Est-ce une première dans un grand festival de cinéma ? Deux femmes remportent les deux plus grands prix remis aux longs-métrages lors de la 68ème édition du Festival de Berlin, et une autre gagne l’Ours d’or du court-métrage ! Un sacré exploit, comme on n’en voit pas souvent.
C’est la roumaine Adina Pintilie (aucun lien avec le cinéaste Lucian) qui obtient l’Ours d’or du meilleur film avec Touch Me Not, diffusé le dernier jour, ce vendredi alors que la Team CritiqueFilm était déjà bien rentrée dans ses pénates.
Le synopsis officiel est mystérieux : «Dis-moi comment tu m’as aimée pour que je sache comment aimer. Une cinéaste et ses personnages s’aventurent ensemble dans une recherche personnelle sur l’intimité. À la frontière fluide entre réalité et fiction, Touch me not suit les parcours émotionnels de Laura, Tómas et Christian, livrant une vision profondément empathique de leur vie. Cette soif d’intimité pourtant les effraient, mais ils travaillent à vaincre les vieux schémas, les mécanismes de défense et les tabous pour couper le cordon et enfin s’en libérer. Touch me not s’attache à comprendre comment on peut atteindre l’intimité de manières totalement inattendues, comment aimer l’autre sans se perdre soi-même».
On espère être autant séduit que le jury quand/si le film sort en salles en France, un tel prix devrait aider. Elle réussit un joli doublé en remportant également le prix du premier film. Rappelons qu’aucun film n’a effectué ce même exploit à Cannes, seul Steven Soderbergh remportant une Palme d’or pour ses débuts, mais sans obtenir la Caméra d’or.
Rappelons au passage qu’Adina Pintilie succède à une autre réalisatrice, la hongroise Ildikó Enyedi avec Corps et Âme. Avant elles, d’autres femmes ont remporté ce trophée : la hongroise Márta Mészáros (Adoption, 1975), la russe Larisa Shepitko (L’Ascension, 1977), la bosniaque Jasmila Žbanić (Sarajevo, mon amour, 2006) et la péruvienne Claudia Llosa (Fausta, 2009).
Lauréate de l’ours d’argent, la polonaise Małgorzata Szumowska est une habituée des salles de la Potsdamer Platz. Avec Aime et fais ce que tu veux en 2013, le récit du coming out progressif d’un prêtre gay, elle remporte le Teddy Award et avec Body en 2015, le prix de la mise en scène. Coïncidence amusante, elle partageait ce dernier prix avec un cinéaste roumain, Radu Jude (Aferim).
La France est représentée par le prix d’interprétation masculine remis au jeune Anthony Bajon pour La Prière de Cédric Kahn qui sort le 21 mars. Encore méconnu, il a débuté en 2015 et on a pu le voir dans Les ogres, Rodin et Maryline où il jouait le rôle du frère du rôle-titre.
Le palmarès complet
Les prix du jury officiel
- Ours d’or du meilleur film : Touch me not de Adina Pintilie (Roumanie)
- Ours d’argent – Grand prix du jury : Mug de Małgorzata Szumowska (Pologne)
- Ours d’argent de la mise en scène : Wes Anderson pour L’Île aux chiens (Etats-Unis)
- Ours d’argent du meilleur acteur : Anthony Bajon pour La Prière (France)
- Ours d’argent de la meilleure actrice : Ana Brun pour Las Herederas (Paraguay)
- Ours d’argent du meilleur scénario : Manuel Alcalá et Alonso Ruizpalacios pour Museo (Mexique)
- Prix Alfred-Bauer, remis à «un film qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique ou offre une vision esthétique novatrice et singulière» : Las Herederas de Marcelo Martinessi
- Ours d’argent de la meilleure contribution artistique : Elena Okopnaya pour les décors et les costumes de Dovlatov d’Alexey German Jr (Russie)
Les prix des autres jurys
- Prix du documentaire : Waldheims Walzer de Ruth Beckermann (Allemagne) (critique)
- Mention spéciale documentaire : Ex-paje de Luiz Bolognesi (Brésil)
- Prix du premier film : Touch Me Not
- Mention spéciale du premier film : An Elephant Sitting Still de Hu Bo (Chine)
- Ours d’or du court-métrage : The Men behind the wall d’Ines Moldavsky (Israël)
- Ours d’argent du court-métrage : Imfura de Samuel Ishimwe (Suisse, Rwanda)
- Prix Audi Short du court métrage : Solar Walk de Reka Bucsi (Danemark)
Les Prix Fipresci (critique internationale)
- Compétition : Las Herederas
- Panorama : River’s Edge d’Isao Yukisada
- Forum : An Elephant Sitting Still