La forteresse cachée
Japon : 1958
Titre original : Kakushi-toride no san-akunin
Réalisateur : Akira Kurosawa
Scénario : Akira Kurosawa, Hideo Oguni, Shinobu Hashimoto, Ryûzô Kikushima
Acteurs : Toshirô Mifune, Misa Uehara, Minoru Chiaki
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h19
Genre : Aventures
Date de sortie cinéma : 27 avril 1966
Date de sortie DVD/BR : 8 mars 2017
Japon, XVIème siècle. Deux paysans un peu escrocs, Tahei et Matakishi, se retrouvent au cœur de la guerre que se livrent les clans Yamana et Akizuki. La tête de la princesse Yukihime, du clan Akizuki, est mise à prix : Tahei, Matakishi et le général Rokurota vont aider la princesse, réfugiée dans une forteresse cachée dans la montagne, à retrouver les siens…
Le film
[5/5]
Grand artisan d’un cinéma populaire sans frontières, Akira Kurosawa signait, en 1958 avec La forteresse cachée, le tout premier film tourné en cinémascope au Japon. Mais outre cette importance historique certaine, ce qui frappe surtout à la (re)découverte du film, c’est sa qualité, qui confirme à chaque vision son statut de chef d’œuvre absolu du cinéma d’aventure, imparable autant qu’incontournable : le genre de films qui s’impose de lui-même et met quasiment tout le monde d’accord, par son dosage habile d’humour et de péripéties, mêlées à une exigence narrative et technique de tous les instants – La forteresse cachée s’impose comme un classique immédiat à la manière de, par exemple, Les aventuriers de l’arche perdue, réalisé par Steven Spielberg un peu plus de vingt ans plus tard.
Véritable leçon de cinéma, le film a par ailleurs eu une influence majeure sur le cinéma mondial, dans le sens où par bien des aspects, son ombre plane sur le scénario et la mise en scène de La guerre des étoiles (George Lucas, 1978) : de l’intrigue générale aux personnages (on a ici clairement les ancêtres, de chair et de sang, de 6PO et R2D2), en passant même par les enchaînements de séquences, qui se font par des transitions en volets (un effet suffisamment rare pour être remarqué !), tout dans Star Wars rappelle La forteresse cachée – et non l’inverse ! D’une richesse et d’une perfection formelle qui fileraient des complexes à n’importe quel apprenti-cinéaste, le film de Kurosawa a donc laissé sur le Cinéma une empreinte indélébile.
Drôle, jouissif, spectaculaire et tout simplement beau, brassant une multiplicité de thèmes forts avec un humour et une modernité qui étonnent encore aujourd’hui, et à chaque nouvelle vision, La forteresse cachée serait peut-être bien, finalement, le plus grand chef d’œuvre d’Akira Kurosawa.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Wild Side a beau avoir pris du retard dans la livraison des titres de sa collection Akira Kurosawa – Les années Tōhō, les titres continuent à sortir avec régularité ; le 8 mars débarquent donc Le château de l’araignée et La forteresse cachée, dans de riches éditions Combo Blu-ray + DVD présentées dans des digibooks comprenant également chacune un livret consacré au film.
Côté image, et comme dans le cas du Château de l’araignée (lire notre test), l’éditeur nous propose un résultat globalement satisfaisant, respectant parfaitement la granulation d’origine ; malgré quelques taches et/ou poussières, l’ensemble s’avère propre et stable. Et puisque nous nous y sommes amusés dans notre test précédent, au petit jeu de la comparaison entre cette édition et celle éditée par Criterion aux États-Unis en 2014, on constatera que la copie proposée par l’éditeur français est globalement un peu plus sombre, et très légèrement moins bien définie – on constate également une petite perte d’image en haut et en bas, Criterion proposant le film au format Scope 2.40:1 (1920×800 pixels) quand Wild Side propose quant à lui un format plus resserré de Scope 2.55:1 (1920×750 pixels). Cela dit, et si l’on met dans la balance le zonage des Blu-ray Criterion, la présence de sous-titres français sur l’édition qui nous intéresse aujourd’hui et le bond qualitatif considérable entre ce Blu-ray et l’édition DVD Collector de 2006, on ne pourra que fermer les yeux sur ces menus défaut qui, de toutes façons, ne gêneront que les plus puristes d’entre nous. Du côté des enceintes, le film est proposé en V.O japonaise uniquement, et en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : les dialogues sont claires, équilibrés et sans souffle parasite. La musique tire également plutôt bien son épingle du jeu.
La section suppléments reprend les bonus de la belle édition collector du film parue chez Wild Side en 2006, encodés en définition standard. On retrouvera donc les intéressants sujets consacrés à l’utilisation du Cinémascope par le maestro Kurosawa, au Jidaï-Geki ou histoire médiévale japonaise dans l’œuvre du cinéaste, et on terminera avec un intéressant entretien avec Takashi Koizumi et Shiro Mifune, fils de l’acteur mythique. On terminera naturellement avec la traditionnelle bande-annonce.
Enfin, le coffret contient donc un livret d’environ 60 pages, contenant une analyse du film par Christophe Champclaux. Le texte est assez passionnant et révèle nombre d’anecdotes assez savoureuses, tout en proposant de nombreuses illustrations. Du beau travail éditorial !