Le cinéma russe sera de retour à Paris le mois prochain, lors du 15ème Festival du Nouveau Cinéma Russe « Regards de Russie », qui se déroulera du 8 au 14 novembre au cinéma l’Arlequin. L’endroit n’est pas choisi au hasard et au demeurant depuis de nombreuses années le centre nerveux de cette manifestation légèrement publicitaire puisque soutenu directement par le gouvernement du président Poutine. A ses débuts, la vénérable salle située entre Saint-Germain des Prés et Montparnasse s’appelait en effet le Cosmos et programmait en exclusivité les films issus de l’Union soviétique.
L’époque n’est plus du tout la même et c’est donc une sélection très variée de la production contemporaine russe qui y sera projetée pendant une semaine. L’ouverture se fera le mercredi 8 novembre avec l’un des films qui a fait couler le plus d’encre – et presque du sang – en Russie ces dernières années : la fresque historique Mathilde de Alexeï Outchitel sur l’affaire du dernier tsar avec une danseuse, attaquée par des conservateurs à cause de son contenu soi-disant blasphématoire à l’égard du régent d’abord massacré, puis béatifié. Les quinze autres films du festival reflètent à leur façon l’état d’esprit actuel en Russie, entre le ballet, le documentaire et des films de genre qui soutiennent aisément la comparaison avec leurs pendants occidentaux. Six des réalisateurs viendront présenter leurs films au public et une conférence aura lieu le samedi 11 novembre afin d’accompagner la sortie de « Cinéma russe contemporain, (r)évolutions », édité par les Presses Universitaires du Septentrion sous la direction de Eugénie Zvonkine, le premier ouvrage collectif d’envergure écrit en français consacré au cinéma russe contemporain.
La sélection officielle
20:17 de Arseni Zanine, Mikhaïl Arkhipov et Denis Chabaïev
Allume le feu de Kirill Pletniov, avec Inga Oboldina et Victoria Issakova
Arythmie de Boris Khlebnikov, avec Alexandre Yatsenko et Irina Gorbatchova
Le Bolchoï de Valéry Todorovski, avec Alissa Freindlich et Valentina Telitchkina
La Carpe dégivrée de Vladimir Kott, avec Marina Neïolova et Alissa Freindlich
Faute d’amour de Andreï Zviaguintsev, avec Mariana Spivak et Alexeï Rozine (critique)
Le Filet de Alexandra Strelianaïa, avec Youri Borissov et Maria Borovitchova
Harms de Ivan Bolotnikov, avec Wojciech Urbanski et Aiste Dirziute
Le Joyeux manège, courts-métrages d’animation du studio Soyouzmoultfilm
Mathilde de Alexeï Outchitel, avec Michalina Olszanska et Lars Eidinger [film d’ouverture]
Paradis de Andreï Konchalovski, avec Youlia Vyssotskaïa et Christian Clauss, sortie française le 15 novembre
Les Premiers sur la lune de Alexeï Fedorchenko, avec Boris Vlassov et Victoria Iliinskaïa
Rock de Ivan Chakhnazarov, avec Ivan Ivachkine et Kirill Frolov
Saliout-7 de Klim Chypenko, avec Klim Chypenko et Alexeï Tchoupov
Selle turque de Youssoup Razykov, avec Valéry Maslov et Véronika Kouznetsova
Tango balte de Pavel Tchoukhraï, avec Youlia Peressild et Rinal Moukhametov
Le cinéma Arlequin propose depuis des années des festivals de cinéma étrangers (allemand, colombien, russe etc…), pourquoi donc y voir un héritage post soviétique? Par ailleurs, si le festival Regards de Russie est bien soutenu par la ministère de la culture russe, celui du cinéma allemand est également soutenu par son équivalent allemand: pourquoi souligner son caractère « légèrement publicitaire » dans le cas russe et pas dans le cas allemand (ou colombien du reste)? Toutes les manifestations culturelles d’un pays X à l’étranger sont soutenues par les gouvernements du pays X, ce n’est pas propre à la Russie? Si?