Scorpio
États-Unis : 1973
Titre original : –
Réalisation : Michael Winner
Scénario : Gerald Wilson, David W. Rintels
Interprètes : Burt Lancaster, Alain Delon, Paul Scofield
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h50
Genre : Thriller, Espionnage
Date de sortie cinéma : 11 avril 1973
Date de sortie DVD : 21 août 2018
Synopsis : Cross, un agent confirmé de la CIA, a autrefois pris sous son aile Laurier, une nouvelle recrue, et lui à tout appris au sujet de l’espionnage. Aujourd’hui coéquipiers, le vétéran ressent que ses supérieurs se montrent distants à son égard et il ne se trompe pas. En effet, ils ont chargé son ancien élève de l’éliminer ! Cross s’enfuit alors à Vienne pour retrouver un ami travaillant pour les services secrets soviétiques…
Le film
[3.5/5]
1973 : aux États-Unis, c’est toujours le règne des énormes berlines, Cadillac, Lincoln, Pontiac, … En France, quand le réalisateur d’un film américain montre une boucherie, il s’agit d’une boucherie chevaline ! C’est aussi la période du Watergate et, bien sûr, on est toujours en pleine guerre froide entre les États-Unis et l’URSS, même si, en 1972, on été signés les traités SALT I entre ces 2 puissances. En 1973, on en est au 8ème film de la saga James Bond, Vivre et laisser mourir. C’est un tout autre visage du film d’espionnage que nous montre Michael Pearce dans Scorpio : ici, pas d’effets spéciaux, des décors et des lieux traités avec beaucoup de réalisme, beaucoup plus de psychologie chez les personnages. Bien qu’elle ait accepté que des scènes du film soient tournées dans ses locaux, la CIA n’est pas montrée de façon très positive, avec son comportement digne d’une organisation criminelle, ses querelles internes et ses accusations pas forcément fondées. Comme celle à l’encontre de Cross, un agent très expérimenté qui a connu la lutte contre le fascisme durant la guerre d’Espagne puis celle contre le nazisme durant la 2ème guerre mondiale. Des combats qui, alors, l’ont amené à lier des liens très forts avec Sergei Zharkov, un agent du KGB, ce qui peut expliquer qu’il soit considéré comme un agent double dans les hautes sphères de la CIA.
Qui la CIA va-t-elle désigner pour le pourchasser et l’éliminer ? Tout simplement Jean Laurier, un jeune agent que Cross a formé, un homme acceptant difficilement d’être commandé par des gens qu’il considère comme des incapables, un homme qui aime les chats tout en étant capable de tuer sans scrupule. Son gros point fort : il est capable de deviner toutes les réactions de Cross aux pièges qui lui sont tendus. De Paris à Washington en passant par Vienne, le piège se referme.
Film d’action se déroulant dans un monde sans morale, film dans lequel le pessimisme est associé au cynisme, Scorpio est aussi un film qui présente quelques sujets d’étonnement. C’est le cas lorsqu’on s’aperçoit que déjà, il y a 45 ans, des hommes comme Cross et Zharkov se considéraient déjà comme des dinosaures ayant à faire face à une nouvelle génération d’espions faite d’hommes utilisant des gadgets sophistiqués, de techniciens qui se contentent d’appuyer sur des boutons ! C’est aussi le cas lorsque, dans une conversation entre Cross et Zharkov, interviennent dans ce film américain l’évocation des idéaux du communisme et la façon dont ils ont été dévoyés par le stalinisme.
En reconstituant, 10 ans après Le Guépard, le duo Burt Lancaster – Alain Delon, Michael Winner était probablement conscient d’avoir touché le ticket gagnant. Si le fait de voir Delon, 37 ans lors du tournage, exécuter lui-même un certain nombre de cascades n’est pas vraiment surprenant, il n’en est pas de même concernant Burt Lancaster qui, lui, avait alors près de 60 ans. N’oublions pas, toutefois, que Burt était un grand sportif et qu’il avait été acrobate dans un cirque avant de se lancer dans le cinéma.
Le DVD
[4/5]
Il n’y a pas grand chose à dire sur la partie « technique » du DVD édité par ESC Éditions et, encore moins, à redire : la restauration est de très bonne qualité, avec, en particulier, un très bon rendu des couleurs et de bons contrastes. Quant au son, VO sous-titrée et VF sont disponibles en Dolby Digital 2.0 mono.
Deux suppléments pleins d’intérêt viennent compléter le film. Tout d’abord une analyse du film d’une durée de 23 minutes, réalisée avec le concours d‘Olivier Père, responsable du département cinéma de Arte France. Cette analyse replace Scorpio dans son époque et dans la filmographie de Michael Winner, son réalisateur. Le second supplément, intitulé « La fin des idéologies », d’une durée de 20 minutes, convoque le critique et réalisateur Jean-Claude Missiaen. Le titre est trompeur car les idéologies y sont très peu abordées. Par contre, au moment du tournage de Scorpio, Jean-Claude Missiaen était attaché de presse des Artistes Associés, distributeurs du film, et sa présence sur le tournage lui permet de nous fournir de nombreuses anecdotes. Celle-ci, par exemple : le réalisateur Michel Winner, Burt Lancaster et Alain Delon étaient tous les 3 nés sous le signe du … scorpion.
Le Blu-ray
[4/5]
S’il n’est certes pas de première fraicheur (quelques taches et autres petits points blancs), le master Haute Définition de Scorpio, proposé en 1080p, a quand même une sacrée patate. Riche d’une gestion des couleurs et surtout des noirs assez bluffante, le Blu-ray édité par ESC Éditions affiche un beau piqué et une belle stabilité. On perd un peu en définition sur certains plans en basse luminosité, mais la galette rend globalement plutôt justice à la belle photo du film typiquement 70’s signée Robert Paynter. Des deux pistes VF/VO toutes deux disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0, on choisira sans hésiter la version anglaise – même si la nostalgie nous attire toujours vers ces VF ayant bercé notre enfance, force est de constater que la VO est plus dynamique et ample que sa petite sœur française.
Les (excellents) suppléments sont les mêmes qu’il s’agisse du DVD ou du Blu-ray : une analyse du film par Olivier Père, et les souvenirs du tournage de Jean-Claude Missiaen, passionnant scénariste / réalisateur de polars dans les années 80 (Tir groupé, Ronde de nuit), qui officiait à l’époque en tant qu’attaché de presse.