitivement recommandable. On ne serait d’ailleurs pas étonné outre mesure qu’Oliver Kienle soit dans un avenir proche invité à développer un remake Hollywoodien de son film…
Le DVD
[4/5]
Faisant indéniablement partie des bonnes surprises du marché de la vidéo de l’année 2018, Vengeance à quatre mains arrive en DVD sous les couleurs d’ARP Sélection. Et comme à son habitude, l’éditeur français nous propose ici un encodage nous proposant une très belle facture technique, avec un piqué précis une colorimétrie absolument superbe. Le grain cinéma est respecté à la lettre, bref, il s’agit là d’un rendu optimal, prenant en considération les limites d’un encodage en MPEG-2 et rendant parfaitement justice à la belle photo du film. Côté son, ARP Sélection nous propose de découvrir à la fois que la VO allemande et la VF en Dolby Digital 5.1. Les deux mixages révèlent nombre de détails étonnants, qui renforcent l’ambiance générale du film, et donc l’immersion pour le spectateur. Le doublage de la version française est par ailleurs assez soigné.
Dans la section suppléments, on trouvera uniquement la bande-annonce du film, à la fois en VO et en VF. Dommage, on aurait aimé en découvrir un peu plus sur le contexte de production du film ainsi que sur la préparation des actrices.
Merci pour le spoiler qui dévoile trop : « autour de la schizophrénie de son héroïne, changeant alternativement entre sa personnalité et celle de sa sœur décédée » ! Sincèrement, lorsqu’on écrit une critique sur un film contenant un twist, l’élégance veut que l’on sache évoquer sans divulguer !
Bonjour KLM69, le twist n’est pas celui que vous pensez, et la schizophrénie de l’héroïne ne constitue pas le retournement principal de l’histoire du film, mais plutôt sa base, son point de départ. Cet élément de l’intrigue est en effet révélé dès les premières minutes du film, et s’avère même proposé au cœur du résumé disponible sur la jaquette du DVD, également disponible en haut de l’article : « À la mort de Jessica, Sophie croit être libérée de l’emprise de sa sœur mais elle découvre qu’elle est encore là, en elle ». A partir de ce point de départ, le film réservera d’autres surprises…