Garde alternée
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Alexandra Leclère
Scénario : Alexandra Leclère
Acteurs : Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h45
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 20 décembre 2017
Date de sortie DVD/BR : 9 mai 2018
Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie…
Le film
[3/5]
Avec son intrigue évoquant le « partage » d’un homme par deux femmes, Garde alternée évoquera forcément aux cinéphiles les thématiques chères au cinéma de Bertrand Blier. Durant sa première heure, le film d’Alexandra Leclère évitera d’ailleurs avec soin le registre de la comédie franchouillarde traditionnelle, préférant s’attarder sur une tonalité générale tragicomique très proche de l’esprit des films de l’auteur des Valseuses… Pour ceux qui auraient encore des doutes quant à l’hommage au cinéaste, on note que l’on retrouvera également cet équilibre précaire entre l’absurde et le drame dans le très curieux épilogue du film, qui prend place autour d’une piscine dans le Lubéron – difficile de ne pas y voir à nouveau une référence explicite au cinéma de Bertrand Blier, et notamment à son dernier film en date, Le bruit des glaçons.
En revanche, on ne peut pas forcément dire que cette filiation entre le film d’Alexandra Leclère et l’œuvre (pour le moins majeure !) de Bertrand Blier soit à l’avantage de Garde alternée. En effet, pendant toute la première partie du film, alors que l’intrigue demeure sur des rails plus ou moins « sérieux », le spectateur ne pourra que lever les yeux au ciel devant la platitude des dialogues et des situations, en se demandant de quel chef d’œuvre l’auteur de Tenue de soirée et de Trop belle pour toi aurait pu accoucher à partir d’un « pitch » de départ si croustillant.
Passée sa première moitié, l’intrigue de Garde alternée bifurque en revanche vers la « comédie de couple » contemporaine la plus classique qui soit, mi-cynique, mi-agressive et versant volontiers dans l’humour trash – le film nous propose un ensemble évoquant pêle-mêle d’autres comédies françaises récentes, tels que les deux Papa ou Maman, L’un dans l’autre, Sous le même toit ou encore Telle mère telle fille, le tout se vautrant régulièrement dans la vulgarité la plus excessive et la plus artificielle, sans jamais parvenir à déclencher le moindre rire du côté du spectateur.
Heureusement, Garde alternée est sauvé par son casting, qui parviendra même à réaliser l’exploit de rendre l’ensemble finalement assez attachant. Aux côtés d’un Didier Bourdon pas forcément des plus convaincants, on trouvera néanmoins Valérie Bonneton, qui ne force pas son talent en nous resservant la même prestation que dans la série Fais pas ci, fais pas ça, et la toujours très juste Isabelle Carré. Mais c’est surtout grâce à ses seconds rôles que le film d’Alexandra Leclère marquera des points, puisqu’on y retrouvera rien de moins qu’Hélène Vincent, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz ou Jackie Berroyer, tous aussi parfaits les uns que les autres.
Le DVD
[4,5/5]
C’est Wild Side qui vient de prendre l’initiative de sortir Garde alternée sur support Blu-ray et DVD, mais l’éditeur n’était malheureusement plus en mesure de nous fournir du matériel Haute Définition : notre test portera donc exceptionnellement sur le disque encodé en définition « standard ». Côté galette, l’éditeur au chat nous offre d’ailleurs un DVD de très haute volée : la photo du film, relativement passe-partout, est magnifiée par un master sans faille, avec une définition et un piqué à toute épreuve, dans les limites d’un encodage en définition standard bien-sûr. C’est donc un sans-faute côté image comme côté son d’ailleurs, puisque le mixage DTS 5.1 balance la purée avec puissance et dynamisme. La spatialisation a été bien travaillée, et si l’on n’est certes pas en présence du disque de démo pour épater la galerie, il propose tout de même une solide immersion au cœur du film.
La section suppléments nous propose de découvrir une série de scènes coupées, que l’on soupçonne, pour la plupart, d’avoir été écartées du montage final en raison de leur vulgarité. Wild Side nous propose également un entretien avec Alexandra Leclère mené par les équipes de FilmoTV, qui s’avère intéressant même si le journaliste menant l’interview s’avère très complaisant, alignant les courbettes comme si la filmographie de la jeune cinéaste concurrençait directement celle de Stanley Kubrick. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce du film.