Critique : Oh Lucy ! (Deuxième avis)

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Oh Lucy !

Japon, Etats-Unis : 2017
Titre original : –
Réalisation : Atsuko Hirayanagi
Scénario : Atsuko Hirayanagi, Boris Frumin
Interprètes : Shinobu Terajima, Josh Hartnett, Kaho Minami 
Distribution : Nour Films
Durée : 1h35
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 31 janvier 2018

3.5/5

 Oh Lucy ! est le premier long métrage de la réalisatrice Atsuko Hirayanagi, une japonaise qui a fait ses études de cinéma à Singapour, dans la « NYU Tisch School of the Arts Asia », et qui vit aujourd’hui à San Francisco. Son court métrage de fin d’étude avait également pour titre Oh Lucy ! et a rencontré un grand succès dans de nombreux Festival, y compris celui de Cannes en 2014. Dans son long métrage, la réalisatrice a souhaité donner un prolongement à l’histoire racontée dans le court métrage. Oh Lucy ! faisait partie de la sélection de la Semaine Internationale de la Critique lors du dernier Festival de Cannes.

Synopsis : Setsuko mène une vie solitaire et sans saveur à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu’à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre sa place à des cours d’anglais très singuliers. Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko. Affublée d’une perruque blonde, elle s’appelle désormais Lucy et s’éprend de John son professeur ! Alors, quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa sœur, dans une quête qui les mène de Tokyo au sud californien. La folle virée des deux sœurs, qui tourne aux règlements de compte, permettra-t-elle à Setsuko de trouver l’amour ?

Une proposition qui peut bouleverser une vie

Coproduction américano-japonaise, Oh Lucy ! voit son action débuter au Japon puis se diriger vers la Californie. Setsuko, le personnage principal, est une femme célibataire dans la quarantaine, absolument sans histoire : le genre de femme métro-dodo-boulot dont on n’imagine pas une seconde qu’elle puisse devenir l’héroïne d’un roman ou d’un film. Sauf qu’un jour, sa nièce Mika va lui proposer de la remplacer dans un cours d’anglais qu’elle veut interrompre. Une proposition qui va profondément changer l’existence de Setsuko. En effet, cela va l’amener à rencontrer John, le professeur d’anglais, lequel va l’affubler d’une perruque blonde et lui donner un autre nom, Lucy. Autre rencontre à ce cours : Komori, un veuf que John va appeler Tom. De fil en aiguille, Setsuko/Lucy va se retrouver en Californie avec sa sœur Ayako, la mère de Mika, cette dernière s’étant éclipsé là-bas en même temps que John.

 

Comédie ? drame ? Japonais.e ? américain.e ?

Dans la production japonaise qui parvient jusqu’à nos salles, il est très rare de trouver des comédies. Oh Lucy ! n’est pas à proprement parler une comédie mais c’est un film où il arrive qu’on rit. En plus, Oh Lucy !, coproduction américano-japonaise, n’est pas vraiment un film japonais, même si la réalisatrice et la plus grande partie du casting sont originaires du pays du soleil levant. En fait, on le devine au travers de tous ces détails, Oh Lucy ! est vraiment un film à part, un film déroutant, dans lequel on sent que la réalisatrice a souhaité s’exprimer sur un grand nombre de sujets. C’est ainsi qu’on rencontre des scènes « satellites », sans rapport avec la colonne vertébrale du scénario, mais qui permettent à Atsuko Hirayanagi d’exprimer un avis. Par exemple, cette scène dans laquelle on voit un suicide solitaire, avec un homme qui se jette sous un train, suivie d’une scène dont la réalisatrice souhaite sans doute qu’elle soit considérée comme la représentation d’un suicide collectif : un grand nombre de personnes tirant de concert sur leurs cigarettes.

Il n’empêche : le cœur du film, ce sont les différences entre le Japon et les Etats-Unis, entre le comportement en société des japonais et celui des américains. Persuadée que le fait de s’exprimer dans une autre langue que la sienne peut presque arriver à vous faire devenir une autre personne, Atsuko Hirayanagi joue avec le changement de nom de Setsuko et avec son apprentissage de l’anglais pour en faire une femme différente, plus extravertie, plus sûre d’elle, prête, à l’américaine, à exprimer des sentiments. Un changement qui permet à Atsuko Hirayanagi d’aborder aussi d’autres sujets comme l’amour et la jalousie.

Des circonstances heureuses

D’heureux concours de circonstance ont fait que, pour son premier long métrage, Atsuko Hirayanagi a pu avoir accès à des comédiens japonais de grande réputation, tels Shinobu Terajima, Ours d’argent de la meilleure actrice pour Le soldat dieu au Festival de Berlin de 2010, et qui est ici l’interprète de Setsuko / Lucy, ou Koji Yakusho (Mémoires d’une Geisha, Babel, L’anguille, …), pour le rôle de Komori / Tom. Quant à Josh Hartnett, l’interprète de John, il a été casté via une agence mais la réalisatrice l’avait en tête dès le début, attirée par le fait qu’il avait fait une pause dans sa carrière pour voyager en quête de spiritualité.

Conclusion

Voilà un film qui reflète parfaitement la double culture dont Atsuko Hirayanagi peut se prévaloir : la culture japonaise et la culture américaine. Il est possible que, résidant aujourd’hui à San Francisco, ses prochains films oublient la part japonaise de sa personnalité. Raison de plus pour s’intéresser dès maintenant à ce film si particulier qu’est Oh Lucy !, tout à la fois drôle et dramatique.

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