Battleship Island
Corée du Sud : 2017
Titre original : Gun-ham-do
Réalisation : Ryoo Seung-wan
Scénario : Ryoo Seung-wan, Shin Kyoung-ill
Interprètes : Jung-min Hwang, Ji-seob So, Joong-Ki Song
Éditeur : HK Vidéo
Durée : 2h12
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 14 mars 2018
Date de sortie DVD/BR : 18 juillet 2018
Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs centaines de Coréens sont emmenés de force sur l’île d’Hashima par les forces coloniales japonaises. L’île est un camp de travail où les prisonniers sont envoyés à la mine. Un résistant infiltré sur l’île élabore un plan d’évasion géant, afin de sauver le plus grand nombre de prisonniers possible…
Le film
[4/5]
Tenant autant d’un nécessaire devoir de mémoire que du règlement de comptes en bonne et due forme vis-à-vis du Japon, Battleship Island revient sur une période sombre de l’Histoire de la deuxième Guerre Mondiale : l’évasion de plusieurs centaines de travailleurs forcés coréens détenus sur l’île japonaise d’Hashima, un camp de travail décrit dans le film de Ryoo Seung-wan comme un véritable camp de concentration aux conditions de vie inhumaines. Si le film a naturellement créé la polémique au Pays du soleil levant, Battleship Island a néanmoins rencontré un succès phénoménal au box-office sud-coréen, avec plus de six millions d’entrées.
Distribué dans une seule et unique salle en France, le film a forcément attiré beaucoup moins de monde dans l’hexagone (un peu moins de 3000), mais n’en demeure pas moins un sacré beau morceau de péloche. Si l’on pourra forcément avoir quelques réserves quant à la représentation un poil manichéenne des japonais, Battleship Island s’avère un véritable condensé de tout ce qu’on aime dans le cinéma Sud-Coréen contemporain : esthétisme, brutalité, humanité et humour omniprésent, qui contraste de façon claire et nette avec la barbarie des actes qui nous sont présentés, et avec les conditions de (sur)vie du petit groupe de personnages principaux.
Typique du cinéma en provenance du pays du matin calme, Battleship Island mélange les genres avec un certain bonheur, de l’humour absurde au pathos le plus larmoyant, tout en gardant une complète homogénéité, tout en nous proposant également une réalisation d’une élégance et d’une sophistication rares, avec une utilisation habile de la musique (avec un hommage inattendu à Sergio Leone et Ennio Morricone en fin de métrage !), une poignée de plans visuellement sublimes et marquants (l’ombre du bombardier survolant l’île), et surtout la direction photo littéralement somptueuse.
Au final, le film de Ryoo Seung-wan s’impose donc comme un film de guerre radical, efficace, très noir, par moments étrangement poétique et parsemé d’éclairs de violence. Une belle réussite !
Le Blu-ray
[4/5]
Éditeur français dont les sorties demeurent rares (et donc précieuses), HK Vidéo nous invite aujourd’hui à découvrir Battleship Island sur support Blu-ray. Comme à son habitude, l’éditeur nous propose un master assez sublime : piqué, contrastes, couleurs, profondeur de champ… Tout est au taquet, et admirablement géré ; le niveau de détail est élevé, et malgré les nombreuses scènes nocturnes, les noirs ne faiblissent jamais, denses et profonds. En deux mots comme en cent, tout est parfait, c’est du très beau travail technique. Niveau son, l’éditeur se révèle également fidèle à ses habitudes, en nous offrant deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1, à la fois sur la version originale et sur la version française ; les mixages sont d’un dynamisme très bourrin, les canaux arrière et le caisson de basse sont sollicités de façon très régulière, et le tout s’avère tout particulièrement efficace lors du dernier tiers du film, très riche en destructions en tous genres.
Dans la section bonus, on trouvera, outre les bandes-annonces éditeur, une featurette promotionnelle revenant sur la genèse du film : les membres de l’équipe et du casting s’y expriment de façon relativement consensuelle sur l’aspect « historique » du métrage. On terminera avec un entretien avec Ryoo Seung-wan, enregistré lors du festival de Sitges, et durant lequel le cinéaste revient, entre autres, sur les raisons l’ayant poussé à utiliser le morceau d’Ennio Morricone « The ecstasy of gold », initialement composé pour le film de Sergio Leone Le bon, la brute et le truand.