Test DVD : La reine des montagnes

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La reine des montagnes


Kirghizistan : 2014
Titre original : Kurmanjan Datka
Réalisation : Sadyk Sher-Niyaz
Scénario : Sadyk Sher-Niyaz, Bakytbek Turdubaev, Sultan Raev
Acteurs : Elina Abai Kyzy, Nasira Mambetova, Aziz Muradillayev
Éditeur : Rimini Editions
Durée : 2h11
Genre : Action, Histoire, Biographie, Drame
Date de sortie cinéma : –
Date de sortie DVD : 4 juillet 2017

 

 

Synopsis : 19ème siècle, Asie centrale. Issue d’une famille pauvre, la jeune Kurmanjan s’enfuit pour échapper à un mariage forcé. Elle tombe amoureuse d’un chef de guerre local, qui sera assassiné par ses rivaux. Poussée par les amis de son mari et par son amour pour son peuple, la jeune femme devient « la reine des montagnes », une redoutable guerrière et une dirigeante sage et respectée…
 


 

Le film

[3.5/5]

Si nous, européens, avons eu vent, que ce soit à l’école, durant les cours d’histoire, ou au travers de films qui leur furent consacrés, des conflits qui, dans les siècles passés, se sont déroulés à l’ouest du Caucase, nous n’avons en général aucune connaissance de ceux qui, à la même époque, ont embrasé les régions de l’Asie Centrale, à l’est du Caucase. Eh bien, l’homme étant ce qu’il est, il est évident que, là aussi, les périodes de paix véritable étaient des denrées rares. De ces conflits ont fini par naître des états tels que nous les connaissons aujourd’hui, des états avec des noms qui font rêver, ne serait-ce que par les saveurs exotiques qu’ils dégagent : l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, etc. C’est à une tranche de l’histoire du Kirghizistan se déroulant au 19ème siècle que s’intéresse La reine des montagnes. Il s’agit du premier long métrage du kirghize Sadyk Sher-Niyaz et, comme son titre l’annonce sans ambigüité, le sujet principal de ce film est une femme.

Cette femme, Kurmanjan Datka, née en 1811, a vraiment existé et les nombreuses rues du Kirghizistan qui portent son nom ainsi que les nombreux qualificatifs qui lui ont été attribués montrent l’importance qu’elle a eue et qu’elle a toujours auprès de ses compatriotes : La tsarine d’Alaï, La reine du sud et, bien sûr, La reine des montagnes. Comme c’est la règle dans ce genre de film, il est plus que probable qu’un certain nombre de libertés ont été prises par rapport à la vérité historique mais ce film qui embrasse presque toute l’existence de Kurmanjan (elle a vécu jusqu’à l’âge de 96 ans) a le grand mérite de nous faire connaître les moments importants de cette histoire hors du commun : son mariage avec un homme dont elle ne voulait pas et qu’elle a très vite quitté, décision très forte de la part d’une femme dans l’univers musulman de l’époque ; son remariage en 1832 avec Alymbek Datka, un chef de guerre qu’elle aimait et qui l’aimait ; un homme qui rêvait d’unifier les 40 tribus de la région du Kokand afin de créer une force capable de résister aux éventuels envahisseurs mais dont des intrigues ont conduit à son assassinat ; le transfert de pouvoir vers Kurmanjan ; les visées russes vers cette région et tout particulièrement la vallée du Fergana ; la lutte des kirghizes contre les russes ; la volonté de Kurmanjan d’arriver à une négociation honorable avec les russes, afin de préserver son peuple et leur religion ; sa force de caractère qui la voit préférer son peuple à son fils préféré, condamné à mort, en ne cherchant pas à rompre ce traité de paix pour tenter de le sauver ; sa rencontre en 1906 avec Carl Gustaf Emil Mannerheim, futur président de la Finlande, et qui prit la seule photographie d’elle  que l’on connaisse.

La saga historique que propose Sadyk Sher-Niyaz est, sur de nombreux points, une magnifique réussite cinématographique : il y a du souffle dans cette épopée, le message féministe véhiculé par le film n’a rien de négligeable, les paysages du Kirghizistan sont grandioses et particulièrement colorés, les costumes traditionnels des kirghizes étant également très riches en couleurs. Tout cela est rendu à la perfection par Murat Aliyev, le Directeur de la photographie. On sent par ailleurs que cette façon de montrer l’histoire de cette région du monde dans le courant du 19ème siècle doit être mise en perspective avec le contexte actuel et, tout particulièrement, avec le voisinage avec la Russie de Poutine. On retrouve d’ailleurs Sultan Daev parmi les scénaristes, lui qui fut un temps Ministre de la culture du Kirghizistan.

Fresque à grand spectacle racontant près d’un siècle d’histoire sur une durée dépassant à peine les 2 heures, La reine des montagnes n’évite pas certains défauts inhérents à ce genre cinématographique, le plus gênant étant la trop grande présence d’une musique qui n’a presque jamais l’excuse d’être proche de ce que le Kirghizistan peut proposer. Certes, une courte scène permet de faire connaissance avec le komuz, instrument traditionnel du pays, mais c’est vraiment juste ce qu’il faut pour donner le regret de ne pas en entendre davantage !

 

 

Le DVD

[3.5/5]

Pour commencer, on ne peut que remercier Rimini Distributions de nous permettre de voir en DVD un film qui, malgré le succès qu’il a rencontré dans de nombreux festivals, n’a pas été distribué dans nos salles. Certes, vus le grand spectacle qu’offre ce film et le côté grandiose des paysages, on peut regretter le « petit plus » qu’aurait offert la vision sur grand écran, tout en se félicitant, par contre, de pouvoir faire des retours en arrière lorsque les situations se compliquent, ce qui est parfois le cas. En tout cas, une chose est sûre, Rimini Distributions a fait de l’excellent travail en ce qui concerne la qualité de l’image, tant au niveau des couleurs que de la lumière. C’est vraiment superbe !

Concernant le son, deux possibilités pour ce film qui ne peut se voir qu’en version originale sous-titrée : Dolby 2.0 ou ou Dolby 5.1. Par ailleurs, le DVD ne propose aucun supplément : on peut regretter l’absence d’une courte « pastille » plaçant ce film dans ses contextes géographique et historique.

 

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