Les sorties du 20 septembre 2017

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Il arrive assez rarement que l’avis de notre cher confrère Jean-Jacques diverge du nôtre, sans doute parce que nous affectionnons le même créneau d’un cinéma exigeant, peu importe son origine et plutôt diffusé dans les nombreuses salles art & essai en France. Cependant, notre appréciation du nouveau film de Andreï Zviaguintsev – récompensé au dernier Festival de Cannes du Prix du jury –, dont la concrétisation de notre part sous forme de critique élogieuse se fait hélas encore attendre, n’est visiblement pas partagée par lui. Bien qu’il n’atteigne pas la force du Bannissement du même réalisateur, nous y voyons néanmoins un film dur et sans concession sur le désert affectif qui sévit ces dernières années en Russie, voire dans le monde occidental dans son ensemble. Le deuxième rescapé cannois de la semaine vaut également le retour, grâce au regard sans complaisance que Jonas Carpignano jette sur le milieu des gitans italiens dans A Ciambra. Enfin, puisque les frasques cruelles du clown dans Ca de Andres Muschietti nous indiffèrent complètement, notre préférence en termes de cinéma américain va ce mercredi du côté de American Assassin de Michael Cuesta.

Les personnages féminins tirent plus leur épingle du jeu des sorties hebdomadaires que leurs pendants masculins. Ce sont en effet trois films en particulier qui abordent la condition des femmes, chez nous et ailleurs, avec une fraîcheur et une absence de sexisme des plus recommandables. Les deux contes sportifs, version fiction dans Kiss & cry de Chloé Mahieu et Lila Pinell et version documentaire dans Laetitia de Julie Talon, montrent ainsi des femmes nullement prêtes à sacrifier leur sensibilité sur l’autel du patinage artistique et de la boxe. Quant aux prisonnières iraniennes dans Des rêves sans étoiles de Mehrdad Oskouei, elles portent haut et fort la voix de la résistance contre des systèmes à la fois sociaux et politiques de plus en plus intégristes et discriminatoires. Ces trois propositions de cinéma hors des sentiers battus, et certainement bannies des écrans commerciaux des multiplexes, prolongent par conséquent la réflexion de la représentation des femmes d’aujourd’hui au cinéma d’une façon infiniment plus intelligente et nuancée que la grosse comédie française de la semaine : L’Un dans l’autre de Bruno Chiche.

Enfin, aux tourments au masculin, provoqués par un drame personnel ou bien par une crise créative, dans lesquels se morfondent respectivement Guillaume Canet dans Mon garçon de Christian Carion et Vincent Cassel dans Gauguin de Edouard Deluc, nous préférons largement cette leçon d’insubordination magistrale que reste, même plus d’un demi-siècle après sa sortie initiale, La Solitude du coureur de fond de Tony Richardson. Cette perle du cinéma britannique sera suivie, dans quinze jours, puis dans un mois, par deux films pas moins emblématiques des remous du début des années 1960, reflétés par le Free Cinema : Samedi soir dimanche matin de Karel Reisz avec Albert Finney et Un goût de miel de Tony Richardson avec Rita Tushingham.


A Ciambra de Jonas Carpignano (Italie, Drame, 1h58) avec Pio Amato, Iolanda Amato et Koudous Seihon (critique)

American Assassin de Michael Cuesta (Etats-Unis, Thriller, 1h51, distribué sur 255 copies) avec Dylan O’Brien, Michael Keaton et Sanaa Lathan

Ca de Andres Muschietti (Etats-Unis, Horreur, 2h15, distribué sur 352 copies) avec Bill Skarsgard, Finn Wolfhard et Javier Botet

Des rêves sans étoiles de Mehrdad Oskouei (Iran, Documentaire, 1h16, distribué sur 20 copies)

Dieu n’est pas mort de Harold Cronk (Etats-Unis, Drame religieux, 1h53) avec Kevin Sorbo, Shane Harper et David White

Faute d’amour de Andreï Zviaguintsev (Russie, Drame, 2h08, distribué sur 103 copies) avec Marianna Spivak, Alexeï Rozine et Matvei Novikov (critique)

Gauguin de Edouard Deluc (France, Biographie filmique, 1h42, distribué sur 224 copies) avec Vincent Cassel, Tuhei Adams et Malik Zidi

Les Hommes d’argile de Mourad Boucif (Maroc, Guerre, 1h46) avec Magaly Solier, Miloud Nasiri et Tibo Vandenborre

Kiss & cry de Chloé Mahieu et Lila Pinell (France, Comédie dramatique, 1h18, distribué sur 30 copies) avec Sarah Bramms, Xavier Dias et Dinara Droukarova

Laetitia de Julie Talon (France, Documentaire, 1h20)

Mon garçon de Christian Carion (France, Drame, 1h27) avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent et Olivier De Benoist

La Mort se mérite de Nicolas Drolc (France, Documentaire, 1h37)

L’Un dans l’autre de Bruno Chiche (France, Comédie, 1h25) avec Louise Bourgoin, Stéphane De Groodt et Aure Atika

Reprise

La Solitude du coureur de fond (1962) de Tony Richardson (Royaume-Uni, Drame carcéral, 1h45) avec Tom Courtenay, Michael Redgrave et James Fox

https://youtu.be/ovz8mu5YcFY

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