Critique : Born to be blue

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Born to be blue

Angleterre, Canada, Etats-Unis, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Robert Budreau
Scénario : Robert Budreau
Acteurs : Ethan Hawke, Carmen Ejogo
Distribution : Kinovista
Durée : 1h37
Genre : Biopic
Date de sortie :11 janvier 2017

3/5

Synopsis officiel : Afin de lui rendre hommage, un producteur de Hollywood propose à Chet Baker, le légendaire trompettiste de jazz des années 1960, de tenir le premier rôle dans un long métrage consacré à sa vie. Pendant le tournage, Chet tombe éperdument amoureux de Jane, qui joue le rôle de son ex-femme. Malheureusement, la production est arrêtée le jour où, sur un parking, Chet est passé à tabac. Anéanti, les mâchoires fracassées, l’artiste se replie sur lui-même, et son passé ravive ses démons. Jane réussit néanmoins à le convaincre d’aller de l’avant, de rester sobre et, grâce à la musique, de regagner la reconnaissance de ses pairs.

Miles Davis et Chet Baker : deux véritables légendes du jazz, deux trompettistes qui ont disparu il y a près de trente ans. Et deux films leur étant consacré sont sortis chez nous en janvier, près d’un an après leur distribution aux Etats-Unis. En effet, il y a deux semaines sortait en France, dans une totale indifférence, et directement en vidéo à la demande, Miles Ahead, biopic de Don Cheadle consacré à Miles Davis. Et mi-janvier est sorti dans une relative indifférence aussi, mais au moins sur quelques écrans de cinéma, Born to be blue, un film consacré à Chet Baker. Ainsi les musiciens, de jazz qui plus est, semblent être moins populaires sur grand écran que des figures politiques : Neruda a connu un beau succès, aussi bien critique que public, et Jackie (aussi de Pablo Larrain) semble partir sur les mêmes rails. Mais ici nous n’allons parler ni de Miles, ni de Pablo, ni de Jackie, mais de l’unique Chet …

Let’s get lost

C’est d’ailleurs un concert devant Miles Davis qui fait partie des premières images du film. Ce qui s’apparente être un flashback (en noir et blanc) est en réalité le tournage d’un film dans lequel Chet Baker joue son propre rôle. Un rôle, le sien, qu’il nous pourra pas tenir longtemps car il se fait agresser par un homme qui était son dealer ; la mâchoire en miettes, il ne va plus pouvoir continuer de jouer. C’est ainsi à un artiste brisé auquel le long-métrage s’intéresse : il n’est pas question de mettre en image la vie de Baker, mais le creux qu’il a connu pendant un temps. Un creux dans lequel il est déjà, puisque nous le retrouvons en prison et depuis longtemps tombé dans la drogue. Difficile de ne pas penser à un autre film, sorti à la mort de l’artiste, qui retraçait la vie tumultueuse du trompettiste. En effet, en 1988 Bruce Weber sortait Let’s get lost, dans lequel s’alternaient images d’archives et témoignages de proches de Baker, ainsi que de Baker lui-même. Un, le tout dans un magnifique noir et blanc. Et il faut dire qu’on y voyait un homme à la personnalité si particulière et physiquement visible qu’il devenait un personnage de cinéma, qu’il était difficile d’oublier.

My funny Ethan Hawke

Born to be blue cependant manque cruellement d’une identité qui lui serait propre pour devenir inoubliable. Visuellement tout d’abord, avec une réalisation pas toujours inspirée et plutôt banale. Dans son scénario aussi : le film manque quelque peu de rythme. Heureusement que l’acteur principal porte le film : Ethan Hawke fait preuve ici d’un véritable rôle de composition. Il donne tout pour ressembler à Chet Baker non seulement physiquement (un gros travail est fait sur la  voix) mais aussi musicalement. Ecole américaine oblige, Hawke joue de la trompette et chante en imitant très bien le maître. Dommage que son interprétation soit au service d’un long-métrage qui se contente du minimum, et qui semble souffrir d’un budget très serré qui se ressent parfois à l’image … Cela nous laisse sur un ressenti ni formellement négatif, ni vraiment positif. Une sensation douce-amer, semblable à celle de la scène finale, qui elle est très bien exécutée et résume toute l’ambiguïté que constitue de personnage Chet Baker.

Conclusion

Born to be blue fait partie de ces films du milieu, qu’on oublie vite à cause de leur relative banalité. Dommage que le film soit un peu plat et qu’il manque d’une identité visuelle qui aurait pu le démarquer, car Ethan Hawke est impeccable dans la peau du trompettiste. 

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