Test Blu-ray : Coffret Marx Brothers (1929-1933)

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Si on a parfois tendance à l’oublier, les « Marx Brothers » ayant fait la joie des cinéphiles à partir de la fin des années 20 n’étaient à la base pas uniquement composés de Groucho, Harpo et Chico mais également de Zeppo et Gummo, qui ont au fur et à mesure abandonné la troupe, dont la puissance comique « principale » était de toute façon composée du trio resté dans toutes les mémoires. Si Gummo avait déjà quitté les Marx Brothers à la fin de la Première Guerre mondiale pour faire son service militaire et n’est de ce fait jamais apparu devant la caméra, Zeppo en revanche apparaît bel et bien dans les premiers films de la fratrie la plus folle des années 30.

Cette année, grâce aux efforts d’ESC Editions, éditeur que l’on suit et qu’on aime beaucoup au sein de la section DVD / Blu-ray de critique-film, vous aurez la possibilité d’offrir ou de vous faire offrir un coffret Blu-ray réunissant les cinq premiers films des Marx Brothers (autrement dit probablement les plus fondamentaux), tournés au rythme d’un par an de 1929 à 1934, pour le compte de la Paramount.

 

 

Noix de coco


États-Unis : 1929
Titre original : The cocoanuts
Réalisation : Robert Florey, Joseph Santley
Scénario : Morrie Ryskind
Acteurs : Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h36
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 7 mars 1930
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2017

 

 

L’hôtel Coconut ne fait plus recette. Le patron invente mille prétextes pour ne pas payer ses salariés, et tente même de vendre aux enchères des terrains marécageux. Deux escrocs débarquent à l’hôtel. Un vol de bijoux va semer la panique…

 

 

L’explorateur en folie


États-Unis : 1930
Titre original : Animal crackers
Réalisation : Victor Heerman
Scénario : Morrie Ryskind
Acteurs : Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h37
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 5 décembre 1930
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2017

 

 

A son retour d’une expédition en Afrique, le célèbre explorateur Geoffrey T. Spaulding est convié à passer le week-end dans la demeure de la richissime Mme Rittenhouse. De nombreux invités sont présents. Rapidement, le week-end dégénère…

 

 

De leurs vrais noms Julius (Groucho), Adolph (Harpo), Leonard (Chico), Milton (Gummo) et Herbert (Zeppo), les frères Marx ont tout d’abord acquis leur popularité sur les planches de Broadway. Fort logiquement, leurs deux premiers longs-métrages étaient des adaptations de leurs pièces, Cocoanuts (Noix de coco, 1929) et Animal crackers (L’explorateur en folie, 1930).

De façon assez surprenante, Noix de coco appartient au genre de la comédie musicale, le récit farfelu imaginé par les frères Marx étant ponctué de numéraux musicaux chantés et dansés. Du côté des vannes, balancées sur un rythme très soutenu, ce sont surtout Harpo et Groucho qui tirent la couverture à eux, Chico étant plus discret qu’il ne le sera dans les films suivants ; les dialogues sont enlevés (Groucho tire évidemment déjà son épingle du jeu), et donnent un peu de pep’s à une mise en scène complètement statique. La légende voudrait que, mécontents du résultat, les frères Marx proposèrent de racheter les droits du film afin d’en brûler tous les négatifs. Groucho déclarera d’ailleurs quelques années plus tard avec le sens de la formule qu’on lui connait que l’un des deux metteurs en scène (le français exilé aux Etats-Unis Robert Florey) ne comprenait pas l’anglais et riait tout le temps, tandis que l’autre (Joseph Santley) ne comprenait tout simplement pas Harpo.

L’explorateur en folie est également loin d’être mis en scène de façon sophistiquée, le réalisateur Victor Heerman se contentant en réalité de poser sa caméra et de suivre les frères Marx laisser libre cours à leur cabotinage outrancier et jubilatoire entre deux numéros musicaux. Une nouvelle fois, Groucho balance de grosses blagues vachardes à Margaret Dumont, déjà présente dans le film précédent, et qui sera fidèle aux Marx Brothers tout au long de leur carrière au cinéma. La mécanique du rire est désormais bien installée et tourne à plein régime, le film enchaînant les numéros délirants et absurdes, étirant et faisant même trainer quelques vannes au-delà de toute limite raisonnable. Le débit de Groucho est d’ailleurs tel que les sous-titres français peinent à en restituer l’impact – mais c’est une constante dans leur carrière : le sous-titrage ne joue généralement pas en faveur de ses punchlines assassines. Entre digressions absurdes et véritables morceaux d’anthologie tirant, grâce à Harpo surtout, vers une certaine poésie, L’explorateur en folie s’impose comme le premier vrai coup de génie des Marx Brothers, au cœur duquel ils commencent à déployer toute leur verve destructrice et, n’ayons pas peur des mots, volontiers subversive.

 

 

Monnaie de singe


États-Unis : 1931
Titre original : Monkey business
Réalisation : Norman Z. McLeod
Scénario : S.J. Perelman, Will B. Johnstone
Acteurs : Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h17
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 29 octobre 1931
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2017

 

 

Passagers clandestins sur un paquebot de luxe, les Marx Brothers sont poursuivis par le capitaine du navire, bien décidé à les mettre aux fers. Deux d’entre eux sont engagés par un gangster qui se trouve à bord. Son rival recrute les deux autres. Un vent de folie gagne la croisière…

 

 

Plumes de cheval


États-Unis : 1932
Titre original : Horse feathers
Réalisation : Norman Z. McLeod
Scénario : S.J. Perelman, Will B. Johnstone, Bert Kalmar, Harry Ruby
Acteurs : Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h08
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 octobre 1932
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2017

 

 

Quincy Adams Wagstaff est nommé président d’une célèbre université Ses méthodes sont pour le moins inhabituelles. Il souhaite mettre sur pied une équipe de football capable de battre enfin l’université rivale. Tous les moyens seront bons pour parvenir à ses fins…

 

 

La soupe au canard


États-Unis : 1933
Titre original : Duck soup
Réalisation : Leo McCarey
Scénario : Bert Kalmar, Harry Ruby
Acteurs : Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h08
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 2 mars 1934
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2017

 

 

Le petit État de Freedonie traverse une crise économique. La richissime Mme Teasdale accepte de renflouer les caisses à une condition: son ami Rufus T. Firefly doit être nommé premier ministre. La politique mise en œuvre par Firefly est délirante, adoptant les mesures les plus incohérentes…

 

 

Après ces deux films à la mise en scène finalement très théâtrale qui peuvent être aujourd’hui considérés comme des « galops d’essai », les Marx Brothers se consacreront essentiellement au cinéma, et leur cinéma connaitra une indéniable évolution, notamment dans la caractérisation des personnages, d’avantage « pensés » pour le cinéma. Cette période et les trois films qu’ils tourneront pour Paramount entre 1931 et 1933 seront d’ailleurs souvent considérés (même si l’on aura le droit de se régaler également de leurs films tournés après) comme l’apogée de leur style et de leur carrière. Probablement stimulés par ce médium nouveau pour eux et par le fait que la Paramount leur laisse faire à peu près tout ce qu’ils veulent, ils signeront coup sur coup trois films remarquables, comptant à coup sûr parmi les meilleures comédies de toute leur carrière.

Monnaie de singe est donc leur tout premier film réalisé à Hollywood (et non à New York), ainsi que le premier qui fut écrit à 100% pour le cinéma. Disposant de moyens nettement plus importants, ils exploiteront à fond le décor du bateau sur lequel prend place le film, le rythme est trépidant, les interactions entre les frères bien pensées, les poursuites et les bons mots se suivent à une cadence infernale et même Zeppo, habituellement plutôt à l’arrière-plan, hérite d’un rôle un peu plus important qu’à l’accoutumée. On notera d’ailleurs un attachement plus important que précédemment à faire vivre jusqu’aux personnages secondaires, habilement utilisés afin de faire rebondir l’intrigue. La mécanique est parfaitement huilée, on rit beaucoup et il est quasiment impossible de s’ennuyer : que demande le peuple ?

Leur film suivant, Plumes de cheval, s’impose rapidement comme nettement moins structuré, laissant libre cours à la folie destructrice de la fratrie sur une intrigue pour le moins décousue. C’est dommage, dans le sens où le point de départ du film –Groucho nommé à la tête d’une fac– aurait pu / du nous livrer au final une comédie déviant vers la comédie « sportive », articulée autour d’un match de football américain. Néanmoins, l’ensemble nous réserve tout de même quelques scènes assez énormes – telles que celle, impayable, de la chambre à coucher – et on notera, pour les amoureux du cinéma de Woody Allen, que la chanson « Everybody says I love you » est à l’origine tirée de ce film.

Avec La soupe au canard en revanche, les Marx Brothers touchent au génie absolu : il s’agit assurément de leur film le plus drôle et le plus délirant, mêlant les gags verbaux et visuels les plus inventifs à ceux que l’on croirait tout droit sortis de dessins animés. Les moments d’anthologie se succèdent sur un rythme fou jusqu’à un final géantissime, et leur mise en boite des despotes de tous bords est d’autant plus acérée qu’à l’époque de la sortie du film (1933), l’Allemagne tout juste vient de nommer Adolph Hitler au rang de chancelier. Subversif, provocateur, mais également complètement non-sensique par moments, le film de Leo McCarey s’avère une œuvre absolument indispensable, pétrie de gags célèbres (le miroir cassé, le running gag du marchand de limonade…), mais tirant surtout à boulets rouges sur les institutions, la justice, l’État et bien sûr plus largement le petit monde de la politique. Aussi court que particulièrement jouissif, La soupe au canard impose les Marx Brothers au sommet de leur Art. Malheureusement, l’échec public du film signifiera la fin de leur contrat avec la Paramount, et Zeppo prendra la décision de quitter le métier ; il ouvrira une agence théâtrale, qu’il gérera avec son frère Gummo. Groucho, Harpo et Chico continueront en revanche à sévir au cinéma dans huit films tournés entre 1935 et 1949.

Hors normes et volontiers subversifs, les Marx Brothers ont marqué de leur empreinte l’Histoire du cinéma, grâce à une série de films faisant la part belle à une énergie et à une créativité franchement jubilatoire. On ne saurait trop vous conseiller, si vous ne les connaissez pas déjà, de vous ruer séance tenante sur le coffret Blu-ray édité par ESC Editions, qui vous permettra de découvrir leurs cinq premiers films dans des conditions inédites.

 

 

Le coffret Blu-ray

[5/5]

En parallèle avec les beaux titres qui débarquent régulièrement dans la collection « Hollywood Legends », ESC Editions a donc pris la décision de mettre à l’honneur le cinéma des Marx Brothers avec ce superbe coffret consacré à la fratrie. Et on ne pourra que tirer notre chapeau à l’éditeur, qui nous livre sur tous les films des masters assez superbes. Les copies sont stables, le rendu HD est de toute beauté, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. La restauration Haute Définition a fait place nette, mettant au ban rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image d’une stabilité remarquable (avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences). Côté son, l’éditeur nous propose une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 mono sur tous les films, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier. On pourra également visionner les films en VF, même si cela apparaitra un peu comme un « sacrilège » pour quiconque les a déjà vu en version originale. Du beau travail éditorial.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose, outre un livre inédit de 152 pages consacré aux Marx Brothers, une passionnante présentation de chaque film signée par Yves Allion. Claires, concises, ces présentations sont l’occasion pour le journaliste de se remémorer quelques-uns des meilleures gags de chaque film, en plus de remettre chaque tournage dans son contexte historique : c’est très agréable à suivre, même si l’on n’apprendra pas nécessairement grand-chose. On retrouvera également sur le Blu-ray de La soupe au canard un très intéressant entretien avec Patrice Leconte, durant lequel le cinéaste évoque ses souvenirs d’enfance liés à sa découverte des films des Marx Brothers.

 

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