Critique : JSA – Joint Security Area

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JSA – Joint Security Area

Corée du Sud : 2000
Titre original : Gongdong gyeongbi guyeok JSA
Réalisation : Park Chan-Wook
Scénario : Park Chan-Wook, Jeong Seong-san, Kim Hyun-seok, Lee Mu-yeong d’après le roman de Park  Sang-yeon
Interprètes : Kim Myoeng-su, Song Kang-Ho, Yeong-ae Lee
Distribution : La Rabbia
Durée : 1h50
Genre : drame
Date de sortie : 27 juin 2018

4/5

On connait peu la filmographie du réalisateur coréen Park Chan-Wook antérieure à sa trilogie de la vengeance, commencée en 2002 avec Sympathy for Mr. Vengeance (2002). C’est ainsi que JSA– Joint Security Area, le film précédant cette trilogie et qui date de 2000, n’avait eu droit, en France, qu’à une sortie en DVD, et seulement en 2009 ! Grâce à La Rabbia, il va être enfin possible de le voir en salle, qui plus est dans une version restaurée 4K.

Synopsis : A la suite d’une fusillade dans la Zone Commune de Sécurité (Joint Security Area) séparant les deux Corée : deux soldats de l’armée nord-coréenne sont retrouvés morts. Cette affaire donne lieu a un incident diplomatique majeur entre les deux pays. Afin que la situation ne dégénère pas, une jeune enquêtrice suisse est chargée de mener les auditions des soldats qui étaient en poste… Elle se rend très vite compte que les divers témoignages rendent l’enquête complètement indémêlable… Que s’est-il vraiment passé, ce soir-là, entre les soldats des deux Corée, dans la Zone Commune de Sécurité ?

La recherche de la vérité

La Corée, ou, plutôt, les Corée, c’est une région du monde que nous, qui en sommes très loin, connaissons de mieux en mieux, en particulier grâce au cinéma. Certes, nous ne sommes pas encore très familiers avec la JSA (Joint Security Area), qu’on appelle en français la ZCS (Zône Commune de Sécurité) et qui, étant une zone sous contrôle de l’ONU située dans la zone démilitarisée (DMZ) à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, est le seul point de passage existant sur cette frontière. Et si vous êtes capable, sans être passé par Wikipédia, de prouver vos connaissances concernant la Commission Neutre de Surveillance en Corée et le Camp Bonifas, qui abrite le « United Nations Command Security Battalion, c’est que vous êtes un expert en géopolitique ou que vous avez été un touriste très sérieux en Corée.

En tout cas, soyez rassuré.e, le film de Park Chan-Wook permet à tous les spectateurs de se mettre à niveau sur ces questions, dans ce qui est à la fois un film policier et un film politique. Que s’est-il passé dans cette zone de sécurité pour aboutir à la mort violente de deux militaires nord-coréens ? Comment se fait-il que le nombre de balles retrouvées ne corresponde pas au nombre de balles tirées ? Ce sont ces énigmes que Sophie E. Lang, d’origine coréenne, mais major de l’armée suisse, est chargée d’élucider. Une tâche qu’elle va s’efforcer d’exécuter avec calme et objectivité.

18 ans après : toujours d’actualité !

Avec tout ce qui se passe actuellement entre la Corée du Nord, la Corée du sud et les Etats-Unis, la première sortie dans les salles françaises de ce film vieux de 18 ans est particulièrement d’actualité. D’autant plus que les qualités de réalisateur de Park Chan-Wook sont telles que ce film donne vraiment l’impression d’avoir été réalisé il y a seulement quelques mois ! Il faut dire aussi que la sortie de ce film, en septembre 2000, a suivi de près un premier épisode de détente entre les deux Corée, avec, en juin 2000, la rencontre au sommet de Pyongyang entre le président sud-coréen, Kim Dae-jung et son homologue du nord Kim Jong-il. Manifestement, le réalisateur en a profité pour mettre de côté tout manichéisme et pour aborder les rapports qui peuvent s’établir entre supposés ennemis  en dehors des clivages sociaux ou politiques.

C’est avec une grande maîtrise que Park Chan-Wook arrive à faire coexister tension et humour dans son film, un exercice de funambule qui permet de rapprocher ce réalisateur de Tarantino, de Kitano et des frères Coen. Quant à la construction du film, elle fait appel à de nombreux flashbacks, ce qui, grâce à une remarquable science du montage,  permet au spectateur d’aller de surprise en surprise tout au long du film.

Dans l’excellent casting de JSA – Joint Security Area, on peut reconnaître un certain nombre de comédiens qu’on a eu déjà l’occasion de rencontrer, que ce soit dans d’autres films de Park Chan-Wook (par exemple Song Kang-Ho l’interprète du sergent Kyeong-pil Oh) ou dans de nombreux films de Hong Sang-Soo en ce qui concerne Tae-woo Kim. Quant à Yeong-ae Lee, qui interprète le rôle de Sophie, le seul personnage féminin du film, c’est elle qui a interprété Geum-ja, Lady Vengeance.

Conclusion

Il est étonnant que ce film ait attendu 18 ans pour sortir dans les salles de notre pays ! L’actualité 2018 concernant les deux Corée et les qualités cinématographiques de JSA -Joint Security Area, à coup sûr un des plus beaux films de Park Chan-Wook, doivent inciter un grand nombre de spectateurs à profiter de l’aubaine offerte par La Rabbia.

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