Normandie nue
France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Philippe Le Guay
Scénario : Victoria Bedos, Olivier Dazat, Philippe Le Guay
Acteurs : François Cluzet, François-Xavier Demaison, Julie-Anne Roth
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h49
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 janvier 2018
Date de sortie DVD/BR : 16 mai 2018
Au Mêle sur Sarthe, petit village normand, les éleveurs sont touchés par la crise. Georges Balbuzard, le maire de la ville, n’est pas du genre à se laisser abattre et décide de tout tenter pour sauver son village… Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, soit de passage dans la région. Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun normand n’est d’accord pour se mettre à nu…
Le film
[3/5]
Depuis de nombreuses années maintenant, Philippe Le Guay est parvenu à s’imposer comme un des grands artisans français d’un certain cinéma populaire « à l’ancienne ». A ce titre, on pourra, peut-être à tort, le cataloguer au sein d’un certain registre, aux côtés de cinéastes tels que Pascal Thomas ou Jean Becker, comme les représentants d’un cinéma de qualité française dont les œuvres semblent avant tout destinées à un public de « séniors », et dont les ambitions formelles surpassent rarement celles d’un téléfilm tourné pour France 3. Qu’à cela ne tienne cependant – son dernier long-métrage en date, Normandie nue, est une œuvrette qui a, tout comme ses films précédents, parfaitement su trouver son public dans les salles (presque 600.000 entrées tout de même !) et qui ne déstabilisera à priori pas trop les amoureux de son cinéma. Car malgré son sujet « sulfureux » en apparence, cette comédie paysanne est avant tout une nouvelle occasion pour le réalisateur / scénariste de constater une nouvelle fois à quel point la France contemporaine va à vau-l’eau, et à quel point tout était beaucoup mieux avant, ma bonne dame.
Que cela soit dans la société, qui laisse ouvertement crever ses agriculteurs, dans l’Art, qui n’est décidément plus ce qu’il était (« le numérique a tué l’argentique », ça c’est de la prise de position gonflée et originale, dites donc !), mais aussi en ce qui concerne la bouffe, les petits commerces, la circulation, le stress au boulot… Normandie nue fait donc partie de ces films une gentiment réac et populistes à tous points de vue, mais qui développent un attachant côté champêtre, en partie grâce au besoin de dépaysement et de retour aux sources dont font preuve pas mal de français de nos jours. Et au final, on aura du mal à se montrer trop sévère à l’encontre de cette agréable petite comédie, malgré ses nombreuses faussetés, que cela soit dans le ton général de l’entreprise ou dans le jeu des acteurs non professionnels sélectionnés sur place par Philippe Le Guay. Et il faudra tout de même reconnaitre que la belle photo du film, signée Jean-Claude Larrieu (dont la carrière va de Pedro Almodovar à Jean Becker, en passant par Joséphine ange gardien), place tout de même le film largement au-dessus du simple téléfilm produit par et pour la télévision publique. Sympathique !
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc M6 Vidéo qui édite aujourd’hui le Blu-ray de Normandie nue. Et comme souvent avec l’éditeur, le master est de très belle qualité : le piqué est d’une précision absolue, la définition est sans accroc, les couleurs fortement saturées en envoient plein les mirettes des spectateurs, et les noirs s’avèrent denses et profonds : le rendu est sec, tranchant et violemment beau. Un sans-faute absolu, définitivement entériné par la présence d’une bande-son mixée en DTS-HD Master Audio 5.1, faisant preuve d’un étonnant dynamisme, avec une très intéressante spatialisation des effets d’ambiance – on n’est certes ni chez Michael Bay ni dans un concert de rap (c’est beaucoup plus calme du côté du caisson de basses), mais le rendu acoustique fait preuve, dans son genre, d’une grande efficacité.
Côté suppléments, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on commencera avec un très intéressant making of nous permettant de juger de la bonne ambiance régnant sur le tournage, et nous donnant le loisir d’écouter s’exprimer François Cluzet, Philippe Le Guay mais également quelques-uns des acteurs amateurs auxquels le cinéaste a donné leur chance. On trouvera ensuite une série de scènes coupées, pour la plupart tout à fait sympathiques et probablement écartées du montage final pour de simples raisons de rythme. On terminera le tour du propriétaire par une galerie dédiée aux projets d’affiches ; c’est très intéressant de voir ce que peuvent créer les graphistes à partir d’une sélection finalement pas si importante de photos d’exploitation.