Test Blu-ray : Runaway train

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Runaway train

États-Unis : 1985
Titre original : –
Réalisation : Andrei Konchalovsky
Scénario : Djordje Milicevic, Paul Zindel, Edward Bunker
Acteurs : Jon Voight, Eric Roberts, Rebecca De Mornay
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h51
Genre : Action, Thriller
Date de sortie cinéma : 21 mai 1986
Date de sortie DVD/BR : 26 juin 2018

Manny et Buck parviennent à s’échapper de prison. Leur fuite est très compliquée et dangereuse car ils sont au beau milieu de l’Alaska, région aux conditions climatiques glaciales. Toutefois, ils rejoignent une gare et montent à bord d’un train. Malheureusement pour eux, le conducteur est victime d’une crise cardiaque et les freins du convoi ne répondent plus ! La vitesse ne cesse d’augmenter et personne ne semble capable de la faire redescendre…

Le film

[4/5]

Si d’aventure, au milieu des années 90, vous aviez émis l’idée qu’un film de la Cannon produit par Yoram Globus et Menahem Golan ferait un jour l’objet d’une reprise dans les salles françaises, il y a fort à parier qu’on vous aurait copieusement ri au nez. Pourtant, vingt-cinq ans après que le studio ait produit son tout dernier film, les choses paraissent bien différentes : la génération de gamins bagarreurs ayant grandi avec les films estampillés Cannon ressentent tous forcément une vague nostalgie pour cette époque où, semble-t-il, on pouvait tout faire et tout dire sans créer d’immédiates levées de boucliers de la part de tous les censeurs ayant raté leur vocation. La Cannon est donc parvenue en quelques années à redorer son blason, au point que certains cinéphiles vouent aujourd’hui un culte ardent au cinéma de Yoram Globus et Menahem Golan.

En attendant une hypothétique reprise de Cobra dans les salles françaises (croisons les doigts !), c’est Runaway train, l’actioner cuvée 1985 de Golan-Globus, qui avait inauguré courant 2013 en France un cycle de reprises du patrimoine de la Cannon en repointant le bout de son nez ferrailleux dans les salles obscures. Cinq ans plus tard, c’est le Blu-ray du film qui débarque chez ESC Éditions – éditeur « sympathisant » de la Cannon puisqu’il nous avait déjà offert l’année dernière le plaisir intense de redécouvrir en Haute Définition la trilogie Ninja (lire notre article). La sortie en Blu-ray de Runaway train est donc une excellente nouvelle, qui permettra aux retardataires de découvrir le premier effort d’Andreï Konchalovsky dans le genre du thriller nerveux lorgnant vers le gros bourrinage des familles. Un film d’hommes signé quelques années seulement avant le cultissime Tango & Cash, sur lequel il rencontrerait de nombreux problèmes et « divergences de point de vue » avec ses producteurs.

Allergiques aux années 80, passez votre chemin : Runaway train se savoure entre personnes de goût. Et pour ce faire, il vous faudra savoir apprécier à leur juste valeur plusieurs éléments capitaux du film d’action à l’ancienne. A savoir des héros musclés, exhibant sans complexe leurs muscles saillants et huilés (Eric Roberts s’offrait son petit moment de gloire lors d’un match de boxe où il affrontait, en prison bien sûr, un Danny Trejo qui n’avait pas encore rencontré Robert Rodriguez), une intrigue phallocentrée et linéaire, proche du buddy-movie avec un méchant sadique et impitoyable, et des lignes de dialogues essentiellement composées de grossièretés et autres punchlines tellement graveleuses et/ou misogynes qu’on n’oserait même plus les porter aujourd’hui sur un T-Shirt.

Bref, autant dire que Runaway train n’est vraiment un film ni pour ma maman, ni pour les lecteurs de Positif, mais bel et bien le témoignage d’une époque révolue, où les héros de films d’action posaient littéralement leurs couilles sur la table entre deux éructations obscènes. Une conception du cinéma qui nous convient parfaitement !

Le Blu-ray

[4,5/5]

N’en déplaise aux chantres de la classe et de la distinction, Runaway train s’offre donc aujourd’hui une édition Blu-ray, et du côté du transfert Haute Définition, c’est du tout bon que nous propose ESC Éditions : on ne dénotera pas le moindre petit problème de compression, le piqué est précis et la définition solide, les gammes de couleurs sont globalement bien rendues, de même que les noirs, profonds comme une pensée de Michel Onfray. Côté son, la VO comme la VF sont mixées en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine et de belle tenue générale : équilibrées et dynamiques. On notera bien sûr que les cinéphiles ayant découvert le film sur les bancs de la maternelle se tourneront vers la version française, afin de retrouver un film fidèle à leurs souvenirs de gosses. Le délicieux doublage français était assuré, entre autres, par Dominique Collignon-Maurin (la voix française de Nicolas Cage), Marc de Georgi (la voix française de Brian Dennehy, mais également doubleur de Bob Hoskins dans Roger Rabbit) ou encore Pierre Hatet (la voix française de Christopher Lloyd). Du côté des femmes, on retrouvera la voix aiguë et éraillée de la trop rare Françoise Dasque, qui doublait Jennifer Jason Leigh dans Hitcher, Ally Sheedy dans Short circuit ou encore Holly Hunter dans Arizona Junior.

Du côté de la section suppléments, l’éditeur nous propose une présentation du film assurée par Fernand Garcia et revenant en un peu moins d’une demi-heure sur le parcours d’Andreï Konchalovsky. Le journaliste de KinoScript évoque donc la carrière hors normes d’un cinéaste ayant effectué au fil des films une espèce de « grand écart » artistique : après des débuts extrêmement ambitieux et intellectuels aux côtés d’Andreï Tarkovski, Konchalovsky slalomera en effet entre les films dits « d’auteur » et les films américains placés sous le signe du divertissement populaire. Il abordera assez longuement Runaway train avant de terminer avec quelques mots sur la dernière expérience américaine du cinéaste, Tango & Cash, qui s’est assez mal déroulée dans le sens où le cinéaste sera remercié et le film « terminé » par un autre cinéaste.

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