Critique : La promesse

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2007
This image released by Open Road Films shows Charlotte Le Bon, from left, Oscar Isaac and Christian Bale in a scene from "The Promise." (Jose Haro/Open Road Films via AP)

La promesse

Etats-Unis, Espagne : 2017
Titre original : The Promise
Réalisation : Terry George
Scénario :  Robin Swicord, Terry George
Acteurs : Oscar Isaac, Christian Bale, Charlotte Le Bon
Distribution : Films sans Frontières
Durée : 2h13
Genre : Drame, romance
Date de sortie : 29 novembre 2017

3/5

Coscénariste en 1993, avec le réalisateur du film Jim Sheridan, de Au nom du père, l’irlandais (du Nord) Terry George a réalisé en 1996 son premier long métrage, Some mother’s son, jamais sorti dans les salles françaises. On lui doit, en 2004, la réalisation de ce qui peut se faire de pire lorsque Hollywood s’attaque à des événements dramatiques de l’histoire récente. Le drame traité alors par Terry George, c’était le génocide des Tutsis du Rwanda, le titre du film étant Hotel Rwanda. Autant dire que lorsqu’on aborde son dernier film, La promesse, film sur le génocide arménien, on ne peut s’empêcher de craindre le pire !

Synopsis : 1914,  la Grande Guerre menace d’éclater tandis que s’effondre le puissant Empire Ottoman. À Constantinople, Michael, jeune étudiant arménien en médecine et Chris, reporter photographe américain, se disputent les faveurs de la belle Ana. Tandis que l’Empire s’en prend violemment aux minorités ethniques sur son territoire, ils doivent unir leurs forces pour tenir une seule promesse : survivre et témoigner.

Pourquoi ce film ?

Alors que le cinéma a traité à de multiples reprises et sous les formes les plus variées l’abomination qu’a été la Shoah, il n’en est pas de même pour un génocide perpétré plusieurs années auparavant, en 1915, le génocide des arméniens par les turcs. La communauté internationale s’accorde à chiffrer à environ  1 300 000 le nombre de personnes qui perdirent la vie lors de ces massacres, soit près de 80 %  de la population arménienne vivant alors en Turquie. Autant dire qu’un film relatant d’une façon ou d’une autre ces événements tragiques est forcément considéré par beaucoup, a priori, comme fort utile, tout en étant, a priori également, rejeté par ceux qui, en Turquie, continuent à nier l’existence d’un tel génocide.

Ce film, La promesse, c’est Kirk Kerkorian, un richissime homme d’affaire américain d’origine arménienne, décédé en 2015, qui l’a voulu et qui l’a financé. Restait à trouver la façon de porter ce pan de l’histoire à l’écran. Le film étant très américain, il n’est pas franchement étonnant que, dans le but de toucher le plus grand nombre de spectateurs, une histoire sentimentale soit venue se greffer sur l’argument historique proprement dit. Cette histoire sentimentale met en scène Michael, un étudiant en médecine arménien, et Chris, un journaliste américain, venu pour raconter au monde les horreurs dont il est témoin, tous deux amoureux de Ana, une jeune femme d’origine arménienne vivant en France.

Que des défauts, mais …

Si on étudie le film à la loupe, on ne peut lui trouver que des défauts, le pire étant que tous les protagonistes s’expriment en anglais (ou en français dans la VF). Ce choix de réalisation arrivait à passer du temps de Lawrence d’Arabie, dorénavant il heurte la grande majorité des cinéphiles. Il présente en plus le défaut de rendre incompréhensible certains comportements : lorsque Chris Meyers, le journaliste américain, pose une question en anglais à un fugitif arménien,  on ne comprend pas pourquoi ce dernier ne comprend pas la question puisque tout le monde, dans le film, s’exprime en anglais ! A noter quand même un effort surhumain : une prière dite en langue arménienne à la fin du film !

Quant aux invraisemblances, elles sont multiples, la plus surréaliste voyant Michael Boghosian, l’étudiant en médecine arménien, tout juste échappé d’un camp de travail forcé où des prisonniers arméniens construisent une voie ferrée dans le désert, monter en marche dans … un train rempli de prisonniers qui passait par là. Sur quelle ligne ?

Bien entendu, le film est accompagné par le genre de musique pleine de boursouflures qu’on retrouve traditionnellement dans ce genre de film, une musique composée par Gabriel Yared et que l’on n’hésitera pas à qualifier d’insupportable. Toutefois, là aussi, un effort a été effectué : il arrive à 2 ou 3 reprises qu’on entende de la musique … arménienne !

C’est un fait : on retrouve donc dans La promesse le même genre de défauts que dans Hotel Rwanda, et pourtant, allez savoir pourquoi, le plat, même s’il est franchement indigeste par moments, arrive cette fois ci à passer. Certes, on se rend bien compte qu’on est en face d’un mélodrame tire-larmes mais, même si on en a parfois un peu honte, on arrive à se laisser prendre à cette fresque historique dans laquelle on sent flotter un certain souffle épique et on marche à la narration romanesque de ce triangle amoureux. Et puis, il y a cette très belle phrase prononcée par Ana : « Notre vengeance consistera à survivre » !

Des comédiens sans lien d’origine avec leurs personnages

Comme dans Hotel Rwanda qui voyait un couple mixte hutu-tutsi être interprété par un acteur noir américain et une actrice noire britannique, aucun espoir de voir des comédiens ayant au minimum une origine arménienne interpréter les rôles de Michael et de Ana. C’est Oscar Isaac, américain aux origines guatémaltèques, et la canadienne Charlotte Le Bon qui ont été choisis. Par chance, ils ne sont pas mauvais. Dans ce film très US, on aurait pu penser que le rôle de Chris, le journaliste américain, serait tenu par un compatriote. Eh bien, non, c’est un britannique, Christian Bale, qui a été choisi ! Un britannique qui a une forte tendance à cabotiner, dommage.

Bien évidemment, il était exclu de tourner un tel film en Turquie. Pas question, donc, de faire le moindre reproche à la production à ce sujet, d’autant plus que les emplacements choisis pour le tournage donnent parfaitement le change, qu’ils soient en Espagne, au Portugal ou à Malte.

Conclusion

On s’attendait au pire, ce qu’on voit est bourré de défauts mais, cependant, il est difficile de ne pas marcher un minimum à la vision de ce mélange de mélodrame et de fresque historique ! Une certitude, toutefois : on aurait beaucoup gagné à ce que le film soit réalisé par Robert Guédiguian !

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