Le créateur de costumes John Mollo est décédé ce mercredi 25 octobre à l’âge de 86 ans. Il est devenu célèbre en signant les costumes des deux premiers volets de la saga créée par George Lucas. Il a reçu un premier oscar pour le premier épisode de La Guerre des étoiles ou, comme disent les jeunes, Star Wars – Un Nouvel espoir, puis un second pour Gandhi de Richard Attenborough, partagé avec Bhanu Athaiya.
John Mollo a bâti sa réputation grâce à sa maîtrise des uniformes militaires. Il a débuté en tant que conseiller historique sur plusieurs films de guerre ou qui comportaient des scènes de combat, dont La Charge de la Brigade Légère de Tony Richardson, Les Aventures du brigadier Gérard de Jerzy Skolimowski, Nicolas et Alexandra de Franklin J. Schaffner, Barry Lyndon de Stanley Kubrick et Zoulou, l’ultime attaque de Douglas Hickox. «Je me donnais beaucoup de mal pour m’assurer de la véracité des costumes militaires, autant dans leur conception que dans la façon dont ils étaient portés. J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement du département costumes sur les premiers tournages auxquels j’ai assistés» assurait-il lors d’une interview.
C’est grâce à la recommandation de la grande Milena Canonero, créatrice des costumes de Barry Lyndon, sollicitée avant lui mais déjà engagée sur un autre projet, qu’il fut choisi pour le premier Star Wars, son tout premier engagement en tant que chef costumier. Il n’avait jamais vu de film de science-fiction et a donc dû effectuer beaucoup de recherches. Les travaux préparatoires effectués avant son implication dans le projet lui ont donné une idée générale de ce que voulait George Lucas.
Parmi les nombreuses esquisses du directeur artistique Ralph McQuarrie, le design des Stormtrooper était déjà là, tout comme les premiers jets du casque/masque à gaz de Dark Vador, finalisé par Mollo. En ce qui concerne la répartition des tâches entre lui et McQuarrie, il précisait au site Entertainment Weekly lors de la sortie du Réveil de la Force qu’il devait ajouter les détails pratiques aux grandes lignes de son prédécesseur. «En résumé, c’était aussi naturel que de se baser sur des tableaux de l’époque lorsqu’on travaille sur un film qui se déroule au XVIIIè siècle».
«Lucas ne voulait surtout pas qu’on remarque les costumes. Il voulait qu’ils fassent vrai. Nous avons collaboré de très près. Il me disait ce qu’il attendait, j’allais faire des dessins où je mêlais mes suggestions à ses idées. Nous discutions des résultats et on faisait des progrès rapides avec cette méthode de travail d’une grande simplicité». Il résumait ainsi le concept général dans plusieurs entretiens : Lucas voulait que les méchants aient l’air fascistes et que les gentils ressemblent à des héros de westerns ou à des Marines. Ils ont également pris soin d’éviter les influences de la mode de l’époque, ce qui explique que les costumes n’ont pas l’air d’avoir trop mal vieilli depuis.
On lui doit encore les costumes de Alien, le huitième passager de Ridley Scott qui tenait à ce que les tenues soient uniformes mais reflètent la personnalité de ceux qui les portent, grâce à de simples ajouts de personnalisation (un bandana, une chemise hawaïenne, des bottes de cow-boy…), Outland de Peter Hyams, La loi des seigneurs de Franc Roddam, Greystoke et Revolution de Hugh Hudson, Le Roi David de Bruce Beresford, La Guerre d’Hanna de Menahem Golan, Cry Freedom et Chaplin d’Attenborough à nouveau, Air America de Roger Spottiswoode, Chasseur blanc, cœur noir de Clint Eastwood, Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek, Le Livre de la jungle de Stephen Sommers et Event Horizon, le vaisseau de l’au-delà de Paul W. S. Anderson. Ensuite, il ne travaillera plus que pour la télévision, remportant une citation pour la mini-série Hornblower qui lui a valu une citation aux Baftas de la télévision. Il fut nommé aux Baftas (cinéma) à quatre reprises, pour les mêmes films que ceux qui lui ont valu des Oscars ainsi que pour Alien et Chaplin.
Son frère Andrew Mollo, né en 1940, a produit, écrit et réalisé en 1964 avec Kevin Brownlow le film dystopique En Angleterre occupée (It Happened Here) qui imaginait une Angleterre sous domination nazie après la victoire des Allemands lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Stanley Kubrick avait offert des restes de pellicule du tournage de Docteur Folamour pour permettre au film d’être achevé. Preuve supplémentaire que le monde du cinéma est un petit monde, le directeur de la photo de cette œuvre rare est signée Peter Suschitzky qui sera plus tard celui de L’Empire contre-attaque.