Otez-moi d’un doute
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Carine Tardieu
Scénario : Carine Tardieu, Michel Leclerc, Raphaële Moussafir
Acteurs : Cécile de France, François Damiens, André Wilms, Guy Marchand
Distribution : SND
Durée : 1h40
Genre : comédie, drame
Date de sortie : 6 septembre 2017
4.5/5
Il arrive parfois qu’à Cannes, parmi la kyrielle de films présentés dans les diverses sélections, il y en ait un qui fasse l’unanimité dans la louange. Parfois, mais rarement : arriver à convaincre les critiques les plus pointus et l’ensemble des cinéphiles moyens n’est pas chose facile. Cette année, un film a réussi cet exploit : Otez-moi d’un doute, une comédie d’une grande subtilité réalisée par Carine Tardieu et sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs. Un film à la fois drôle et émouvant, le genre de film pour lequel on a envie d’écrire : « si vous n’allez qu’une fois au cinéma cette année, allez voir Otez-moi d’un doute ! ».
Synopsis : Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père.
Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d’adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…
Une situation qui peut paraître plombante !
Il suffit souvent d’un événement anodin pour bouleverser une existence : par exemple, le fait qu’un test génétique familial doive être organisé, votre fille étant déjà bien avancée dans sa grossesse alors que votre famille a déjà présenté des cas d’une maladie génétique. Verdict de cette batterie de tests : votre père, celui qui vous a élevé, n’est pas votre père biologique. Voilà ce qui arrive à Erwan, un démineur travaillant et habitant en Bretagne. Que faire lorsqu’on vous assène une telle nouvelle ?
Certes Erwan ressent beaucoup d’affection pour Bastien, l’homme qu’il a appelé papa, l’homme qui l’a élevé, mais il aimerait bien savoir qui est son véritable père. D’où l’embauche d’une détective privée qui va finir par désigner Joseph, un homme très engagé politiquement et qui donne à ses chiens des noms d’odieux dictateurs dans le seul but de pouvoir leur ordonner « aux pieds Ceausescu » ou « aux pieds Pinochet ». Erwan va donc devoir gérer la situation embarrassante consistant à avoir deux pères. Toutefois, une autre situation, encore plus embarrassante, lui tombe dessus simultanément : Anna, la très charmante jeune femme dont il est en train de tomber amoureux et réciproquement, n’est autre que la fille de Joseph et serait donc sa demi-sœur !
Pourquoi pas une comédie !
A priori, on pourrait penser qu’il est difficile de prendre à la légère la situation face à laquelle se trouve ce pauvre Erwan ! La paternité, les rapports entre un fils et un premier père, puis un second père, l’amour interdit : que du lourd ! Mais, d’un autre côté, pourquoi ne pas traiter cette situation sous la forme d’une comédie à la fois drôle et émouvante et qui traiterait le sujet en mélangeant subtilement gravité et légèreté ? Carine Tardieu, déjà auteure de deux comédies décalées, La tête de maman et Du vent dans mes mollets, et qu’on imaginait plutôt spécialisée dans les rapports mère / fille, avait en tête depuis longtemps de « passer au père » lorsqu’un ami breton lui a narré sa propre histoire, celle d’un homme qui, à la mort de sa mère, apprend que son père n’est pas son père.
Avec l’aide de Michel Leclerc (le talentueux réalisateur de Le nom des gens et de La vie très privée de Monsieur Sim) et de Raphaële Moussafir (l’auteur de Du vent dans mes mollets), ses deux co-scénaristes, Carine Tardieu a développé cette histoire, gardant le cadre de la Bretagne, faisant de Erwan un démineur, père d’une jeune femme célibataire et enceinte, et de Bastien un ex patron de chalutier, créant le personnage particulièrement important de Anna ainsi qu’un certain nombre de personnages secondaires, tous très bien caractérisés et apportant, chacune et chacun, leur petite pierre à un édifice fictionnel particulièrement savoureux.
Un duo éblouissant
C’est en Belgique que Carine Tardieu est allée trouver les deux superbes comédiens dont elle avait besoin pour interpréter les rôles d’Erwan et d’Anna. Une fois de plus, François Damiens excelle dans un rôle pourtant a priori difficile, celui d’un homme montrant beaucoup de force et de sang-froid dans son métier et pas mal de fragilité dans sa vie sociale et sentimentale. Quant à Cécile de France, elle n’a jamais été mauvaise, ni même médiocre, mais là, elle est tout simplement exceptionnelle dans un rôle de femme n’ayant pas froid aux yeux et qui sait ce qu’elle veut. Une comparaison peut s’imposer : celle qu’on peut faire avec l’immense Katharine Hepburn, tout simplement ! Autour d’eux, les seconds rôles sont tenus (et bien tenus !) par Guy Marchand qui joue Bastien, André Wilms qui joue Joseph, Alice de Lencquesaing qui joue Juliette, la fille d’Erwan, plus Estéban, interprète de Didier, un trentenaire particulièrement fantasque, Sam Karmann, le généticien et Brigitte Roüan, la détective.
Conclusion
Il faudrait indéniablement une sacrée dose de mauvaise foi pour prétendre être resté insensible face à Otez-moi d’un doute, un film dans lequel on passe très souvent, en l’espace de quelques secondes, du rire venant de situations ou de répliques particulièrement comiques à une émotion authentique, absolument pas surjouée. François Damiens est excellent, Cécile de France n’a jamais été aussi pétillante ! Sans l’ombre d’une hésitation : LE film de la rentrée.
oui, bon film ! Mais quelle est sa fin, après le résultat des tests ADN apporté par le médecin sensé le commenter mais qui, finalement, repart sans un mot à Erwan et Anna qui s’en empare ?
Superbe interprétation !
Merci de m’informer de la fin de ce film.