Cannes 2018 : La tendre indifférence du monde

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La tendre indifférence du monde

Kazakhstan, 2018
Titre original : Laskovoe Bezrazlichie Mira
Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Scénario : A. Yerzhanov & R.J. Minneboo
Acteurs : Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev
Distribution : Arizona Distribution
Durée : 1h39
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : Prochainement

3,5/5

Présenté à Un Certain Regard

Deux films en provenance du Kazakhstan sont à l’honneur cette année à Cannes : Ayka de Sergey Dvortevoy en Compétition, et La Tendre indifférence du monde de Adilkhan Yerzhanov à Un Certain Regard. Ce dernier défini l’industrie cinématographique de son pays par sa « tendre indifférence à l’art du cinéma », et son film semble d’ailleurs être un peu passé sous les radars cannois. . C’est par hasard qu’on s’y est rendu, faute de pouvoir voir Un couteau dans le cœur le jeudi soir : le hasard fait (très) bien les choses. Embarquons ensemble pour l’Asie centrale.

Synopsis : La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.

Alors qu’il vit à la campagne, et que cela semble lui convenir, Kuandyk décide d’aller travailler en ville pour suivre Saltanat, la femme qu’il aime. Une histoire intemporelle, sans frontières, mais qui possède cette étincelle qui faisant sortir du lot le long-métrage d’Adilkhan Yerzhanov, justifiant pleinement sa sélection à Un Certain Regard. Difficile de ne pas s’attacher au duo de protagonistes, qui expriment beaucoup de choses en peu de mots ; le cinéaste arrive à nous faire aimer ces deux personnages malgré leurs décisions parfois contestables, en les filmant avec une grande empathie. Idem pour certains personnages secondaires, parfois simples croquis, mais qui arrivent à exister en quelques instants. La simplicité de l’ébauche des personnages fait du bien à voir, pendant que d’autres films du Festival souffrent de remplissage. Sans aucuns dialogues superflus, on passe du rire au larme.

Simplicité aussi dans la réalisation, tout du moins en apparence : fait de plans assez longs, le cinéaste soigne ses cadres, et fait parfois surgir l’absurde des situations mises en scènes. Absurde n’est pas un terme choisi au hasard : cité dès le titre, Albert Camus est lu par Saltanat et Kuandyk. Non seulement ce dernier est plus ou moins un Meursault Kazakh, tant dans sa personnalité que dans une partie de son périple, mais l’absurde surgit aussi des décisions qu’il doit prendre, du fonctionnement de la justice nationale, ou encore du comportement de certains personnages.

Conclusion

Libre adaptation de Camus, délocalisé au Kazakhstan, La tendre indifférence du monde est donc de ces films réalisés avec très peu de moyens, mais plein de fougue et d’envie de cinéma, peuplé par des personnages attachants. On ne peut pas en dire autant de toutes les autres œuvres de la compétition …

 

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